Dans l’État Français, près de la moitié des habitants ne partent pas en vacances. C’est à dire que, malgré les congés payés, 40% ne partent pas plus de 3 nuits de suite en dehors de leur département au moins une fois dans l’année. Selon l’observatoire des inégalités, c’est l’inverse pour les cadres puisque 83% des cadres partent en vacances, bien plus longtemps et bien plus loin que les ouvriers. Tout d’abord, la dictature bourgeoise favorisant les bourgeois, les congés restent une décision de l’employeur qui ferme son usine quand il veut. Pour un couple, il faut que les congés tombent en même temps pour en profiter, voire partir en vacances. Pour une autre partie de la population et notamment les chômeurs et les étudiants, l’été, c’est l’occasion d’être employé à remplacer ceux qui sont en congés ou dans des emplois touristiques
Historiquement, les congés payés constituent une conquête de la classe ouvrière arrachée suite aux grèves avec occupations de 1936. C’est l’affirmation que notre vie n’est pas faite qu’à la gagner et qu’on peut recevoir un revenu y compris lorsqu’on ne travaille pas ! Les congés payés sont certes le produit d’une épargne réalisée sur notre travail annuel, mais les premiers étaient un gain sur la plus-value, non seulement parce que quand on est en congés, on ne travaille pas et donc les bourgeois n’encaissent pas de plus-value mais qu’en plus ils n’avaient pas provisionné les jours non travaillés et payés. Les congés payés constituent une juste revendication des travailleurs, non seulement parce que le travail use mais aussi parce qu’elle signifie que nous sommes pleinement des humains qui existent au-delà de leur travail.
Car avoir du temps pour soi, permet d’aller voir des amis ou de la famille et pas uniquement parce que c’est moins onéreux. Ça permet aussi de se cultiver… Mais pour partir en vacances, il faut de l’argent et quand on n’en a pas ce n’est pas facile. Donc, avec la précarité, pour les jeunes, les vacances, c’est souvent juste le chômage et la chaleur. Les parents se sacrifient pour envoyer les gamins en colo ou partir une année sur trois. Certains crèvent de chaud dans des quartiers qui manquent de verdure et dans des immeubles mal isolés. Pour ceux qui ont la chance de partir, les vacances, bien souvent, c’est aller profiter de destinations téléguidées et bondées comme Barcelone ou de Essaouira.
Sur place, les locations touristiques font exploser les loyers et de manière générale le coût de la vie dans les centres villes et ainsi en chassent les prolétaires locaux Partir en vacances est un moment rare dans nos vies, un moment où on aimerait oublier le monde dans lequel on vit actuellement, oublier qu’il faut travailler pour et sous les ordres d’un patron pour survivre. Certains cherchent ainsi l’oubli dans les drogues ou la consommation et se rêvent en bourgeois commandant des employés locaux exploités par d’autres patrons qui s’engraissent. Seulement, ce n’est pas parce qu’on s’éloigne un peu de son patron et de la subordination annuelle qu’on échappe au capitalisme.
Aujourd’hui, la bourgeoise a fait main basse sur les loisirs pour développer ses profits mais ça n’est pas une fatalité. Certains comités d’entreprises ont essayé de favoriser les départs en congés des salariés les moins payés en proposant des conditions, un angle et des destinations autres. Un organisme comme Touristra, généré par la CGT, en est d’ailleurs un vestige. En résumé, les congés payés constituent une conquête révolutionnaire des travailleurs sur les patrons qui se battent pour les reprendre d’une manière ou d’une autre. C’est l’expression de notre refus de la vie de misère même s’ils nuisent nuit aussi à d’autres prolétaires. C’est une tentative large de sortir du capitalisme sans avoir conscience de la nécessité d’en finir avec lui pour de bon.