Bella Ciao de Rémy
La chanson Bella Ciao est une chanson populaire du nord de l’Italie dont les origines sont difficiles à cerner. Mais dans le début du XXe siècle, elle se popularise dans la violente lutte de classe qui oppose les ouvriers agricoles et les paysans pauvres aux bourgeois et propriétaires fonciers, et qui se poursuit dans les usines des grandes villes. Cette lutte culmine avec le « bienno rosso », les deux années rouges ou se forment des conseils de travailleurs après la première guerre mondiale.
Les paroles que nous connaissons aujourd’hui apparaissent sous le fascisme, où les partisans antifascistes, souvent issus de la classe ouvrière, proche des communistes, et forgés par la lutte révolutionnaire, prennent les armes.
La chanson est très populaire dans toute la gauche, dans les courants progressistes et révolutionnaires européens. «Ciao » veut dire « Salut », sans savoir si l’on parle d’un départ ou d’un retour – dans la chanson originelle, on parle de la femme qui part aux rizières travailler, puis elle est interprétée différemment lors de conquêtes ouvrières limitant le temps de travail.
Beaucoup de gens ont découvert Bella Ciao dans la série La Casa de Papel, où le professeur, personnage central de la série, explique qu’il est un « résistant » au système, car il braquera la « maison du papier », la banque ou sont imprimés les billets, sans faire le moindre blessé et sans exploiter personne selon lui. Le rythme de la chanson et le refrain l’ont rendu une nouvelle fois populaire.
Rémy est un rappeur d’Aubervilliers qui à commencé à percer avec le titre « Reminem » sorti en live dans Planèterap sur Skyrock. C’est un rappeur qui se veut « old school », c’est à dire qu’il priorise les paroles sur la rythmique ou l’instrumentale. Remy parle beaucoup du quotidien de la cité où il à vécu. Étant fils d’un ouvrier à la chaîne et d’une gardienne d’immeuble, il a un point de vue prolétarien et rend un superbe hommage à la chanson originelle.
Les paroles de Rémy, entrecoupés du refrain originale et dictés sur quelques notes de piano laissant entendre la mélodie originelle, racontent l’histoire d’un braquage qui tourne mal : Ici pour prendre des tunes, pas ici pour plaire – Quand sifflent les balles, le plan devient confus -Et là, tu comprends vite que tu peux tout perdre tout en parlant en même temps des raisons du glissement dans la délinquance, et de ce qui à mené au braquage.
Pendant ce temps, le clip nous montre un Paris propre, et les ouvriers qui le font vivre. Avec les paroles, on voit le chemin vers le braquage, sensé apporter l’émancipation : Moi, la rue m’a mis qu’des feintes et des crochets – J’fais l’casse du siècle, j’paye une barraque à ma re-mè.
Les ouvriers du clip eux même semblent prêts à se révolter, un flic de la bac lui même jette son brassard au sol et refuse d’arrêter des suspects : le braquage n’est pas idéalisé en soit, il est montré comme un effet de la vie difficile des masses qui peuvent, aussi, se révolter.
Le titre Bella Ciao de Rémy est un véritable hommage à la chanson originel, le clip étant un complément parfait à la chanson. Il montre le quotidien de la classe ouvrière qui pousse à la délinquance, et à travers le clip le refus d’un quotidien souvent répétitif et difficile.
Les autres titres de Rémy parle de la vie quotidienne et valent le coup d’être écoutés pour ceux qui ne connaissent pas encore.
L’expression « old school » designe le rap simple du début des années 1980, quand il était encore confondu dans le mouvement hip hop. À l’exception de « The Message » de Grandmaster Flash (1979), les morceaux old school sont hédonistes et festifs, ou bien egotrip mais en aucun cas conscients avec des artistes comme Kurtis Blow ou Sugarhill Gang. C »est l’epoque où le rap nest encore qu’une partie du mouvement hip hop au meme titre que le graph, le DJ ou le breakdance.
Prioriser les paroles au detriment de l’instrumentale, c’est pas être « old school » mais faire du slam comme Abd el Malik ou Grand Corps Malade, un genre où seul compte le texte, avec parfois un motif musical minimaliste qui l’accompagne.