Contribution d’un lecteur de La Cause du Peuple
En 1999, ils ont demandé une intervention militaire au Kosovo, et elle a eu lieu. Elle s’est soldée par une épuration ethnique et la création d’un État totalement inféodé à l’Albanie et à l’OTAN. Mais ils étaient content, car ils avaient défendu leurs pseudo valeurs universelles.
En 2003, ils ont demandé une intervention en Irak pour lutter contre l’obscurantisme islamiste et pour défendre les valeurs universelles de démocratie à l’occidentale. L’intervention a été menée par les États-Unis qui ont mis la main sur les puits de pétrole irakiens, tué Sadam Hussein, désarmé les forces militaires irakiennes et mis en place un gouvernement pro-occidental. Ils ont totalement déstabilisé le pays, l’ont plongé dans le chaos le plus total, créé des conflits ethniques, poussé des millions de personnes dans la pauvreté et la misère, créé un terrain favorable à l’émerge de de Daesh, mais ils étaient content : le tyran Sadam Hussein était mort.
En 2011, ils ont demandé une intervention en Libye pour sauver les rebelles d’un potentiel massacre. L’intervention a eu lieu, Kadhafi est mort, la bourgeoisie française et la bourgeoisie anglaise ont mis la main sur le pétrole libyen, et maintenant c’est le chaos le plus total dans le pays. Il y a des conflits ethniques qui font des milliers de morts, les migrants subsahariens se font voler, violer, esclavager, torturer, mais ils sont content : les gardes côtes libyens empêchent les migrants de venir en Europe et le tyran Kadhafi est mort.
La même année, ils ont demandé une intervention militaire en Syrie pour chasser du pouvoir Bachar-El-Assad car, en tant que larbin de l’impérialisme russe, le fait qu’il soit au pouvoir allait à l’encontre des intérêts impérialistes français, anglais, allemands et états-uniens. L’intervention n’a pas eu lieu, alors ils ont financé et armé l’Armée Syrienne Libre, qui au fil des années est devenue une force composée en majorité des groupes djihadistes qui sur leur passage tuaient les non musulmans, vendaient les femmes en esclavage et torturaient quiconque s’opposait à eux. Mais ils étaient content : ils avaient créé une force capable de lutter contre Bachar-El-Assad et ainsi de lutter contre l’influence russe au Moyen-Orient.
En 2013, ils ont demandé une intervention française au Mali contre les forces djihadistes. L’intervention a eu lieu, des dizaines de civils sont morts dans les bombardements, des soldats français ont violé des enfants africains, le gouvernement malien a été complètement placé sous tutelle française et la présence militaire française sur place a permis de sécuriser la zone afin qu’Areva, entreprise française, continue de piller l’uranium du Niger, pays frontalier du Mali. Le ressenti des populations africaines à l’encontre de l’occupation militaire française a favorisé l’émergence et le développement de Boko Haram, et aujourd’hui la population malienne manifeste pour le départ des troupes françaises du pays, mais encore une fois ils sont content car la France a permis aux valeurs universelles de démocratie et de liberté de prospérer au Mali.
En 2013 également, ils ont demandé une intervention en Centrafrique, et elle a eu lieu. C’était la septième intervention française dans le pays depuis son indépendance en 1960. L’intervention a permis à des soldats français de violer des enfants centrafricains, comme au Mali. Depuis, le gouvernement centrafricain est inféodé à l’État français et la présence militaire française dans la région facilite l’impérialisme et notamment le pillage de ressources par des grandes entreprises françaises. Mais ils sont content : la France, en gardienne des libertés et de la démocratie, a gracieusement protégé le peuple centrafricain.
En 2014, ils ont demandé une intervention en Irak, et elle a eu lieu. Cette intervention visait à lutter contre Daesh, force djihadiste qui avait émergé en grande partie à cause du chaos laissé par la précédente intervention en Irak et par les guerres d’influence entre la Russie et les puissances occidentales sur le territoire syrien. L’intervention a tué des centaines de civils dans des bombardements d’une coalition impérialiste et a motivé des djihadistes à commettre d’horribles attentats en Irak, en Syrie, mais aussi sur le sol français, faisant ainsi payer le prix des interventions impérialistes françaises à des civils innocents. Mais ils étaient content : le pays des lumières avait fait reculer l’obscurantisme.
En 2015, ils ont demandé une intervention en Syrie contre Daesh, et elle a eu lieu. Là aussi, elle a tué des dizaines de civils et a motivé de nouveaux attentats, là bas mais aussi sur le sol français. Cette intervention a directement permis de protéger les intérêts français dans la région, dans le cadre d’une guerre d’influence entre la Russie et les puissances occidentales. L’entreprise Lafarge a ainsi pu arrêter de payer des dizaines de milliers d’euros à Daesh et continuer à exploiter les prolétaires syriens comme avant. Alors ils sont content.
Aujourd’hui, ils demandent une intervention armée dans le Nord de la Syrie contre l’intervention turque et pour « sauver les kurdes ». Pragmatiques, ils ne se sont jamais opposés aux ventes d’armes françaises à la Turquie, mais aujourd’hui ils voudraient que l’État français fournisse des armes aux kurdes pour combattre les armes turques, fabriquées en France. Ils voudraient aussi que la France entre en guerre contre les forces djihadiste de l’armée syrienne libre qui, aux côtés des forces turques, participent au massacre et à l’épuration ethnique du peuple kurde. Alors ils trouveront toutes les justifications du Monde, ils diront que le pays des lumières ne peut pas laisser se dérouler une situation pareille, qu’il doit apporter la démocratie et la liberté sur un territoire meurtri par la guerre, ils mettront même en avant des films fétichisant la population kurde, comme celui réalisé par Caroline Fourest et dont même les français ayant combattu au Kurdistan disent qu’il est rempli de clichés. Le tout en oubliant que c’est eux, il y a quelques années, qui demandaient à la France de soutenir les forces de l’armée syrienne libre. Comme à chaque fois, ils souhaitent régler les problèmes causés par l’impérialisme en ajoutant une couche de plus d’impérialisme, et ils taxent tous ceux qui refusent le principe d’une telle intervention de pro-Erdogan, comme ils les ont taxé hier de pro-Sadam Hussein, de pro-Milosevic, de pro-Daesh, de pro-Kadhafi etc. Et comme à chaque fois, une bonne partie de la gauche dite « révolutionnaire », tombe dans le panneau et soutient elle aussi la nécessité d’une telle intervention, comme si le salut des masses populaires kurdes passait par une intervention impérialiste de plus.
Cette gauche bourgeoise, et ces quelques pro-impérialistes de la gauche dite « révolutionnaire » qui aujourd’hui demandent également une intervention en Iran et au Vénézuéla ne servent que la réaction. Ils sont les alliés objectifs de l’impérialisme dans ce qu’il a de plus crasse. Ils sont incapables de comprendre que les puissances impérialistes n’interviennent jamais par philanthropie mais toujours dans une logique belliqueuse, pour s’ouvrir de nouveaux marchés, prendre le contrôle de territoires et de ressources premières. Ils sont incapables de comprendre que la principale solution à cette situation est le développement de forces radicalement anti-impérialistes et l’armement des masses populaires kurdes afin de mettre en déroute les armées impérialistes, de leur botter le cul pour les mettre hors d’état de nuire.
Du Kurdistan à Haïti, en passant par la Palestine, l’Irak, la Syrie, le Mali, la Centrafrique, la Libye, la Serbie et tous les territoires dominés, à bas l’impérialisme !