Depuis longtemps déjà les questions de santé dans les colonies françaises sont dramatiquement urgentes, les luttes sociales, notamment en Guadeloupe et en Martinique, ont toujours abordé frontalement la question sanitaire.
En effet l’État français y a attaqué la santé des masses populaires bien plus frontalement qu’en métropole : le chlordécone, pesticide ultra-nocif, a été autorisé en Guadeloupe et en Martinique pendant trois ans après son interdiction en France par décret spécial à la demande des planteurs békés et l’état du CHU de Guadeloupe, endommagé par un incendie en 2017 n’a été rénové qu’en 2019 suite à plusieurs mois de grève massive.
C’est à Mayotte cette fois que la crise sanitaire risque de frapper le plus durement. Dans une intervention dans le journal La Croix Mansour Kamardine, député LR de l’ile, annonçait que le système de santé n’y était absolument pas en état de gérer la crise avec des arguments frappants :
« Mayotte est le premier désert médical de France. Nous n’avons que 16 lits en réanimation pour 400 000 habitants, nous n’avons pas de cliniques et la médecine de ville est quasi-inexistante. »
Le député appuie sur d’autres points : le confinement ne peut pas être efficace vu la promiscuité dans laquelle vit une grande partie de la population de l’ile, l’accès aux informations est totalement impossible dans une ile où seul 5 à 10% de la population a accès à internet, de même que le télétravail et répéter aux gens de se laver les mains est inutile si ils n’ont pas accès à l’eau courante.
Le 21 mars, 11 cas avaient déjà été dépistés positifs, dont un en réanimation et deux médecins avaient été détectés comme porteurs du virus.
Les élus locaux ont demandé au gouvernement de déployer un hôpital militaire sur l’ile ou au moins de transférer les malades vers les hôpitaux de la Réunion mais toutes leurs demandes ont été rejetées, le gouvernement assume d’abandonner ses colonies.
« La direction générale de la santé a déclaré qu’il n’y aurait pas de moyens supplémentaires pour l’ensemble de l’Outre-mer » continue le député.
Le bateau coule, les colons et les riches d’abord.