Alors que la cupidité de la classe capitaliste et la volonté du patronat de continuer la production de marchandises aggrave la pandémie de Covid-19, il suffit de regarder en arrière pour voir qu’il y a 100 ans, c’étaient les guerres impérialistes qui favorisaient la propagation de la grippe espagnole.
Pire pandémie de l’époque contemporaine, la grippe espagnole a fait entre 50 et 100 millions de morts entre 1918 et 1919. Contrairement à ce que son nom laisse penser, cette épidémie n’a pas commencé en Espagne mais aux États-Unis. Elle tire son nom de « grippe espagnole » du fait que l’Espagne, non impliquée dans la guerre, a été le premier pays à publier librement des informations relatives à cette épidémie.
C’est le 4 mars 1918 dans un campement militaire du Kansas, aux États-Unis, que le premier cas de grippe espagnole est recensé. Alors que l’armée impérialiste états-unienne est engagée dans la guerre depuis 1917, c’est le déplacement massif de soldats états-uniens sur le territoire européen qui participe à répandre la maladie sur le vieux continent. En pleine guerre, et alors que des millions de soldats se déplacent partout à travers l’Europe, la pandémie se répand alors très rapidement et infecte des millions de personnes, soldats comme civils. Ses symptômes sont courbatures, douleurs musculaires et articulaires, maux de tête accompagnés de maux de gorge et toux sèche. Dans les cas les plus grave, ces problèmes respiratoires entraînent une pneumonie, souvent mortelle. Contrairement au Covid-19, la grippe espagnole a pour particularité de s’attaquer violemment à des personnes jeunes et en bonne santé.
En pleine guerre mondiale, les États capitalistes-impérialistes européens prennent vite la décision de censurer les informations relatives à l’épidémie de grippe espagnole. La raison de cette censure est simple : il faut empêcher la population d’avoir connaissance de la situation afin de continuer l’effort de guerre. En pleine pandémie mondiale, c’est donc bien le cynisme des capitalistes et des gouvernements bourgeois qui a coûté la vie à des dizaines de millions d’innocents. Insatisfaits d’envoyer à une mort quasi certaine des millions d’ouvriers et de paysans dans une guerre qui n’avait pour but que d’ouvrir de nouveaux marchés et de tester de nouvelles armes, les impérialistes ont donc sciemment caché à la population des informations pourtant fondamentales pour préserver la santé de millions de personnes. Le résultat de cette politique criminelle est la contamination en seulement deux ans de plus de 500 millions de personnes partout à travers le Monde, et la mort de dizaines de millions d’entre eux.
Alors que la première guerre mondiale a déjà tué plus de 18 millions de personnes, alors que les hôpitaux sont déjà remplis de blessés de guerre, de gueules cassées, alors que les conditions de vie au front comme à l’arrière sont déplorables pour les millions de prolétaires envoyés au combat ou obligés de travailler pour participer à l’effort de guerre, la grippe espagnole vient submerger un système hospitalier déjà très affaibli par quatre ans de guerre entre puissances impérialistes. Pendant ce temps, la guerre continue et la production continue dans les usines plutôt que de cesser le feu et prendre des mesures de confinement. Cette volonté des impérialistes de continuer à tout prix la guerre, cette volonté de continuer à tout prix la production a contribué à faire de ce virus l’une des pandémies les plus mortelles de l’histoire.
Cent ans après la grippe espagnole, et alors que nous ne sommes pas en période de guerre mondiale, le refus de certains États de prendre des mesures de confinement et la volonté des capitalistes de faire tourner les usines et les chantiers à tout prix aggrave là encore la pandémie de Covid-19. Les plus exposés sont comme toujours les prolétaires. Qu’ils soient éboueurs, aides soignants, caissiers, manutentionnaires, chauffeurs routiers, ouvriers à l’usine ou sur des chantiers ou bien encore livreurs Deliveroo, les prolétaires sont en première ligne face à la pandémie de Covid-19, ils en sont et en seront les premières victimes, car la classe capitaliste préfère voir mourir des ouvriers plutôt que de mettre à l’arrêt des usines, dont pourtant certaines ne sont absolument pas essentielles.
Que les capitalistes se méfient quand même, car l’heure des comptes viendra, car les voir compter leurs profits pendant qu’on compte nos morts nous est insupportable.