À Rouen les militants d’Extinction Rébellion pris pour cible par la répression

Depuis quelques temps, les militants d’XR Rouen font de la soupe qu’ils donnent à l’Autobus, une association de Rouen qui fait des maraudes (distribution de nourriture aux sans-abris). Cette soupe est faite avec des légumes de récup’ et une partie non-négligeable du travail militant d’XR consiste à récupérer des légumes et cuisiner.

Cette section d’Extinction Rébellion est proche des idées révolutionnaires, participants avec nos camarades à certaines activités, en particulier anti-répression.

Dans la nuit du 3 Mars trois militants (deux femmes et un homme) ont été arrêtés par la BAC alors qu’ils venaient de récupérer de la nourriture dans les poubelles d’une épicerie, situées dans la cour intérieure de celle-ci.

Quatorze heures de garde à vue après, le Comité anti-répression a pu interviewer J-B et Solène pour qu’ils nous racontent le déroulé de la soirée :

Vers 22h30 les militants sortent de la cour de l’épicerie avec six sacs de nourriture qu’ils ont récupérés, des légumes pour la soupe principalement et quelques produits alimentaires en bon état pour leur consommation personnelle. Ils montent dans leur voiture et repartent.

Entre 500m et un kilomètre plus loin une voiture de la BAC leur coupe la route. Les baceux sortent de la voiture et l’un d’eux braque son flingue sur les militants. Après avoir menotté l’un d’entre eux les flics appellent des renforts qui arrivent dans la minute, apparemment tout un dispositif avait été déployé pour coffrer ces dangereux fouilleurs de poubelles.

Après un interrogatoire sommaire sur le trottoir les flics embarquent les trois écologistes dans des voitures séparées afin qu’ils ne puissent pas communiquer.

« On a pas compris pourquoi ils nous ont emmené, pourquoi on a passé la nuit au poste, ils ont tout de suite vu ce qu’on avait. »

Arrivés au commissariat, après avoir soufflé dans le ballon et vu leurs téléphones confisqués, nos amis reçoivent le premier coup de pression des flics :

« Vous avez le droit de demander un avocat mais ils sont en grève »

Vu qu’il n’y a pas de commis d’office disponible le choix est simple : pas d’avocat ou un avocat payant. Devant ce choix seul J-B décide de faire appel à une avocate qu’il connait. C’est d’ailleurs surement pour ça qu’il est celui que les flics laissent le plus tranquille, ils ne relèvent pas ses empreintes et ne le prennent pas en photo.

La suite tient de la garde à vue classique avec tous les abus qui l’accompagne : tutoiement, questions indiscrètes n’ayant rien à voir avec la GAV, confiscation des chaussures (« ils m’ont envoyé aux toilettes turques en chaussettes »), fouille bien plus poussée que nécessaire et bien sûr on laisse les militants dans le doute absolu quant à leur situation :

« Ils ne nous disent rien, on ne sait pas combien de temps on va rester là, on ne sait pas si il fait nuit ou jour, quand on va sortir »

On leur dis qu’ils peuvent appeler leurs familles ou leur employeur mais on est en pleine nuit, ils demandent si ils peuvent le faire le matin, les flics disent oui mais refuseront à chaque fois que la demande sera formulée.

« C’était soit en pleine nuit soit pas du tout, j’ai pu appeler mes parents à 12h30 en sortant. »

Les deux militantes, elles, sont interrogées et culpabilisées. Les flics ont l’air de trouver honteux qu’on utilise des légumes de récup pour nourrir des sans-abris, même si les légumes sont impeccables.

Ils vont aussi appeler les associations auxquelles la soupe est donnée et on assiste au deuxième coup de pression, puisque les flics sous-entendent clairement que l’asso ne distribue pas de la nourriture de bonne qualité. Au final les flics détruisent les six sacs de nourriture.

Mais une dernière surprise attends les militants : en sortant du commissariat ils commencent à rédiger un communiqué de presse mais, quand ils veulent l’envoyer à la dite presse, ils constatent qu’un article de France 3 est déjà sorti : « il était plein de mensonges, ils disaient qu’on avait volé les légumes au Secours Populaire pour les revendre ». Un mensonge plus qu’audacieux, le trafic de légumes un peu trop mûrs n’étant pas exactement le fléau de Rouen.

« D’autres médias nous ont dit qu’ils avaient reçu les mêmes infos « de source judiciaire » mais qu’ils s’étaient méfié »

En plus de l’arrestation les flics lancent donc des diffamations en règle pour dissuader de toute réplique.

Apparemment, même une organisation écologiste non-violente ne peut pas préparer une soupe pour les sans-abri sans être la cible de la répression.

2 commentaires sur « À Rouen les militants d’Extinction Rébellion pris pour cible par la répression »

  1. Scandaleux ! Les flics s’emmerdent depuis qu’ils n’ont plus personne à tabasser ! Leur mauvaise foi n’a d’égale que leur manque d’intelligence.

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