Alors que plus de 13 millions de brésiliens vivent dans des favélas, ces quartiers sont totalement abandonnés face à la propagation du coronavirus et les prolétaires qui y vivent ont bien peur d’être parmi les premières victimes de l’épidémie.
Chaque jour, dans le quartier de Gloria, une févela de Rio de Janeiro, une sirène sonne et rappelle aux habitants qu’il est conseillé de rester confiné chez soi afin d’éviter la propagation du Covid-19. Pourtant, la majorité des habitants de ce quartier continuent d’aller travailler et d’ainsi prendre le risque de contracter le virus, mais ils n’ont pas le choix car il leur est impossible financièrement de stopper le travail pour plusieurs semaines, d’autant plus que le Président fasciste du Brésil, Jair Bolsonaro, n’a pris aucune mesure de confinement, et continue de considérer le coronavirus comme une « petite grippe ». Selon lui, confiner le pays et fermer les commerces aurait un impact économique trop important, ainsi, il préfère privilégier les profits des multinationales à la santé de millions de personnes. Au micro d’un journaliste de France 24, le Président de l’association des habitants de la favéla de Santo Amaro, crie toute sa colère face à la volonté de Jair Bolsonaro de maintenir à tout prix l’activité économique dans le pays « Mais qui va sortir, hein ? Qui ? Ceux qui n’ont pas le choix, nous, les pauvres ! Il va tous nous tuer, ce qu’il prépare, c’est un génocide pour les favélas, ils nous sacrifient ».
De nombreux habitants des favélas travaillent dans les quartiers riches, souvent chez des familles bourgeoises qui les payent une misère pour faire la cuisine, le ménage, jardiner, s’occuper des enfants, faire des travaux d’entretiens etc. Depuis le début de la crise sanitaire, nombre de ces travailleurs ont été mis à la porte sans indemnité. Ceux qui continuent d’aller travailler prennent quotidiennement le risque d’attraper le coronavirus. La première morte sur le territoire brésilien a d’ailleurs été une domestique de 63 ans, vivant dans le quartier populaire de Miguel Pereira, à plus de 100 kilomètre du centre de Rio où vit la famille pour laquelle elle travaillait. Prendre des transports en commun bondés sur de longues distances pour aller travailler dans les quartiers bourgeois, voilà aussi un des risques que prennent quotidiennement les milliers de brésiliens qui tous les jours vont travailler dans les belles maisons de la bourgeoisie brésilienne.
En plus d’être abandonnés par les autorités, les habitants des favélas doivent faire face aux organisations criminelles qui commencent à filtrer les entrées et sorties des collines sur lesquelles se trouvent les bidonvilles.
Pendant que la bourgeoisie brésilienne est bien protégée du virus dans des quartiers chics bunkérisés, dans les favélas, le difficile accès à l’eau courante ne permet même pas à la population de se laver les mains correctement, accélérant ainsi la propagation du virus. Pour ce qui est des masques et du gel hydroalcoolique, la majorité des habitants des quartiers pauvres n’a tout simplement pas les moyens de s’en procurer.
Alors que le Brésil est très loin d’avoir atteint son pic épidémique, une hécatombe est à craindre dans les quartiers les plus pauvres du pays.