Avant même que le confinement ne soit annoncé, à la mi-mars, le gouvernement de Macron avait pris la décision de fermer les écoles, les collèges, les lycées et les universités. A la place des cours à l’école, tous les établissements scolaires ont dû, d’un coup, mettre en place un programme d’apprentissage à distance et de suivi. Le gouvernement appelle ça la « continuité pédagogique ».
La continuité pédagogique : de la poudre aux yeux !
Alors que le ministre de l’éducation continue de changer d’avis tous les jours sur le modèle à adopter pour les examens (brevet, bac…), le confinement nous a prouvé une chose : l’école « républicaine », celle de « l’égalité des chances », est une arnaque !
Avant la crise, le gouvernement et l’Etat bourgeois pouvaient bien prétendre qu’il n’y avait pas de différence entre des collégiens en REP et REP+ (les anciennes ZEP, réseaux d’éducation prioritaires) et les collèges de riches des centres-villes, que les programmes étaient les mêmes et que l’école apportait « l’égalité » de la République à tous les enfants !
Ce mensonge ne tenait déjà qu’à un fil : n’importe qui ayant mis un pied dans le milieu éducatif, y compris les enfants eux-mêmes, sait que les contradictions de classes qui le traversent sont amplifiées, et pas gommées, par « l’école de la République ».
Mais aujourd’hui, avec la crise, avec le confinement, tout ça saute aux yeux ! Dans les collèges et lycées de bourges, ceux où l’on peut déjà se payer des leçons particulières en temps normal, la « continuité pédagogique » s’organise ! C’est le passage au tout numérique (même et surtout pour les cours particuliers dont les plateformes en ligne existent depuis longtemps), le suivi personnalisé de la famille etc.
Et dans les écoles des quartiers populaires, et dans les écoles en REP, REP+ ? Dans celles où il n’y a pas assez d’argent pour rénover les murs ou changer les ordinateurs en temps normal, comment fait-on la « continuité pédagogique » ? Elle est faite avec des personnels qui se démènent, qui savent que les parents des enfants taffent à l’usine ou au magasin pendant toute la journée et qu’ils ne peuvent pas s’occuper de l’éducation de leurs enfants. Dans ces écoles-là, où les enfants n’ont souvent qu’un téléphone et pas d’ordinateur pour travailler, comment assurer la « continuité pédagogique » voulue par le gouvernement ? Comment renvoyer des copies de devoirs scannés, comme demandé par le ministère, quand aucun enfant n’a d’imprimante chez lui ? Comment demander à des enfants de travailler dans leurs chambres, en étouffant dans des HLM ou des petits espaces ?
Le confinement, aggravateur de la lutte de classes à l’école
Il est clair que pour tous les enfants à l’école dans l’Etat français, ce confinement va aggraver le fossé qui sépare déjà les masses populaires, et notamment le prolétariat, de la bourgeoisie et de la partie supérieure de la petite bourgeoisie.
Le système éducatif français est un modèle profondément bourgeois : pensé par la classe au pouvoir il y a plus d’un siècle (les « hussards noirs de la République » et l’école de Jules Ferry), il répond à ses besoins dans ses méthodes, ses programmes et ses orientations. Ce modèle se casse la gueule. Le confinement n’est pas la cause des inégalités, il renforce simplement celles qui sont contenues dans le modèle éducatif français aujourd’hui. Il ne sert pas « le peuple », il n’éduque pas dans « l’égalité ». Il diffuse l’idéologie bourgeoise, renforce le pouvoir de la bourgeoisie à tous les niveaux. Il répartit les enfants en fonction de la classe de leurs parents, avec des maigres ouvertures très convoitées pour « l’ascension sociale ».
Ce modèle doit être brisé. L’éducation doit être mise au service des masses, au service de l’apprentissage des enfants pour servir le peuple, pour répondre aux besoins toujours grandissant du peuple, qui sont leurs propres besoins. Cette éducation n’est pas possible dans la République française, elle s’oppose à la base de classe sur laquelle toute « l’Education Nationale » est construite. Pour la mettre en place, pour transformer réellement l’éducation, il nous faut la révolution socialiste.