Non, ce n’est pas le virus,
Non ce n’est pas le virus qui est entrain de provoquer la pire crise économique de ces 100 dernières années. La crise était déjà là, elle couvait comme une mauvaise grippe saisonnière. Tous les voyants étaient déjà au rouge. On va nous dire, et ils le font déjà, que c’est la pandémie qui provoque la crise, qu’on va devoir se serrer les coudes et encaisser. Enfin… pas eux, mais le prolétariat comme toujours. Non, la crise économique, ce n’est pas le virus : depuis plusieurs années, on vois arriver une crise, « encore plus forte », « dix fois pire », « trente fois pire » que celle de 2008.
En effet, le taux de profit est en baisse permanente. La valeur est basée sur le temps de travail social global. Le prix oscile autour de la valeur, mais est toujours rattrapé par celle ci – grâce à la concurence. Et ce temps de travail vivant est en baisse constante en relation au temps de travail accumulé (machines, infrastructures, etc). La valeur produite baisse sans cesse en relation avec celle déjà produite. Et il faut trouver un moyen de contrecarrer cette baisse : invasion de nouveaux marchés pour produire plus et vendre plus, baisse relative des salaires, hausse du temps de travail (ce qui reviens au même). C’est l’idée même des plans de restructuration : faire repartir la production par des aides aux entreprises – qui de l’autre coté consomment également – et baisser les salaires sociaux (c’est à dire le prix, pour les capitalistes, de la force de travail générale : donc les salaires, mais aussi une partie des impôts, des cotisations sociales, une extension du temps de travail… C’est ce qui s’est passé en Grèce, en Italie, en Espagne ou au Portugal. En période de prosperité, il vaut mieux lâcher la bride aux dépenses, augmenter les salaires, etc. En période de crise, pas d’autres solutions qu’un « plan d’urgence sanitaire« .
L’argent qui circule est basé sur une base réelle de production, ce n’est pas quelque chose de divin qu’on pourrait créer à volonté. Nous vivons dans un etat impérialiste et la valeur de notre monnaie est basée sur ce que ce que le prolétariat produit (c’est à dire sur le vol de notre travail) et en même temps ce que l’impérialisme vole aux pays dominés. C’est la production réelle qui donne la valeur réelle à la monnaie. Produire de la monnaie, c’est baisser sa valeur.
Dans une société basée sur la production de toujours plus de valeur, et sur la baisse relative des salaires permanente (les salaires augmentent moins que la valeur produite), on fini par se retrouver à ne plus pouvoir vendre. Le seul moyen, c’est de s’endetter. Créer de la monnaie et la prêter, pour booster la consomation, créer une spirale vertueuse. Mais on ne peut échapper indéfiniement à la loi de la valeur. Le rattrapage peut être brutal, et le réajustement de la monnaie à sa vrai valeur prend la forme d’une crise de panique, d’un « krach boursier ». C’est ce qu’il se passe aujourd’hui avec l’épidémie.
La pandémie accélère une réalité déjà bien présente. L’outil de production mondial ne s’est pas remis de la crise de 2008, les milliers de milliards investis ne se sont pas dirigés vers la production mais sont allés renflouer des banques en péril ou dans le manège de la spéculation financière, c’est à dire dans les bourses. Imaginez un dernier shoot d’une drogue ultra puissante qui redonnerait un peu de vigeur à un mourant, et vous aurez une image de la vision à courte vue de leurs fameuse « gestion de la crise de 2008 ».
Certes, il y a des rebonds, comme quand le gouvernement américain injecte 2000 milliards de dollars, comme la semaine dernière, mais aussitôt, ça replonge, car l’économie mondiale est à l’arrêt. Il n’y a pas de production, l’argent injectée ne change rien. C’est simplement de la dette, de la production qu’on espère valoriser plus tard. Sauf qu’on ne sait pas jusqu’à quand ce « plus tard » suffira. Le capitalisme ne peut supporter l’arrêt de la production.
Trump, cette semaine, a dit que les USA ne pouvaient pas supporter l’arrêt. Croyons le. Le mode de production capitaliste ne peut fonctionner qu’a flux tendus, il ne peut avoir de pause, ni de planification, ni d’anticipation. Ce n’est pas un train qu’on peut arrêter et redémarrer à la demande. Il faut vendre et que cela soit acheté à la seconde, sinon le train déraille. Si il n’y a pas de production, il n’y a pas de travail, donc pas de salaire et donc pas d’achat de la production. Les entreprises ferment, n’achètent plus rien, et ça fait un effet domino. C’est comme ça qu’à démarré la crise de 2008 : un choc dans la confiance, un krach boursier, les entreprises qui ferment, ne consomment plus, et les salariés virés qui eux non plus ne consomment plus.
Tous les voyants étaient déjà au rouge avant l’épidémie : la dette faramineuse des états, la dette exponentielle des ménages, et même la dette des prêts étudiants de toutes la petite-bourgeoisie américaine. Le 29 novembre 2018 le site on-ne-peut plus sérieux Capital l’annonçait, sous la forme d ‘une question : « la crise de 2019 ridiculisera toute les autres ? » . Le poids de la dette est de 225% de l’économie mondiale. En gros : il faudrait produire 2.25 fois plus pour rembourser notre dette en valeur.
En 2008, la fameuse planche à billets à tourné jusque dans le rouge, c’est à dire qu’à été injecté dans l’économie des milliards pour soutenir la consommation et éviter l’effondrement. Tous ces milliards ce sont retrouvés sous forme, au mieux, de prêt extrêmement bas, c’est pour celà que, malgré la crise, des millions de ménage ont pû acheter des logements, et nous avons eu le droit à une nouvelle bulle immobilière. La construction et le secteur automobile sont les deux pilliers des états impérialistes, et avant la pandémie, fin 2019, il étaient déjà dans rouge. En Europe, au Japon ou aux USA, les transactions immobilières ralentissaient drastiquement tout comme la vente de nouveaux véhicules. Alors que les classes intermédiaires, dites « moyennes », et les prolétaires les plus aisés, se sont appauvris très rapidement, la consommation marque le pas.
Même si les gilets jaunes sont venus rappeler à nos maître la dure réalité, le gouvernement, avant la pandémie, fanfaronnait en nous annonçant une croissance mirobolante pour la France. Mais voilà la réalité est revenu au galop. La catastrophe était déjà là, mais tous ces politiciens pourris, qui ne voient que leur petite vie à court terme et qui gèrent le quotidien comme des boutiquiers, pensaient pouvoir s’en sortir.
Le covid-19 est donc venu accéléré d’une manière radicale, c’est à dire ingérable, par des moyens souples, un fait économique réel : ce système s’effondre sur lui même. Toutes les convulsions mondiales, les attitude d’un Trump, à tort présenté comme un fou, poussant la Chine dans une guerre économique qui approfondi encore plus la crise, l’occupation du Mali, les tensions extrêmes au moyen-orient, les insurrections en amerique du sud n’est que le résultat d’un fait : le système est dans une crise historique.
Oui, les temps vont être durs. Macron nous l’a dit, nous sommes en guerre, mais il faut entendre dans cette phraséologie une angoisse historique. Une angoisse qu’ils vont tenter de contenir dans une mobilisation « nationale » qui ne viendra pas. Nous ne défendrons pas leur « patrie », car celui qui produit, qui turbine au turbin, qui se casse le dos pour un salaire de misère et qui n’a qu’en retour le regard arrogant d’une poignée de parasite, n’a aucun intérêt à la défendre. Notre patrie, c’est notre classe.
Aujourd’hui, nous sommes confinés, ou, pour des millions, obligés d’aller, l’angoisse au ventre, continuer à faire marcher l’économie. Mais combien de temps va-t-elle tenir ?