Ce vendredi 3 avril, Arnaud de Broca, Président du « Collectif Handicaps » a affirmé à l’AFP que ses craintes quant à un tri des patients discriminant les personnes en situation de handicap dans la prise en charge médicale des malades du Covid-19 commencent à se concrétiser.
Le collectif craint en effet un « tri des patients à l’arrivée aux urgences et parfois en amont même, par les services du 15 » au détriment des personnes en situation de handicap.
M. De Broca développe en affirmant « Ce sont des gens à qui on dit ne venez pas à l’hôpital et restez dans votre établissement pour y être soigné. Le problème, c’est que les établissements médico-sociaux n’ont ni la capacité, ni le matériel, ni les compétences pour traiter les cas graves ». De leur côté, les établissements médico-sociaux accueillant les personnes en situation de handicap comptabilisent déjà quelques décès.
Sous couvert d’anonymat, un médecin intervenant dans les centres médico-sociaux a confirmé à l’AFP l’existence de critères de tri des malades, notamment dans la région Grand Est. Ce médecin affirme avoir reçu un mail de la part de l’hôpital dont dépendent les centres médicaux-sociaux dans lesquels il intervient. Le mail en question mentionnait notamment le fait qu’il est « nécessaire d’adopter une stratégie de prise en charge proportionnée », pour « maximiser les chances de survie des résidents pouvant potentiellement passer un cap », et « accompagner » (sans hospitaliser) « celles ou ceux qui malheureusement ne le passeront pas » ». Parmi les critères à prendre en compte pour déterminer la façon de « trier les malades », le mail mentionne notamment l’insuffisance respiratoire ou cardiaque, le diabète, des troubles psycho-comportementaux ou encore un certain niveau de handicap. Le message est clair : les personnes en situation de handicap ne sont pas prioritaires dans la prise en charge médicale.
Face à la pandémie de Covid-19, les personnes en situation de handicap, déjà abandonnées par le système capitaliste, font face à des discriminations encore plus importantes que d’habitude et sont une fois de plus les premières victimes du manque de moyens des hôpitaux publics. En effet, la nécessité d’opérer un tri des patient naît du manque de places disponibles en réanimation, qui n’est qu’une conséquence des politiques d’austérité menées avec acharnement par les gouvernements successifs au cours des dernières décennies.