Chaque année, le World Press Photo récompense les meilleurs photo-journalistes, et chaque année les photos sélectionnées donnent une certaine idée des évènements majeurs de l’année écoulée. 2019 a été une grande année de luttes sociales aux quatre coins du globe, avec des révoltes d’ampleur en Irak, au Soudan, en Algérie, au Chili, en Équateur, au Liban, en Iran, en Colombie, à Haïti et en Catalogne. Certaines de ces révoltes, couvertes par de nombreux photo reporters, sont mises à l’honneur dans de nombreux clichés saisissants, disponibles sur le site internet du Wolrd Press Photo.
Au Soudan, une révolte de grande ampleur entraîne la chute du dictateur compradore Omar el-Bechir
Le 1er prix a cette année été accordé au photographe de l’AFP Yasuyoshi Chiba pour sa photo Straight Voice montrant un jeune homme déclamer un poème contre le régime lors d’une manifestation à Khartoum, au Soudan. En effet, depuis le mois de décembre 2018, les masses populaires soudanaises se sont soulevées contre le régime corrompu et soumis à l’impérialisme français du dictateur Omar el-Bechir. La révolte a abouti à la chute d’el-Bechir, mais l’armée a pris le pouvoir et les masses populaires soudanaises continuent leur révolte pour un transfert du pouvoir vers la population civile.
Au Chili, l’augmentation du prix du ticket de métro met le feu aux poudres
Le 17 octobre 2019 à Santiago, au Chili, l’augmentation du prix du ticket de métro met le feu aux poudres et des émeutes éclatent, faisant plusieurs morts. Bien-sûr, dans un des pays les plus libéraux au Monde où presque tout a été privatisé, l’augmentation du prix du ticket de métro n’a été que la goutte qui a fait déborder le vase. En effet, la révolte s’est vite propagée sur tout le territoire chilien, et les masses populaires du pays ont rapidement ciblé le gouvernement de Sebastian Pinera, mais également les entreprises privées qui gèrent tous les services publics, comme par exemple la compagnie d’électricité Enel dont le siège a été incendié le 18 octobre par les protestataires.
Au fil des semaines, le mouvement de protestation n’a fait que prendre de l’ampleur et des manifestations rassemblant plusieurs millions de personnes ont eu lieu dans le pays. Une grève générale a également été organisée et massivement suivie dans les secteurs clés de l’économie. Début décembre 2019, le gouvernement réactionnaire de Sebastian Pinera a annoncé une série de mesures sociales visant à calmer la contestation. Depuis, le mouvement de protestation semble avoir perdu de son ampleur dans le pays, mais la situation globale au Chili reste malgré tout tendue.
Cette révolte a été immortalisée dans un album intitulé Chile: The Rebellion Against Neoliberalism et signé Fabio Bucciarelli.
En Irak, une révolte contre la corruption, la pauvreté, l’impérialisme et pour de meilleurs services publics
Depuis le 1er octobre 2019, l’Irak est secoué par une série de manifestations contre la corruption, la pauvreté, l’impérialisme et pour de meilleurs services publics. Dans ce pays ravagé par des années de guerre et subissant très violemment l’impérialisme états-unien, les révoltes de 2019-2020 ont été pour la population un réel sursaut face à l’injustice du système capitaliste-impérialiste.
Les protestations, qui ont fait plusieurs centaines de morts, se sont faites en deux vagues. D’abord du 1er au 6 octobre, puis à partir du 24 octobre. La puissance du mouvement a entraîné le 30 novembre 2019 la démission du 1er ministre Adel Abdel-Mehdi. Malgré cela les manifestations se poursuivent, notamment dans un contexte de tension entre les États-Unis et l’Iran suite à l’assassinat le 3 janvier 2020 par l’armée états-unienne, sur le sol irakien, du général iranien Qassem Soleimani. Les protestataires irakiens dénoncent tant l’impérialisme terroriste des États-Unis qui depuis plusieurs décennies martyrisent le peuple irakien que la volonté du régime réactionnaire iranien d’étendre son influence en Irak. Si la crise du coronavirus a mis un terme aux manifestations, elle n’a cependant pas calmé la colère du peuple irakien.
Dans un magnifique cliché, le photographe Ricardo García Vilanova a immortalisé la solidarité entre les manifestants face à l’extrême violence des forces de sécurité irakiennes.
En Algérie, la colère populaire ébranle l’impérialisme et fait chuter Bouteflika
Le 16 février 2019, dans plusieurs villes algériennes, des manifestations éclatent contre la volonté du Président Bouteflika de se présenter pour un cinquième mandat consécutif. Les masses populaires crient leur colère à l’encontre d’un régime corrompu et totalement soumis à la puissance impérialiste française. Rapidement, le vendredi devient le jour hebdomadaire de manifestations de toute la population algérienne, mais des manifestations ont également lieu les autres jours de la semaine, notamment le mardi, jour où chaque semaine les étudiants descendent dans la rue. Le 11 mars, Bouteflika annonce renoncer à se présenter pour un nouveau mandat, mais les protestations continuent car ce départ du pantin des impérialistes ne change rien : les manifestants veulent la chute totale du régime, du clan Bouteflika et de l’impérialisme français.
Alors que les protestations se poursuivent tout au long de l’année 2019, des élections sont organisées au mois de décembre. Les algériens ne sont pas dupes et sont plus de 60% à ne pas se rendre aux urnes. Abdelmadjid Tebboune, ancien premier ministre de Bouteflika sort vainqueur du scrutin et essaye de calmer la contestation populaire en affirmant que le Hirak (nom donné aux protestations de 2019 NDLR) est un « phénomène salutaire« . Là encore, les masses populaires algériennes ne se laissent pas berner par ces belles paroles d’un ancien membre du « clan Bouteflika » et continuent à protester. Si l’épidémie de Covid-19 a mis en pause la contestation depuis la mi-mars 2020, la colère du peuple algérien, elle, est toujours là.
Dans un album intitulé Kho, the Genesis of a Revolt, le photographe français Romain Laurendeau a immortalisé certaines des protestations algériennes. Une des photos du photographe algérien Farouk Batiche a également été primée lors de la session 2020 du World Press Photo.
Une année marquée également par de grands incendies, conséquences de la destruction de l’environnement
L’année 2019 a également été marquée par de grands incendies en Amazonie, en Australie ou encore en Californie. Ces incendies, qui détruisent la faune et la flore et fragilisent les éco-système, sont une des conséquences les plus spectaculaires de la destruction de l’environnement induite par le système capitaliste-impérialiste.
Les conséquences désastreuses des flammes ainsi que la lutte des pompiers pour mettre fin aux incendies ont été immortalisés en Australie par Matthew Abbott et Sean Davey et en Californie par Noah Berger.