L’épidémie de Covid-19 nous met face à une évidence : le capitalisme est incapable de répondre aux crises, il est incapable de les anticiper, il est incapable de les contenir, il est incapable d’en atténuer les effets. Cela est vrai pour les catastrophes naturelles, comme pour les épidémies.
Les épidémies ont toujours existé, tout comme les catastrophes naturelles. Cependant, à mesure que le mode de production capitaliste détruit la planète et les écosystèmes, ces phénomènes deviennent de plus en plus récurrents. grippe espagnole, SIDA, Ebola, SRASS, vache folle, grippe H1N1 et maintenant Covid-19, les épidémies se multiplient. Séismes à Haïti, en Italie, au Japon, tsunamis en Indonésie, au Japon, aux Samoa, typhons aux États-Unis et dans les Caraïbes, invasion de criquets en Afrique de l’est, canicules et vagues de froid dans le Monde entier, les catastrophes naturelles se multiplient.
Ces évènements se succèdent et sont de plus en plus violents. Ils trouvent leur cause principale dans la destruction de la planète induite par le système capitaliste. Les canicules et les vagues de froid, par exemple, résultent du changement climatique. Les tsunamis également, étant donné qu’ils sont une des conséquences de la montée des eaux. Quant à la transmission de maladies des animaux vers les hommes, de plus en plus récurrente, elle est liée à la destruction des écosystèmes dans lesquels vivent originellement ces animaux.
Il y a donc là un premier effet indéniable du capitalisme sur les épidémies et catastrophes naturelles. Mais cela va plus loin. Non seulement le capitalisme favorise de telles crises, mais en plus, le modèle capitaliste ne donne pas de moyens satisfaisants pour les juguler, pour y répondre. Au contraire même, il en aggrave les effets.
Un modèle économique basé sur la recherche du profit
Le système capitaliste est basé sur la recherche du profit. Cela signifie que les entreprises ont pour vocation première de faire des bénéfices, au détriment des travailleurs. Dans un tel système, toute activité humaine doit être transformée en marché.
En effet, les capitalistes, face à ce qu’on appelle la baisse tendancielle du taux de profit (c’est à dire une baisse du pourcentage de marge réalisée sur la vente de marchandises) doivent ouvrir en permanence de nouveaux marchés pour compenser cela. L’accumulation de capital par les grandes entreprises monopolistes leur permet donc d’augmenter en permanence les profits, car si le taux de profit par marchandise vendue baisse, alors il suffit de vendre toujours plus de marchandises pour augmenter malgré tout le montant des profits.
Ainsi, dans de nombreux pays, la santé est un secteur d’activité comme un autre, qui répond à des exigences de rentabilité. Aux États-Unis, par exemple, il n’existe pas de couverture maladie universelle et la plupart des hôpitaux sont privés. Les états-uniens doivent donc dépenser beaucoup d’argent pour se payer une complémentaire santé, qui ne suffit bien souvent même pas à couvrir leurs frais médicaux. La conséquence de cela est que de nombreux états-uniens renoncent tout simplement à se soigner, et, en période d’épidémie, les conséquences sont encore plus dramatiques qu’habituellement.
Au sein de l’État français, si les luttes ouvrières du 20ème siècle ont permis l’existence de la sécurité sociale et d’hôpitaux publics, la contre offensive bourgeoise de ces dernières décennies tend à démanteler ces grands acquis sociaux. Ainsi, la logique capitaliste gagne peu à peu des secteurs qui jusque là étaient un peu plus préservés que les autres de l’exigence de rentabilité.
Dans les hôpitaux publics, par exemple, la volonté de l’État est claire : faire des économies, toujours plus d’économies. Entre 2002 et 2018, le nombre de lits disponibles pour une hospitalisation longue dans les hôpitaux publics de l’État français est passé de 314 000 à 243 000. Or, le stock de lits disponibles permettait justement d’anticiper un éventuel afflux important de patients en cas d’épidémie ou de catastrophe naturelle par exemple.
Mais rentabilité oblige, il fallait supprimer ces lits qui coûtent cher et qui ne sont que rarement utilisés. Nous en payons aujourd’hui le prix avec l’épidémie de Covid-19 et la saturation des services hospitaliers. Pour les masques, c’est la même logique : l’État français a préféré ne pas renouveler son important stock de masques (un milliard en 2009) afin de faire des économies sur leur acquisition et leur stockage.
Il y a donc là une lutte entre deux priorités inconciliables : la priorité des capitalistes, c’est de faire du profit coûte que coûte, alors que la priorité de la population, c’est d’avoir de bonnes conditions de vie, des services publics efficaces, un bon système de santé etc.
L’absence de planification et d’anticipation
Dans le système capitaliste, il n’y a pas de planification à long terme de la production globale. Chaque entreprise planifie sa propre production, mais cette planification ne s’inscrit pas dans le cadre d’objectifs servant les intérêts de la population. Non, chaque entreprise planifie en fonction de ce qui pourra permettre de maximiser les profits. De plus, cette panification se fait à flux tendu, elle est bien souvent incapable d’anticiper les crises, elle nécessite donc de maintenir la production coûte que coûte. C’est pour cela que les capitalistes insistent pour que la production de marchandises reprenne le plus vite possible.
Dans un Monde où chaque entreprise planifie sa propre production, et dans lequel la moindre petite crise économique peut avoir un effet domino important, l’absence totale d’anticipation des crises aggrave donc les conséquences de celles-ci.
Pour les États, c’est la même logique : ils sont subordonnés aux intérêts des capitalistes, et même les entreprises publiques ont un mode de fonctionnement qui s’inscrit dans le cadre de la concurrence capitaliste. Les États sont donc incapables d’anticiper les crises, ils n’ont pas de protocoles suffisamment rigoureux pour juguler les crises qui surviennent. Il suffit d’observer comment l’État italien, et, dans une moindre mesure l’État français, ont été totalement dépassés par l’épidémie de Covid-19 pour le constater. Cela est vrai lors des épidémies, mais c’est vrai également lors des évènements naturels. On peut se rappeler à ce propos des conséquences dramatiques de la canicule de 2003.
Une sur-exposition des populations les plus pauvres
Comme dans chaque crise, ce sont les populations les plus vulnérables qui payent le plus lourd tribut. On se souvient en 2003, lors de la canicule, que les départements pauvres de banlieue parisienne avaient connu un taux de surmortalité particulièrement élevé. On se souvient que lors du séisme à Haïti en 2010, pendant que les villas des bourgeois de l’Île tenaient, les habitations des bidonvilles s’écroulaient, faisant des dizaines de milliers de victimes. Et aujourd’hui, avec le Covid-19, on constate que ce sont encore une fois les plus pauvres qui meurent. La Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de la métropole de l’État français, a ainsi un taux de surmortalité particulièrement élevé.
Le capitalisme, basé sur la division de la société en classes sociales aux intérêts radicalement divergents, créée la pauvreté. Cette pauvreté est source d’inégalités importantes dans le domaine de la santé : les ouvriers ont une espérance de vie inférieure de 6.4 ans à celle des cadres.
Se casser le dos sur les chantiers, ne pas avoir les moyens de se payer de la nourriture de bonne qualité, vivre dans un logement insalubre, renoncer à se soigner faute de moyens… Voilà des facteurs évidents de ce qu’on appelle la « comorbidité ». Si on ajoute à cela le fait que les ouvriers, contrairement aux cadres, ne peuvent pas télétravailler et sont donc contraints de s’exposer quotidiennement au virus, car les capitalistes, pour maintenir leurs profits, font le choix de ne pas mettre à l’arrêt la production, alors on a là tous les facteurs réunis pour que les inégalités de classe se manifestent particulièrement violemment en cette période d’épidémie.
L’impérialisme et l’inégal développement des États
Bien-sûr, ces inégalités se manifestent encore plus violemment dans les pays dominés par les grandes puissances impérialistes. Ces États, dont les économies sont totalement contrôlées par des entreprises multinationales des pays impérialistes, n’ont généralement même pas les structures sanitaires nécessaires pour absorber la crise, et ce particulièrement dans les campagnes paysannes où le mode de production majoritaire reste le féodalisme.
Dans ces États, la population vit bien souvent au jour le jour, dans une grande pauvreté. Alors, lorsqu’une épidémie survient, les populations se retrouvent à devoir choisir entre manger ou se protéger du virus. Et, bien souvent, le choix est vite fait. Nous avons pu le voir en Inde ces dernières semaines, mais aussi au Mali, où la baisse des transferts internationaux d’argent plonge encore plus dans la pauvreté des millions de personnes.
Une seule solution : la révolution et la prise du pouvoir par les travailleurs !
Cette situation n’est pas désespérée. Il existe une solution, elle passe par la révolution, le renversement total de l’impérialisme et du capitalisme. En effet, il n’y a que dans un système où la production et la distribution de marchandises seront contrôlées par les travailleurs, un système où la production ne répondra pas à des exigences de profit mais aux besoins et aux aspirations des masses populaires, que nous pourrons éviter au maximum les crises et, lorsqu’elles surviennent, y répondre pour en minimiser les effets.
Ce système, c’est le socialisme et la transition vers le communisme. Il permet, en mettant en commun les moyens de production et en abolissant la concurrence capitaliste de mettre toute la priorité à la protection de l’environnement, à la protection des droits et des conditions de travail des ouvriers. Il permet également, en planifiant la production pour servir les intérêts de la population et non pour faire du profit, d’anticiper les éventuelles crises et d’être prêts à y répondre lorsqu’elles surviennent.