Quatre jours après le meurtre raciste de George Floyd, un homme noir de 40 ans tué par un policier blanc à Minneapolis (Minnesota), les révoltes prennent de l’ampleur un peu partout aux États-Unis.
Ce mardi 26 mai, des manifestations ont eu lieu à Minneapolis, elles ont rassemblé plusieurs milliers de personnes, mais c’est réellement depuis mercredi soir que la situation est quasi insurrectionnelle dans cette ville du nord des États-Unis. Lors des nuits de mercredi à jeudi et de jeudi à vendredi, d’immenses révoltes ont éclaté. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté leur colère face au racisme, face aux crimes policiers, mais aussi face à la misère sociale qui s’est encore accentuée avec la crise du Covid-19. Dans la nuit de mercredi à jeudi, de nombreux bâtiments ont été incendiés et des dizaines de boutiques pillées. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la situation était totalement hors de contrôle et les policiers ont du battre en retraite face à une foule immense en colère. Ils ont déserté, laissant derrière eux un commissariat vide, qui a été totalement incendié par les manifestants.
Le gouverneur du Minnesota et le maire de Minneapolis ont affirmé leur soutient hypocrite aux « manifestants pacifistes », tout en dénonçant les émeutes et les violences. Ces politiciens bourgeois, qui ne connaissent rien de la violence sociale subie par les masses populaires noires des États-Unis, ne sont que des opportunistes qui essayent de calmer la colère du peuple. Le policier qui a tué George Floyd avait déjà fait l’objet de dix-huit plaintes pour des faits de violence et il a pu continuer à exercer pendant des années avec la complicité des autorités. Si il a été suspendu, ce n’est pas parce qu’il a commis un acte horrible de plus, mais car le scandale de la mort de George Floyd était trop important pour que les autorités ne réagissent pas. Elles agissent donc uniquement car elles ne peuvent pas politiquement se permettre de laisser passer cette énième affaire de crime policier.
En suspendant les quatre policiers impliqués dans le meurtre de George Floyd, les autorités du Minnesota s’inscrivent une fois de plus dans la logique bourgeoise capitaliste qui consiste à considérer que les problèmes de violences policières ne sont que des problèmes individuels, comme si les policiers violents n’étaient que des « brebis égarées ». En réalité, les violences policières sont bel et bien le fonctionnement normal de l’institution policière, qui est une institution violente par nature, étant donné que son rôle dans le cadre de l’État bourgeois est de protéger les intérêts des capitalistes.
Alors que la mauvaise gestion du Covid-19 par les capitalistes a mis plus de 30 millions de personnes au chômage aux États-Unis, des révoltes sociales étaient prévisibles. Les révoltes qui font suite au meurtre raciste de George Floyd ne sont donc pas une simple réaction à un crime policier mais une réelle explosion sociale qui s’étend désormais aux quatre coins du pays : les villes de Los Angeles, New York, Denver, Louisville, Phoenix ou encore Albuquerque sont elles aussi touchées par des manifestations.
Face à une situation quasi insurrectionnelle, la réaction de la première puissance impérialiste mondiale était attendue : l’état d’urgence a été déclaré à Minneapolis, l’armée a été déployée et Donald Trump a affirmé publiquement sur Twitter que lorsque les pillages commencent, il est légitime de tirer à balles réelles, ce qu’a vraisemblablement fait la police dans la nuit de jeudi à vendredi à Louisville, dans le Kentucky alors que des milliers de personnes manifestaient pour George Floyd, mais également pour Breonna Taylor, une femme assassinée par la police municipale de Louisville au mois de mars. Ces coups de feu, que les policiers nient éhontément avoir tiré, ont fait sept blessés. Le message envoyé par les États du Kentucky et du Minnesota, mais également par Donald Trump est clair : les marchandises des grands magasins ont plus de valeur que la vie des manifestants, et si ces derniers s’aventurent à vouloir les piller, alors il devient légitime pour la police et l’armée de tirer. Cette réaction du vieil État impérialiste états-unien montre que les institutions sont aux aboies, qu’elles craignent des révoltes, et les révoltes qui ont eu lieu depuis trois jours montrent que tout ennemi peut être attaqué, que l’impérialisme états-unien est un tigre de papier, fort en apparence mais faible en réalité.
Si ces révoltes vont probablement entraîner une importante dynamique de lutte, il faut désormais une direction politique capable de transformer la colère légitime et spontanée en mouvement révolutionnaire organisé.