Depuis le mardi 26 mai, des révoltes de grande ampleur ont lieu aux États-Unis. D’abord parti de la ville de Minneapolis (Minnesota) suite au meurtre raciste d’un homme noir par un policier blanc, le mouvement touche désormais toutes les grandes villes du pays et prend différentes formes. Les manifestations commencent généralement dans l’après-midi et se déroulent calmement, elles rassemblement des familles, des personnes âgées etc. En fin d’après-midi, des affrontements éclatent et les protestations prennent par endroit un caractère insurrectionnel. C’est ce qu’il s’est passé ces derniers jours à Minneapolis, New York, Los Angeles, Portland, Atlanta, Oakland, Washington ou encore Chicago. Si les politiciens, artistes, médias, entreprises etc états-uniens semblent condamner l’horrible meurtre de George Floyd et affirment soutenir les manifestations pacifiques, tous condamnent les émeutes, les pillages, les révoltes qui ont lieu ces derniers jours. Leur positionnement est un positionnement de classe, un positionnement bourgeois.
La violence des révoltes des masses populaires est une réponse à la violence institutionnelle
La dénonciation de la violence des révoltes des masses populaires est une manière de la mettre sur le même plan que la violence institutionnelle, or, elle n’est qu’une réponse à cette violence institutionnelle. Le système capitaliste broie des milliards d’êtres humains, il créée guerres, pauvreté, destruction de l’environnement etc. La police utilise une violence inouïe pour réprimer toute velléité de révolte. Aux États-Unis, comme au sein de l’État français, elle commet chaque année de nombreux meurtres racistes. Face à cet état de fait, les révoltes des masses populaires sont une forme de résistance, car là où il y a oppression, il y a résistance. Attaquer des commissariats, brûler des voitures de police, lancer des pavés sur des policiers, tout cela est un moyen de résister, un moyen d’attaquer le bras armé de l’État capitaliste. Ainsi, lorsque des célébrités affirment soutenir les manifestations pacifiques mais condamnent les violences, elles mettent sur le même plan oppresseur et opprimé, elles mettent sur le même plan la violence institutionnelle quotidienne d’un système destructeur et le fait que les masses populaires se défendent face à cette violence.
Les pillages sont des réquisitions populaires
Nombre de politiciens bourgeois, de médias, d’artistes etc dénoncent également les pillages de grands magasins et accusent les personnes qui y participent d’être des opportunistes qui ne sont pas là pour George Floyd mais uniquement pour s’enrichir. Donald Trump a même dit que lorsque les pillages commencent, les tirs (de la police) doivent commencer. Il s’agit là d’une mentalité typiquement bourgeoise. En effet, les pillages ne sont rien d’autre que de la réquisition populaire par les masses, et il est tout à fait logique que lors de manifestations insurrectionnelles, de telles réquisitions aient lieu. Les marchandises présentes dans les grandes magasins sont vendues par des capitalistes qui s’enrichissent sur le dos des travailleurs, car ce sont les travailleurs qui ont produit ces marchandises. En pillant les boutiques, les masses populaires récupèrent juste gratuitement ce qu’elles ont produit. À Minneapolis, ces pillages ont donné lieu à de magnifiques scènes de solidarité populaire : depuis plusieurs jours, des distributions gratuites de denrées alimentaires réquisitionnées lors des pillages ont eu lieu dans les rues de la ville. Alors que la mauvaise gestion de la crise du Covid-19 par les capitalistes a fait exploser le chômage et la pauvreté partout aux États-Unis, les pillages et la solidarité populaire permettent de donner un peu de répit financier à des familles en difficulté.
Prôner le pacifisme face aux révoltes populaires, c’est défendre l’ordre établi
Il n’y a pas de changement social profond sans violence, car le système capitaliste est un système intrinsèquement violent, car les capitalistes sont prêts à commettre les pires massacres pour se défendre, les masses populaires n’ont pas d’autre choix que de lutter violemment. Dans l’histoire, aucune grande avancée sociale n’a été obtenue sans violence. Bien-sûr, si la situation est insurrectionnelle dans certaines villes des États-Unis, nous sommes encore loin d’une révolution qui permettrait de renverser totalement la classe bourgeoise. Cependant, le fait que les masses populaires affrontent violemment les forces armées de l’État bourgeois va probablement entraîner une dynamique de lutte, redonner confiance aux masses en leur capacité à changer radicalement les choses. Et étant donné qu’il n’y a pas de changement sans violence, en condamnant la violence, les médias, politiciens, entreprises, artistes etc condamnent ainsi tout moyen de lutte efficace, ils se positionnent de fait du côté de l’ordre établi. Ils peuvent faire des pétitions, poster sur Twitter des « prières pour George Floyd » ou dire que « le racisme c’est mal », en essayant de convaincre les masses populaires de renoncer à l’emploi de la violence comme outil de révolte, ils défendent leurs intérêts de classe. C’est par exemple le cas de la maire de Minneapolis et du gouverneur du Minnesota, qui ont tous deux condamnés le meurtre raciste de George Floyd, mais qui ont dans le même temps décrété l’état d’urgence, mis en place un couvre feu et fait appel à la garde nationale, réprimant de fait les protestataires.
Ce sont les masses populaires qui écrivent l’histoire, et les récents évènements aux États-Unis nous démontrent une fois de plus que lorsqu’elles se mettent en mouvement, rien ne peut les arrêter. Les discours hypocrites de bourgeois effrayés à l’idée qu’une révolte populaire vienne menacer leurs intérêts de classe doivent être pris pour ce qu’ils sont : des discours contre révolutionnaires, des discours qui s’inscrivent dans le cadre de la propagande bourgeoise qui défend l’ordre capitaliste établi.