La série Validé, sortie sur Canal+, a un double aspect. D’un coté, il y le fantasme de la banlieue, le coté « bobo » de Canal+. De l’autre, il y a un aspect très réaliste, reprennant des épisodes bien réels de carrière de rappeurs, de « buzz », etc. On ne sait pas quel est l’objectif de la production, mais le rendu est là : une série réaliste, prennante, montrant les aspects les plus sombres, les plus corrompus, du show-bizness.
L’histoire commence par la livraison de Clément à la chaine Skyrock, où un gros rappeur à succès se produit. Clément est livreur de drogue, comme son ami William est livreur de plats Deliveroo. C’est un vrai prolétaire de la drogue, avec un rapport conflictuel à son « gros », son patron, un mafieux patriarcal qui contrôle la vie de ses vendeurs. Il parviens à passer à l’antenne et a faire son freestyle. L’ascenssion, ensuite, est fulgurante.
L’intérêt de la série est de montrer avec réalisme ce que produit l’abscence de principes, de valeurs, de solidarité de classe ; comment la mafia empoisonne les masses populaires, empêche toute expression culturelle ou artistique réellement autonome, en tentant de tout capitaliser. Mais, de l’autre coté, ce n’est pas mieux. Tout se fait à coup d’influenceurs, de buzz, d’achat, d’avocats. Tout est corrompu et une seule chose compte : l’argent. Hanouna, par exemple, est montré comme particulièrement ignoble et imbécile. Mais est ce un parti-pris des réalisateurs, ou une « validation » de ce fonctionnement, à tel point qu’ils trouvent ça normal ?
Même quand il raconte « la rue », Clément le fait de manière négative, désabusée. Il n’a pas d’autres objectifs que de mettre sa famille à l’abri . Mais il n’y a rien d’autre à attendre. Comment le prolétariat pourrait croire en autre chose que la réussite individuelle ou la débrouille ? Il n’y a pas de lutte, pas d’auto-organisation, tout semble atomisé. Les gens montrés dans la série se raccroche à ce qu’ils peuvent pour s’en sortir.
Mais, de l’autre coté, il y a des valeurs : la dignité, la volonté, le courage, l’entraide. Et surtout, pas de misérabilisme. Et c’est une leçon : il faut de la volonté pour recréer le Parti Communiste là ou l’espoir a abandonné le terrain. Mais il est plus que nécessaire.