En 2017, Emmanuel Macron a fait passer des ordonnances réformant le code du travail. Celles-ci permettent notamment aux entreprises de recourir à des « accords de performance collective ». Le principe est simple : l’entreprise peut baisser les salaires des employés, supprimer des RTT, baisser la majoration des heures supplémentaires ou encore augmenter le temps de travail, mais en échange elle doit s’engager à ne pas licencier, ou du moins à licencier moins que ce qu’elle aurait fait sans un tel accord. En pleine crise du Covid-19, de nombreuse entreprises utilisent ces infâmes accords pour faire du chantage à l’emploi.
Alors que la crise du Covid-19 frappe très violemment les masses populaires, tant d’un point de vue sanitaire que social, la ministre du travail Muriel Pénicaud incite désormais explicitement les entreprises à baisser les salaires afin de « préserver l’emploi ». Le message est clair : les travailleurs doivent accepter de perdre une partie de leur salaire afin que le profit des capitalistes ne baisse pas trop. Autrement dit, plutôt que de baisser les dividendes des actionnaires et les salaires mirobolants des cadres supérieurs, les entreprises préfèrent taper sur la paye, déjà faible, des ouvriers.
RyanAir a déjà commencé un tel chantage en demandant à ses salariés français de choisir entre le licenciement et la baisse de revenu. Dans tous les cas, les salariés sont perdants, et une telle proposition les pousse à accepter la baisse de salaire, qui semble pour eux « moins pire » que le licenciement. Si un tel accord d’entreprise est refusé par les salariés et les syndicats, alors un plan de licenciement peut être déclenché, et si il est accepté, les fait pour un salarié de refuser la baisse de son salaire est un motif de licenciement. Par ailleurs, dans les faits, plusieurs entreprises ont déjà passé de tels accords avec leurs salariés et ont malgré tout licencié, ce qui prouve qu’un tel accord n’est en aucun cas une garantie pour les travailleurs.
En plus de RyanAir, au moins deux entreprises, Derichebourg (un sous-traitant de Dassault) et le journal L’Équipe envisagent de recourir à de tels « accords de performance collective ». Face à cette volonté des capitalistes de baisser les salaires pour maximiser les profits, face à ce chantage à l’emploi, les travailleurs devront se battre pour conserver leurs droits, et même en gagner de nouveaux.