Maurice Rajsfus s’en est allé ce samedi 13 juin 2020. Il est décédé à l’âge de 92 ans après six semaines de maladie. Il aura passé sa vie à lutter contre les violences policières.
Maurice Rajsfus a compris très jeune ce qu’est la violence policière. À l’âge de 14 ans, lui, sa sœur et leurs parents, des juifs polonais immigrés en France, sont arrêtés par la police de l’État français au cours de la rafle du Vélodrome d’Hiver. Avec sa sœur, ils survivront tous les deux, mais leurs parents ne reviendront jamais des camps de la mort. Comble de l’horreur : le policier qui les a arrêté était un voisin de palier de la famille, que Maurice a réussi à retrouver en 1988 pour lui demander pourquoi il a accepté d’agir ainsi. Ce dernier lui a simplement répondu « ça ne m’intéresse pas » illustrant l’absence de remords généralisée chez les dizaines de milliers de policiers qui ont commis d’horribles crimes sous le nazisme, lors de la guerre d’Algérie, ou encore ces dernières décennies dans les banlieues. Cela se traduit bien dans les propos de Maurice Rajsfus lorsqu’il parle des policiers : « Ils ont volé des années de vie à mes parents. Tous ont participé aux rafles quand ils étaient requis. Pratiquement pas un seul n’a démissionné. Si la police française ne s’était pas mise aux ordres, jamais il n’y aurait eu autant de dégâts. »
Suite à sa déportation, Maurice a commencé un combat contre les violences policières. Il a passé des décennies à mener des combats aux côtés de ceux qui, comme lui, ont perdu des proches à cause de la police. En 1994, il a fondé l’observatoire des libertés publiques afin de recenser les violences policiers. En 2014, alors qu’il est déjà âgé, il met fin à vingt années de recensement de ces violences après avoir traité plus de 6000 cas.
Maurice Rajsfus nous a quitté, mais ses combats contre les violences policières, ses travaux de recensement et d’analyse qui démontrent que, loin d’être marginales, les violences policières sont une réalité quotidienne, resteront. Maurice Rajsfus est décédé, mais ses combats continuent plus que jamais.