Le 26 mai, l’histoire tragique d’une fille de 4 ans nommée Bramsh, ce qui veut dire étincelle en baloutche, a déclenché un feu de prairie au Baloutchistan, situé au Pakistan. Pendant qu’elle et sa la famille dormait sur le toit pendant une chaude nuit d’été, un groupe de trois braqueurs armés est entré dans la maison. La mère de la famille a résisté aux bandits et ils ont riposté en tirant la mère et sa petite fille. Bramsh a eu la chance de survivre, mais elle grandira sans mère. Les membres de la famille ont réussi à arrêter un des criminels et les deux autres ont été détenus plus tard par la police. Cependant, le chef de ce gang criminel, Sameer Sabzal, a été finalement arrêté encore plus tard seulement à cause des grandes manifestations exprimant la colère du peuple. Normalement, Sabzal vie au-dessus de la loi puisqu’il est au service de l’État pakistanais en tant que dirigeant de l’escadron de la mort local des agences de renseignement nationales : Military Intelligence (MI) et l’Inter-Services Intelligence (ISI). L’ISI et le MI ont construit un réseau de fondamentalistes islamiques et de criminels à leur disposition à travers le Baloutchistan qui sert à réaliser leur stratégie à long terme : mettre fin à plus que 70 ans de lutte indépendantiste baloutche par moyen d’enlèvement, de torture et de meurtre accompagné par un programme d’assimilation culturelle et de désinformation par rapport à l’histoire et l’actualité. Cette campagne de guerre se manifeste réellement dans la vie au Baloutchistan. Presque chaque personne à des expériences à raconter : avoir été volée, été battu ou torturé par des bandits ou des agents de renseignements, été détenu pour des mois ou même des années sans accusation pénale, ou d’avoir un ami ou membre de famille qui a disparu. Parfois, son corps mutilé est retrouvé quelque part dans une région éloignée. Toutefois, le tir sur la petite Bramsh a suscité un degré d’indignation extrême partout au Baloutchistan en forme de manifestations sur un niveau qui n’a pas été vu depuis des années. Cela apporterait aussi sans doute un nouveau coup de vent dans les voiles de la lutte armée des Baloutches. S’arrêter au point de vue du discours libéral sur les violations des droits de l’homme est inutile pour comprendre la totalité de ce qui se passe au Baloutchistan et la nécessité de la libération nationale et de la révolution. Cette guerre contre un peuple est le résultat inévitable des contradictions interimpérialistes aujourd’hui qui provient de l’histoire du colonialisme en Asie du Sud.
Le poids de l’impérialisme mondial
La montée de l’impérialisme chinois et le brouillage de l’impérialisme étatsunien contre la Chine mènent à une nouvelle zone de conflit interimpérialiste encore plus intense et élargie en Asie du Sud. Le retrait attendu des forces d’occupations étatsuniennes en Afghanistan ouvre la voie à une contestation entre les États-Unis, la Chine et aussi la Russie pour contrôler ce pays déjà démuni par la guerre presque sans arrêt depuis l’invasion par le social-impérialisme soviétique en 1979. Cette nouvelle guerre serait encore plus sale et obscure, puisqu’elle va entraîner presque touts les pays dans la région en tant qu’intermédiaires, qui eux-mêmes mobiliseront leurs propres intermédiaires. Cette forme de guerre interimpérialiste qui s’est passée dans plusieurs pays arabes suivant le « printemps Arabe » au début de la dernière décennie signale la guerre mondiale à venir. La guerre mondiale représente l’éruption ultime des contradictions du capitalisme dans son stade final de dégénérescence : l’impérialisme. La guerre par procuration est le moyen plus ouvert et violent des puissances impérialistes pour continuer la lutte interimpérialiste pour les ressources naturelles, les routes commerciales et les marchés étrangers sans déclencher cette 3e guerre. Pourtant, c’est exactement ce genre de jeu géopolitique dangereux qui va finalement aboutir aux résultats inattendus qui déclencheront la prochaine grande guerre. L’instrument le plus important de la Chine en Asie du Sud pour ce jeu sanglant est le Pakistan. L’ancien allié anticommuniste des États-Unis a ouvert ses portes à la domination chinoise vers 2013 avec le début de la planification du « China-Pakistan Economic Corridor » (CPEC), dont la section la plus importante traverse la subdivision du Baloutchistan. Le projet envisage une voie commerciale à haute capacité entre l’extrémité occidentale de la Chine et le port de Gwadar auprès du golfe d’Oman et la mer d’Arabie. Le social-impérialisme chinois a besoin de cette voie pour protéger son commerce contre un potentiel blocage maritime représenté par le « Quadrilateral Security Dialogue » (QSD) qui était revivifié en 2017. Le QSD réunit l’impérialisme étatsunien, japonais et australien avec l’Inde dans une coopération militaire principalement pour pratiquer des exercices maritimes en commun qui sert à menacer la présence chinoise dans le Pacifique. Avec CPEC, l’importance des manœuvres du QSD est énormément réduite en ouvrant à la Chine une voie terrestre jusqu’à la côte du Pakistan proche des côtes africaines et le canal de Suez. Le projet inclut des voies ferroviaires, des autoroutes, un aéroport, un oléoduc, un grand hôpital, une connexion par fibre optique, plusieurs centrales électriques, des centres scientifiques et l’expansion du port du Gwadar en trois phase jusqu’à 2045. Le but est de construire 150 postes d’amarrage à Gwadar connectés par une voie terrestre fiable et protégé par une nouvelle formation paramilitaire de 12 000 personnels pakistanais consacrés à protéger le projet chinois : le « Economic Corridor Support Force ». Ce projet de plus que 60 milliards de dollars est l’investissement le plus important dans l’histoire du Pakistan et représente un support de vie pour son économie inflationniste. L’économie pakistanaise est entachée par un système semi-féodal et un régime militaire fasciste et parasitaire qui dévore, sans aucune contestation par l’atelier de discussion appeler « l’assemblée nationale », plus que la moitié du budget national. La seule chose comparable au pourcentage du budget attribué à l’armée est le taux d’analphabétisme chez les femmes. En plus d’être l’un des bastions les plus vicieux du patriarcat, le Pakistan est aussi une prison de nations sur le modèle du colonialisme britannique. Le Pakistan est composé principalement de quatre peuples. Premièrement, il y a les Punjabis avec leur territoire historique divisé entre le Pakistan et l’Inde. Ils ont la plus grande population et dominent les rangs de l’armée et, par conséquent, exercent le plus d’influence dans l’État. Les Pachtounes représentent aussi une portion importante de la population du pays avec le maintien de la ligne Durand coloniale par le Pakistan qui coupe le territoire des Pachtounes en deux entre le Pakistan et l’Afghanistan. En outre, des milliers de réfugiés pachtounes ont fuient les guerres en Afghanistan pour s’installer au Pakistan depuis 1979. Il y a aussi les Sindhis dans le sud-est, où est située la ville la plus importante du Pakistan : Karachi. Finalement, il y a les Baloutches.
Les Baloutches
La subdivision du Baloutchistan se situe dans l’ouest du Pakistan, mais le territoire entier des Baloutches inclut aussi une portion dans l’est de l’Iran et une dans le sud de l’Afghanistan. Dans sa totalité, le Baloutchistan est à peu près grand comme la France. Les Baloutches se sont installés dans cette région aride et montagneuse pour vivre à l’abri de la domination étrangère. Il y a aussi d’autres petites nations qui se sont installées dans la région pour la même raison et qui ont toujours vécu en paix avec les Baloutches tel que les Hazaras, qui sont actuellement victimes d’une campagne génocidaire agressive à cause de leur version de l’Islam par des islamistes qui ont aussi une carte blanche de l’État.
La fin de la colonisation britannique a donné naissance à un Baloutchistan libre en 1947 avec un système politique féodal traditionnel qui unifie toutes les tribus de la nation. L’autodétermination du peuple baloutche ne durera que neuf mois. Sous la direction du « père » du Pakistan, Muhammad Ali Jinnah, le chef de la nation baloutche était forcé à la pointe du fusil de signer un accord qui joint le Baloutchistan au Pakistan. L’annexion du pays en 1948 est justifiée avec le mythe du « pays des musulmans ». Selon ce mythe, le Pakistan est un don de Dieu. Il n’appartient à aucun peuple et est créé pour les musulmans, et puisque les Baloutches sont aussi des musulmans, leur place est au sein du Pakistan. La subdivision du Baloutchistan représente presque la moitié du territoire du pays et est la plus riche en ressources naturelles. Pourtant, elle est aussi de loin la moins peuplée et développée. Selon les statistiques pakistanaises, 71 % de la population au Baloutchistan vit en pauvreté pendant que le taux national est 39 % et 31 % au Punjab. La relation entre l’État pakistanais et le Baloutchistan est représentée très bien par le cas du champ de gaz de Sui. Ce champ de gaz au Baloutchistan représente la source de gaz naturel la plus importante du pays depuis le début de son exploitation en 1955. Pourtant, en 2020, il n’y a toujours pas de réseau de gaz naturel au Baloutchistan. Le gaz est directement exporté vers l’est du Pakistan, où se trouvent les grandes métropoles.