Ce samedi 21 novembre, à Guatemala City (capitale du pays) et dans plusieurs autres villes du Guatemala, d’immenses manifestations ont eu lieu contre l’adoption par le gouvernement du budget 2021. Au cours de ces manifestations, des milliers de personnes ont pris d’assaut et incendié le Parlement du pays.
Le peuple veut la chute du gouvernement !
La colère du peuple guatémaltèque est très largement dirigée contre le Président du pays, Alejandro Giammattei, au pouvoir depuis janvier seulement. En effet, il est reproché au Président d’avoir donné son aval au vote d’un budget 2021 de 10,9 milliards d’euros, le plus important de l’histoire du pays, et si le peuple guatémaltèque conteste ce budget, c’est car dans un pays où la corruption est omniprésente, il est très fort probable que ces augmentations budgétaires ne finissent dans les poches de patrons et politiciens corrompus et à la solde des États-Unis. De plus, dans un pays déjà totalement dominé par l’impérialisme, l’endettement massif que prévoit ce budget est un pas de plus vers une domination impérialiste encore plus importante, et il est évident que, in fine, c’est au peuple guatémaltèque que le gouvernement veut faire payer l’addition.
Ainsi, dans un pays où 59% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où la moitié des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition, l’augmentation du budget ne prévoit pas de lutte contre ces fléaux, pas de programmes d’aides sociales, rien pour améliorer les conditions de vie du peuple, mais au contraire des aides pour des entreprises privées, aides dont une partie finira à coup sûr dans les poches de la bourgeoisie impérialiste états-unienne. L’État guatémaltèque continue donc de s’endetter au profit de l’impérialisme, alors même que seuls 15% des 3,2 milliards d’euros déjà empruntés pour faire face à la pandémie de Covid-19 n’ont été effectivement investis pour lutter contre le virus.
Le Guatemala, incarnation parfaite du régime compradore
Le régime guatémaltèque est l’exemple parfait pour illustrer ce qu’est un régime compradore, c’est à dire un régime qui gouverne pour le compte d’une puissance impérialiste étrangère. Dans le cas du Guatemala, la puissance impérialiste, c’est bien évidemment les États-Unis. Ainsi, le pouvoir guatémaltèque s’aligne systématique sur la position des États-Unis et accepte sans broncher toute demande provenant du pouvoir états-unien. En 2018, lorsque Donald Trump a reconnu officiellement Jerusalem comme capitale d’Israël, le Guatemala en a fait de même à peine deux jours après. En 2019, quand Donald Trump a demandé au gouvernement du Guatemala de se déclarer « pays tiers sûr » pour accueillir les demandeurs d’asile afin d’éviter que ceux-ci aillent aux États-Unis, le pouvoir guatémaltèque s’est immédiatement exécuté. La même année, le Guatemala a été parmi les premiers pays d’Amérique Latine à reconnaître officiellement Juan Guaido comme Président du Vénézuéla après la tentative de coup d’État menée par ce dernier avec le soutien des États-Unis.
Le gouvernement du Guatemala gouverne donc pour le compte des États-Unis, ainsi, il n’est pas étonnant que, comme le Chili, le Guatemala ait une des économies les plus libérales d’Amérique Latine. Il n’est pas étonnant non plus que les investissements de l’État bénéficient en tout premier lieu aux entreprises, et donc à la bourgeoisie états-unienne qui exerce un contrôle économique quasi total sur les entreprises de nombreux pays sud-américains.
Dans ce contexte de domination totale de l’État guatémaltèque par les États-Unis, il est impossible pour le Guatemala de se développer, de réduire la pauvreté, d’améliorer les conditions de vie des masses populaires. Le salut du peuple guatémaltèque ne pourra venir que de la révolution, une révolution qui doit en tout premier lieu s’attaquer à l’impérialisme états-unien et permettre au Guatemala de connaître une véritable libération nationale afin de mettre en place un nouvelle démocratie débarrassée de toute domination impérialiste. En descendant massivement dans les rues, en incendiant le Parlement, le peuple du Guatemala a, semble-t-il, posé une première pierre à cet édifice révolutionnaire. Il s’agit maintenant de structurer cette colère populaire, de l’organiser pour lui faire prendre un caractère authentiquement révolutionnaire. Ça, c’est le rôle des communistes guatémaltèques.