Jeudi 19 novembre, Joao Alberto Silveira Freitas, un homme noir âgé de 40 ans, a été battu à mort par deux agents de sécurité de l’entreprise française Carrefour. L’insoutenable vidéo de sa mort, longue de plusieurs minutes, a immédiatement provoqué une vague d’émoi à travers le Brésil, alors que ce meurtre est survenu la veille du très symbolique Jour de la conscience noire.
Dès le lendemain, des soulèvements ont éclaté à l’encontre de l’enseigne Carrefour. A Porto Alegre, ville où ce meurtre a eu lieu, la police a du faire usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes pour disperser les manifestants. À São Paulo, c’est un magasin Carrefour qui a été pris pour cible, des vitres, du matériel et des marchandises ont été détruits par les manifestants. À Rio de Janeiro, un groupe de manifestants a empêché l’accès aux caisses aux clients.
Globalement, des manifestations ont eu lieu dans presque chaque grande ville brésilienne demandant justice pour Joao, mais aussi protestant contre les violences racistes et les importantes inégalités auxquelles le Brésil est en proie.
En effet, un climat raciste est entretenu depuis bien trop longtemps au Brésil par des politiques discriminatoires envers les populations les plus pauvres, qui sont souvent les populations noires ou indigènes. Dans les années 90 déjà, de véritables « groupes d’extermination » constitués de policiers et d’autres agents de l’État faisaient régenter la terreur dans les favélas, récompensés par leur hiérarchie en vu du nombre de « criminels » abattus. C’est ainsi que le 23 juillet 1993, 8 hommes, dormant dans une rue, furent sauvagement massacrés par des policiers dans ce qui restera connu comme le massacre de Candelária. Ces violences perpétrées à l’encontre des communautés pauvres n’ont pas diminué. Entre 2015 et 2019, ce sont 25 000 personnes, presque toutes pauvres et noires qui ont été tuées par les forces de police. Les deux agents de sécurité qui ont tué Joao Alberto Silveira Freitas entretiennent ces tensions, au profit d’une entreprise impérialiste qui a tout intérêt à maintenir un climat de racisme et d’oppression dans la société brésilienne.
Effectivement, Carrefour est régulièrement au cœur de scandales secouant la société brésilienne, en août dernier, un homme décédé a été caché sous des parasols, dans un magasin de l’enseigne pour que celui-ci puisse rester ouvert au mépris le plus complet du défunt et de ses proches. En 2018, Carrefour est encore une fois secoué au Brésil, cette fois-ci par des accusations de mal traitance animale, en plus d’être régulièrement mis en cause pour sa collaboration avec d’importants acteurs de la déforestation en Amazonie. Mais Carrefour reste avant tout une entreprise impérialiste, qui exporte des centaines de millions d’euros de capitaux au Brésil et qui impose un rythme intenable aux entreprises et travailleurs locaux. Il est important de comprendre que les profits engendrés par la filiale de Carrefour au Brésil ne bénéficient en aucun cas aux masses brésiliennes étant donné que ces profits reviennent aux bourgeoisies occidentales impérialistes, et en l’occurence à la bourgeoisie de l’État français. Carrefour est donc un ennemi direct des masses brésiliennes, qui voient en lui l’incarnation d’une bourgeoisie étrangère cherchant à créer des monopoles pour dominer complètement certains marchés.
Nous ne pouvons donc qu’apporter notre soutien au peuple brésilien, victime de l’oppression des bourgeoisies impérialistes et les encourageons à construire le socialisme pour en finir avec l’exploitation capitaliste.