Le gouvernement a annoncé vouloir ouvrir la ligne téléphonique 3919 (violences femmes info) au marché public avant l’été 2021 au détriment des droits des femmes.
Sous couvert de mieux répondre aux femmes victimes de violences, Elisabeth Moreno, ministre déléguée à l’égalité femmes-hommes, souhaite vouloir rendre ouverte le 3919 24h/24h. L’Etat ambitionne de financer la ligne à 100%, contre de simples subventions actuelles à hauteur de 80% à Solidarités Femmes. C’est avec stupeur que Solidarité Femmes, fédération de 73 associations gérant cette ligne jusqu’à présent, aidé par un réseau dispersé d’acteurs sur tout le territoire, avait réclamé une hausse de l’aide financière pour mieux répondre aux besoins de chaque femme et l’ouvrir 24h/24. Aujourd’hui Solidarité femmes demande que la ligne reste subventionnée dans le cadre d’une convention pluriannuelle d’objectifs (CPO) pour rester maître des projets en adéquation avec leurs valeurs féministes. Impossible répond l’exécutif.
Cette mise en concurrence d’un service d’utilité publique va rendre l’accompagnement de ces femmes bien moins pertinent si ce n’est inutile. Toutes les connaissances nécessaires emmagasinées depuis trente ans pour l’écoute, le soutien psychologique, les conseils ainsi que les informations juridiques et sociales sont mises à mal. Il est nécessaire d’avoir un rapport humain empathique de confiance, pour déconstruire les mécanismes de violences sexistes, les stratégies d’inversion de la culpabilité de l’agresseur, comprendre la domination patriarcale et ainsi aider les femmes à se sortir de la spirale des violences conjugales. Le suivi psychologique d’une personne traumatisée nécessite du temps. Comptabiliser le nombre d’appel, chiffrer le temps d’écoute est contre-productif, dévastateur sur le plan humain et montre une fois de plus le mépris avec lequel les bourgeois traitent les femmes, derrière leur revendication de pseudo égalité homme femme, au profit de la valeur marchande.
La mise en concurrence d’associations œuvrant pour la collectivité par l’Etat néolibéral est néfaste à tout point de vue. Les associations n’étant pas là pour faire du profit mais pour rendre un service, les personnes faisant appel à ces associations ne doivent pas être reléguées au rang de consommateurs. Régler des problèmes sociétaux ne doit pas être porté pas des valeurs marchandes mais par des valeurs humaines, ce à quoi un Etat néolibéral ne peut pas répondre. Les associations sont contraintes de se soumettre aux besoins dictés par l’Etat bourgeois et perdent alors tout le sens de leur engagement et de leur activité au détriment de la population et au bénéfice de leur ennemi, l’Etat néolibéral.
Cette déclaration ne fait que montrer la méconnaissance du problème, l’amateurisme des décisions prises impactant la santé physique et psychique de milliers de femmes, de familles et l’incapacité d’œuvrer pour les droits des femmes dans un système capitaliste. Laisser ce numéro ouvert au marché public laisserait les femmes dans une détresse encore plus grande alors que celles-cis, comme le reste de la population, se retrouvent enfermées chez elles, dans des situations de plus en plus conflictuelles, dûes au contexte sanitaire, politique et social actuel, ayant fait augmenter le nombre d’appel à 192% durant le premier trimestre 2020.
A qui les femmes vont-elles pouvoir faire appel dans un système patriarcal toujours plus dominé par les valeurs capitalistes si elles ne peuvent trouver d’interlocuteurs compétents dans les associations, dans le système judiciaire ou bien dans le milieu médical ?
L’émancipation des femmes ne peut se faire dans un système capitaliste ni dans un Etat patriarcal. Luttons femmes et hommes contre cet Etat bourgeois patriarcal, pour l’émancipation des femmes. »