Depuis plusieurs semaines maintenant, nous entendons beaucoup parler de l’article 24 de la loi de sécurité globale. En effet, cet article (suspendu pour le moment) vise à empêcher la population de diffuser des images de violences policières. Si cet article cristallise légitimement la colère des masses populaires, l’article 23 est tout aussi infâme, et illustre bien la façon dont l’État prépara son système carcéral en vue d’années de lutte intense.
L’article 23 de la loi de sécurité globale prévoit que « Les personnes condamnées à une peine privative de liberté pour une ou plusieurs infractions (…) ne bénéficient pas des crédits de réduction de peine (…) lorsque ces infractions ont été commises au préjudice d’une personne investie d’un mandat électif public, d’un militaire de la gendarmerie nationale, d’un fonctionnaire de la police nationale …) ». En clair, l’article prévoit de supprimer les remises de peine pour les personnes condamnées pour des infractions commises à l’encontre de membres des forces de l’ordre ou d’élus.
Bien-sûr, l’objectif de cet article est clair : maintenir en prison le plus longtemps possible toute personne qui s’attaque à des flics ou à des politiciens bourgeois. En cela, l’article vise évidemment les manifestations, les révoltes, les grèves, et tous les évènements de contestation au cours desquels des personnes peuvent légitimement s’en prendre aux flics dans le but de lutter contre l’infâme système capitaliste-impérialiste dont les policiers sont les chiens de garde.
Alors que la justice bourgeoise est déjà expéditive et extrêmement répressive à l’encontre de toutes celles et ceux qui luttent contre le capitalisme, cette loi va donc encore renforcer cela, et nous pouvons être certains que les juges et les flics sauront utiliser cet article de loi à leur avantage. En effet, il est très fréquent que les flics accusent de façon mensongère des innocents de violences ou d’outrages dans le but de récupérer des dommages et intérêts ou dans le but d’envoyer ces personnes derrière les barreaux. Avec ce nouvel article de loi, nous pouvons être certains que ces pratiques seront de plus en plus fréquentes, et que lorsqu’ils arrêteront des militants pour des faits ne rentrant pas dans le champ d’application de cet article 23, les flics n’hésiteront pas à ajouter un outrage inexistant à l’affaire dans le but de faire sauter les réductions de peine à la personne condamnée.
Par ces réformes qui se multiplient, mais aussi par la construction de nouvelles places de prison, l’État se prépare donc aux années qui viennent. Nous le savons déjà, la lutte des classes ne va faire que s’intensifier au sein de l’État français dans les années à venir. Le pourrissement de l’impérialisme français, les crises économiques amplifiées par la crise sanitaire, les reformes antisociales qui se multiplient et le renforcement des organisations révolutionnaires comme les Jeunes Révolutionnaires, sont autant d’éléments qui promettent des années intenses de lutte. Alors, l’État se prépare tout naturellement à essayer d’écraser ces révoltes. C’est pourquoi, comme il l’a fait au cours du mouvement des gilets jaunes, il s’apprête à mettre en prison le plus de militants possible. L’État espère ainsi, par cette répression de plus en plus féroce, contrecarrer les révoltes populaires et maintenir le plus longtemps possible le système capitaliste. Seulement, l’État ne comprend pas que même avec toute la répression du monde, il ne pourra que retarder sa chute, mais il ne pourra jamais l’empêcher.
L’État ne comprend pas non plus qu’un militant révolutionnaire derrière les barreaux n’arrête pas de militer, mais il adapte juste ses modes de militantisme à l’environnement carcéral, comme l’ont fait les prisonniers politiques du Parti Communiste du Pérou dans les années 1980 et 1990 en profitant de leurs temps derrière les barreaux pour lire des ouvrages de théorie révolutionnaire, pour organiser la vie de la prison selon des principes communistes et pour convaincre d’autres détenus de rejoindre les forces révolutionnaires.
Ainsi, alors que l’État renforce son arsenal répressif pour essayer en vain d’écraser les révoltes, nous, révolutionnaires, ne pouvons voir en cela qu’un signe positif : l’État a peur de la révolution. À nous maintenant de faire de cette peur une réalité.