Netflix est parfois considérée comme une plateforme de diffusion progressiste. En réalité, il ne s’agit que d’un libéralisme commercial. Plusieurs polémiques ont éclaté ces dernières années, en particulier sur les séries « Chroniques de Bridgerton » et « Lupin », à propos desquelles la plateforme est accusée de blackwashing (c’est à dire de mettre en avant la diversité ethnique uniquement à des fins commerciales). Cette critique de Netflix est sûrement fondée. Pourtant, le fait que le personnage principal soit un homme noir, fils d’immigré sonne très juste.
La série Lupin est une adaptation française des films de super-héros, même si ce n’est pas la prétention initiale. Le jeune Assan perd son père, accusé à tort d’un vol dans la maison du maître pour lequel il est chauffeur particulier. Mais le racisme est dénoncé de manière plutôt fine. Son père, un immigré qui élève seul son fils, n’est pas accusé simplement parce qu’il est noir, mais également pour son appartenance aux classes populaires.
Il y a d’ailleurs une blague récurrente à ce propos. En effet, Assan a reçu de son père un livre, « Arsène Lupin », de Maurice Leblanc, auquel il s’identifie. Il reprend les codes du personnage d’Arsène Lupin, de manière adaptée à la société Française du XXIe siècle. Hassan est noir, et doit souvent se faire passer pour un bourgeois de l’aristocratie mondaine parisienne, ce qui provoque l’étonnement de ceux qui le voient arriver, ne voyant en lui qu’un homme des classes populaires.
L’aspect de transfuge de classe et d’identification à la classe ouvrière est prégnant dans les cinq épisodes ; et le racisme également, mais de manière beaucoup plus fine qu’habituellement dans ce genre de série. Il ne s’agit pas évidemment d’une série révolutionnaire, et on sent que la série cherche à nous faire penser qu’il serait possible de réformer la police et de mettre fin au racisme, sans changer le système…. mais tant pis.
En arrière plan, la série reprend les codes des séries de super-héros ce qui permet un certain nombre de deus ex-machina et autres résolutions fabuleuses de problèmes posées par la série, ce qui lui permet une beaucoup plus grande liberté scénaristique et un aller-retour permanent entre littérature française classique, identification marvellienne, et société du XXIe siècle, de manière très réussie.