Exemplaire. Voilà comment nous pourrions désigner, en un seul mot, le mouvement de grève qui a touché toutes les raffineries Total de France les 3 et 4 février. En effet, par cette grève, les travailleurs et travailleuses des raffineries ont fait vivre la solidarité ouvrière, car la principale motivation de leur grève n’était pas de défendre leurs propres conditions de travail, mais bien de soutenir leurs collègues de la raffinerie de Grandpuits, menacés de licenciement.
Total, l’une des plus grandes multinationales françaises, qui fait des milliards de bénéfice, souhaite restructurer la raffinerie de Grandpuits, située en Seine et Marne. Le motif avancé pour cette restructuration est la transformation du site en raffinerie d’agro-carburants, prétendument pour des raisons écologiques. Pourtant, il s’agit en réalité ici de greenwashing (c’est à dire que Total essaye de s’acheter une image d’entreprise écologique), car Total ne fait que délocaliser le raffinage du pétrole dans des pays où les normes sociales et environnementales sont moins strictes. Ce projet menace 150 emplois directs, et 700 emplois indirects. Alors, du 4 janvier au 12 février, les ouvriers du site ont mené une grève illimitée pour défendre leur emploi. Au cours de leur grève, les ouvriers ont multiplié les actions coup de poing. À plusieurs reprises, ils se sont rendus, au siège de Total, en banlieue parisienne. Le 9 février, ils ont notamment essayé d’envahir les lieux, mais ils en ont été empêchés par des policiers.
Pour l’heure, les autres raffineries Total ne sont pas concernées par de tels projets de restructuration. Ainsi, le mouvement de grève des 3 et 4 février a eu lieu uniquement en solidarité avec ceux de Grandpuits. Cela montre une réelle solidarité ouvrière, loin des logiques corporatistes et individualistes qui sont parfois prônées par certains bureaucrates syndicaux, qui considèrent que les ouvriers ne doivent se mettre en grève que pour défendre leurs propres intérêts, et éventuellement ceux des ouvriers travaillant sur le même site qu’eux. La CGT FNIC (Fédération Nationale des Industries Chimiques) et les milliers d’ouvriers des raffineries s’opposent clairement à cette logique et envoient un message fort à la bourgeoisie : la classe ouvrière est une classe unie, et un ouvrier n’est pas seulement un travailleur de l’usine dans laquelle il travaille, mais bien un membre de toute la classe ouvrière.
Aujourd’hui, alors que, dans une période de crise générale de l’impérialisme, la bourgeoisie multiplie les attaques contre les droits des travailleurs, il est plus que jamais temps de prendre exemple sur les ouvriers des raffineries et de briser la logique corporatiste qui divise la classe ouvrière et bénéficie, en fin de compte, uniquement à la bourgeoisie. Il est absolument nécessaire de travailler à l’unité du prolétariat pour contre-attaquer, pour nous opposer frontalement aux attaques de la bourgeoisie et pour préparer la révolution qui permettra aux travailleurs de prendre le pouvoir et de transformer radicalement la société.