Le 16 février 2019, à Kherrata, en Algérie, la première grande manifestation du Hirak avait lieu. Dans les jours qui ont suivi, le mouvement a pris une ampleur immense, jusqu’à renverser du pouvoir Abdelaziz Bouteflika au mois d’avril. C’était il y a deux ans, et depuis, rien n’est terminé en Algérie.
Le Hirak, c’est avant tout un mouvement de masse de très grande ampleur avec, au plus fort, des millions et des millions de manifestants partout en Algérie. Il faut bien dire que la colère du peuple algérien était totalement légitime : Abdelaziz Bouteflika, déjà au pouvoir depuis 1999, a annoncé en décembre 2018 se présenter pour un nouveau mandat présidentiel. Cette annonce a été la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà bien plein. En effet, l’Algérie, depuis son indépendance administrative en 1962, est restée une semi-colonie de l’État impérialiste français. L’État français pille encore aujourd’hui une partie considérable du gaz algérien, et les entreprises françaises sont nombreuses à investir dans le pays pour générer du profit, au détriment des entreprises algériennes qui se retrouvent sous domination française.
Abdelaziz Bouteflika, en bon Président compradore – c’est à dire gouvernant pour le compte de la puissance impérialiste française – ne s’est jamais opposé à cette domination impérialiste de l’Algérie par la France. Le clan Bouteflika était donc un clan corrompu, qui vivait dans le luxe pendant que la population algérienne subissait le chômage, la pauvreté et de difficiles conditions de vie. Sous la gouvernance de Bouteflika, une simple critique du régime pouvait conduire en prison, et c’est notamment ce qui est arrivé à plusieurs habitants de Tizi qui, quelques semaines avant le déclenchement du Hirak, ont déployé des banderoles contre le 5ème mandat de Bouteflika.
Le mouvement du Hirak ciblait donc tant le gouvernement algérien que la puissance impérialiste française. En effet, que ce soit en Algérie ou en France lors des manifestations organisées par la diaspora algérienne, de très nombreux algériens revendiquaient le retrait de l’impérialisme français de leur pays. Nous avons donc pu voir des slogans tels que « Macron occupe toi de tes gilets jaunes » ou encore « Macron dégage » dans les rues algériennes.
Aujourd’hui, alors que Bouteflika est tombé, poussé dehors par la rue, pas grand chose n’a changé dans le régime algérien. Lors des élections, seuls des membres du clan Bouteflika ont pu se présenter, et le régime est resté profondément corrompu, réactionnaire et compradore. La population n’a toujours pas le droit de critiquer le régime, en témoigne l’incarcération de Walid Kechida, un jeune militant condamné pour s’être moqué du régime et du Président Tebboune (successeur de Bouteflika), sur les réseaux sociaux.
Pour autant, le Hirak a donné un nouveau souffle aux luttes du peuple algérien, et aujourd’hui, rien n’est terminé dans le pays. Ce grand mouvement social, qui a eu lieu à un moment où, partout à travers le monde, des peuples se révoltaient, a donné confiance aux masses populaires algériennes en leur capacité à lutter contre la corruption, contre l’impérialisme, pour un avenir meilleur. La faible participation aux élections présidentielles de 2019 (moins de 40% de votants) a démontré que le peuple algérien n’est pas dupe, qu’il ne croit pas aux fades promesses de changement de Tebboune, qui est un membre du clan Bouteflika. Ces élections de 2019 n’étaient donc qu’une vaste mascarade servant à légitimer le régime, à essayer tant bien que mal de faire croire aux masses populaires algériennes que le Hirak peut désormais prendre fin puisque le régime a changé.
Tout cela n’a absolument pas convaincu le peuple algérien puisque, depuis les élections présidentielles, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans le pays. Ce lundi 22 février, une grande manifestation a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes à Alger pour célébrer les deux ans de l’immense manifestation qui, le 22 février 2019, a permis au Hirak de réellement prendre une très grande ampleur. Ailleurs en Algérie, de grandes manifestations ont également eu lieu ce 22 février 2021. Tout cela nous prouve que, deux ans après, rien n’est terminé en Algérie, et que les masses sont encore déterminées à lutter pour changer les choses.