Entre juillet et décembre 2020, d’importantes mobilisations de masse contre la junte militaire au pouvoir et la monarchie ont eu lieu en Thaïlande. Depuis le début du mois de mars, les protestations ont repris suite à l’arrestation de quatre leaders du mouvement.
Le régime thaïlandais est un régime ultra réactionnaire, dirigé par l’armée et la famille royale. Le premier ministre du pays, Prayut Chan-o-cha, un militaire, est arrivé au pouvoir en 2014 par un coup d’État soutenu par le roi. Depuis, avec l’armée et la monarchie, il dirige le pays d’une main de fer, n’hésitant pas à faire enfermer toutes celles et ceux qui osent s’opposer au régime. C’est ainsi que le Parti du Nouvel Avenir, un parti d’opposition, a été dissous par la Cour Constitutionnelle en février 2020, ou encore qu’une femme a été condamnée à 43 ans de prison pour « crime de lèse-majesté » en janvier 2021.
C’est précisément contre l’article 112 du code pénal, qui prévoit de très lourdes peines de prison pour toute personne qui ose critiquer la monarchie, que les masses de Thaïlande se révoltent. Compte tenu de la nature du régime thaïlandais, corrompu, anti-populaire, dirigé par des politiciens opportunistes qui sont à la fois des haut gradés de l’armée et des hommes d’affaire richissimes, cette révolte est totalement légitime. En effet, dans un pays où près de 10% de la population vit avec moins de 2,50€ par jour, et où des millions de personnes ont du mal à se nourrir et se loger correctement, il est évident que la riche famille royale, vivant dans le luxe et l’opulence, est l’ennemie des masses populaires.
Alors, ce samedi 20 mars, une immense manifestation a rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Bangkok, capitale du pays. Les masses thaïlandaises ont affronté la police pendant plusieurs heures, revendiquant principalement l’abrogation de l’article 112 du code pénal, la libération des prisonniers politiques et la fin du régime de junte militaire qui gouverne le pays depuis 2014.
Ce mouvement de révolte dans le pays semble être une première étape nécessaire pour l’émancipation des masses populaires thaïlandaises qui, en attaquant leur régime, attaquent indirectement l’impérialisme. En effet, la Thaïlande est une semi colonie, un pays pris en étau entre d’un côté les États-Unis qui se sont historiquement appuyés sur la monarchie et l’armée thaïlandaise pour mettre en place leur politique anti-communiste en Asie, et de l’autre le Japon, principal investisseur dans le pays, qui dispose de 86 milliards de dollars de stocks d’investissements en Thaïlande. Ce n’est ainsi pas pour rien si depuis 2017 Donald Trump a mis en place une politique de rapprochement entre les États-Unis et la Thaïlande, car le pays présente un intérêt stratégique important dans le découpage impérialiste du monde, dans une région du monde où tout est en mouvement. De son côté, le Japon se satisfait très bien du régime thaïlandais qui, en réprimant férocement les masses populaires thaïlandaises en lutte, protège la stabilité des intérêts de la bourgeoisie impérialiste japonaise dans le pays.
Alors que la crise générale de l’impérialisme, accentuée par la crise sanitaire, plonge encore plus dans la misère des pans entiers du peuple thaïlandais, par leurs récentes mobilisations, les masses populaires thaïlandaises ont porté des coups au système impérialiste, car attaquer un régime collaborant avec une puissance impérialiste (ou plusieurs dans le cas de la Thaïlande), c’est de fait attaquer indirectement le système impérialiste.