Récemment, le gouvernement du Royaume-Uni a entamé un processus visant à modifier la législation sur les manifestations. Le projet de loi en question prévoit notamment de laisser libre appréciation à la police de disperser n’importe quel rassemblement ou manifestation, y compris si aucune violence n’a été commise. Le texte vise également à punir de dix ans de prison la dégradation de mémoriaux, dans le but d’éviter que des statues soient déboulonnées. En effet, dans le cadre des manifestations Black Lives Matter du printemps 2020, à Bristol, des manifestants avaient détruit une statut d’Edward Colston, un marchand d’esclaves.
Face à cette infâme loi, les masses populaires britanniques ne se laissent pas faire et d’importantes manifestations ont eu lieu. Rassemblés autour du slogan « kill the bill » (tuer le projet de loi), des milliers de personnes ont manifesté dans différentes villes anglaises. Par endroits, ces manifestations ont pris un tournant violent, les masses affrontant directement la police du vieil État réactionnaire britannique. Ainsi, à Bristol, le dimanche 21 mars, des émeutes ont éclaté autour d’un commissariat de police. Deux policiers ont été blessés et au moins un fourgon des forces de répression a été brûlé. Depuis, les manifestations se poursuivent un peu partout en Angleterre, et c’est à Bristol qu’elles ont le plus d’ampleur.
Ce projet de loi ressemble fortement à la « loi de sécurité globale » que le gouvernement de l’État français cherche à imposer. Dans un contexte d’importante crise économique, sanitaire et écologique, qui ne sont que des symptômes de la crise généralisée de l’impérialisme, les vieux États se sentent en danger et sont ainsi contraints d’augmenter le niveau de répression face à des masses populaires de plus en plus combattives, en témoignent les révoltes qui ont secoué de nombreux pays ces trois dernières années. Ainsi, que ce soit en Angleterre ou en France, ces loi répressives ne sont pas des « dérives autoritaires » mais bel et bien l’évolution logique de régimes confrontés à des mouvements de révolte de plus en plus importants ces dernières années. Même l’Angleterre, pays où la lutte des classes est loin d’être la plus intense en Europe, n’est pas épargnée, en témoignent les importantes manifestations Black Lives Matter du printemps 2020.
En Angleterre comme en France, la combativité des masses populaires face à ces réformes répressives témoigne d’une intensification significative des contradictions de classes. En 2015, quand le gouvernement de François Hollande avait fait passer la « loi renseignement », étendant largement les prérogatives des services de renseignement, il n’y avait eu que très peu de réactions, tout au plus quelques timides manifestations. À l’automne 2020, la loi de sécurité globale proposée par la majorité LREM à l’Assemblée Nationale a déclenché de très importantes manifestations, avec au plus fort plus de 500 000 personnes partout en France et d’importants affrontements de masse dans différentes villes, notamment Paris et Lyon. En Angleterre, c’est la même chose, et les manifestations « Kill the bill » témoignent de cela.