Au cours des dernières semaines, les attaques d’Israël sur la Palestine se sont intensifiées. Face aux frappes aériennes dévastatrices d’Israël et à plus de 200 morts palestiniens et des centaines d’autres blessés, les États impérialistes ont soit soutenu les forces israéliennes, soit condamné les deux parties du « conflit », tout en ignorant la contradiction de l’occupation coloniale d’Israël sur le peuple palestinien.
La nouvelle vague de protestations a été déclenchée à la mi-avril après que la police israélienne ai barricadé la Porte de Damas à Jérusalem, un lieu de rencontre populaire pour les musulmans pendant le mois du Ramadan, lorsque les Palestiniens rompent le jeûne au coucher du soleil. L’État réactionnaire a utilisé la pandémie de COVID-19 comme excuse pour la deuxième année consécutive pour restreindre et insulter délibérément les pratiques religieuses et culturelles des Palestiniens.
En outre, un groupe de 300 colons israéliens extrêmement réactionnaires a défilé dans le secteur de la mosquée al-Aqsa, l’un des lieux les plus sacrés pour les musulmans, en scandant « Aujourd’hui, nous allons brûler les Arabes » et « Mort aux Arabes ». En réponse, les Palestiniens ont affronté les colons et la police, lançant des pierres et des bouteilles en verre tandis que la police tirait des grenades assourdissantes, des balles en caoutchouc et utilisait des canons à eau sur les manifestants, blessant plus de 100 personnes et en détenant au moins 50. Après trois jours de manifestations consécutives, la police a dû autoriser les Palestiniens à se rassembler devant les portes de Damas, où ils ont détruit les barricades de la police et subi une nouvelle répression de la part de l’État.
Ajoutant de l’huile sur le feu, l’expulsion de familles palestiniennes du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est a également été un point d’orgue majeur dans la lutte. L’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, une zone censée être sous la juridiction de l’Autorité palestinienne, s’est poursuivie sans relâche sous toutes les administrations récentes, alors que les Palestiniens continuent d’être déplacés hors de chez eux.
L’étincelle finale qui a transformé les protestations combatives en actions armées à grande échelle s’est produite le 10 mai, lorsque l’armée israélienne a envahi la mosquée al-Aqsa, attaquant les personnes qui s’y trouvaient avec des gaz lacrymogènes et des grenades désencerclantes, dans le but d’évacuer les musulmans palestiniens pour que les rassemblements de la « Journée de Jérusalem », qui commémore l’occupation israélienne de Jérusalem-Est, puissent se tenir.
Alors que le peuple palestinien continuait à résister, le Hamas, qui gouverne la bande de Gaza, à l’ouest d’Israël, a lancé un ultimatum aux forces israéliennes pour qu’elles se retirent de la mosquée à 18 heures au plus tard. Depuis lors, la résistance du peuple palestinien, tant en Cisjordanie qu’à Gaza, n’a fait que s’intensifier.
L’armée israélienne a répondu en lançant des bombardements aériens brutaux, qui ont fait plus de 200 morts parmi les Palestiniens, dont de nombreux enfants, et décimé des bâtiments dans toute la bande de Gaza, dans une démonstration qui rappelle les attaques impitoyables d’Israël en 2014. En outre, on estime que plus de 72 000 personnes ont été déplacées en raison des bombardements, et qu’environ 2 500 personnes ont vu leur maison détruite. Dans la nuit du 18 mai, 122 bombes ont été larguées sur Gaza en seulement 25 minutes. Le Hamas a répondu aux frappes aériennes par de nouveaux tirs de roquettes.
Le 15 mai, Israël a délibérément bombardé l’immeuble al-Jalaa dans la ville de Gaza, qui abritait 60 appartements résidentiels et plusieurs bureaux, dont ceux de l’Associated Press (AP) et d’Al Jazeera Media Network. Selon les deux sociétés, le propriétaire de l’immeuble, Jawad Mahdi, a supplié pour avoir plus de temps pour évacuer l’immeuble après qu’Israël l’ait informé une heure à l’avance qu’il serait détruit, bien que l’immeuble n’ait qu’un seul ascenseur en état de marche. Mais sa demande a été rejetée. Dans une déclaration officielle sur l’attaque, l’AP a déclaré que « Le monde en saura moins sur ce qui se passe à Gaza à cause de ce qui s’est passé aujourd’hui. »
Le 17 mai, une frappe aérienne israélienne a détruit la seule clinique de Gaza spécialisée dans les tests Covid-19, ainsi que d’autres cliniques et installations médicales. La principale route menant au plus grand centre médical de Gaza, l’hôpital al-Shifa, a été touchée intentionnellement par des bombardements israéliens. Par conséquent, même lorsque les équipes de secours parviennent à sortir des victimes des décombres en vie, de nombreux blessés n’arrivent même pas à l’hôpital.
Même dans les villes qui sont occupées par Israël depuis des décennies, et qui voient rarement des manifestations combatives comme celles de la Cisjordanie, les Palestiniens se sont soulevés contre l’État, parfois rejoints par certains Israéliens juifs en solidarité. Des villes comme Lod, Jaffa (Tel-Aviv), Nazareth et d’autres connaissent aujourd’hui des soulèvements comme on n’en avait pas vu depuis des années, avec des incendies et des attaques contre les symboles de l’État israélien. Les autorités ont décrété l’état d’urgence dans la région et ont depuis instauré des couvre-feux, pendant qu’elles envisagent de faire appel à des forces armées supplémentaires pour réprimer le soulèvement.
La chercheuse et écrivaine palestinienne Mariam Barghouti a déclaré à Al Jazeera : « Ce qu’Israël fait, c’est essayer d’achever ce qui a commencé en 1948 », et que « la Nakba est en cours ». C’est une référence au début de la colonisation et de l’occupation sionistes de la Palestine, connue en arabe sous le nom de Nakba (« la catastrophe »), lorsque plus de 700 000 Palestiniens ont été expulsés de leurs terres.
Le 18 mai, des millions de Palestiniens de Cisjordanie, de Jérusalem-Est et des territoires occupés ont publié une déclaration commune et un appel unifié à la grève générale. Le comité de grève a déclaré que l’objectif de l’action était de protester contre « l’agression israélienne contre notre peuple dans la bande de Gaza, à Jérusalem, dans la mosquée al-Aqsa et le quartier de Sheikh Jarrah. »
Les travailleurs palestiniens des écoles, des banques, des entreprises, des magasins, des institutions officielles et du secteur de la construction ont participé à la grève de Karameh, qui signifie « dignité » en arabe. L’objectif central, qui était de démontrer une unité solide du peuple palestinien, a été atteint, concrétisant le slogan populaire : « De la mer au Jourdain, Palestine libre ! », en référence au territoire palestinien qui s’étend de la mer Méditerranée, sur la côte de la bande de Gaza, au fleuve Jourdain, à la frontière de la Jordanie. Ce slogan trouve son origine dans l’Organisation de Libération de la Palestine, organisation révolutionnaire palestinienne née en 1964.
Dareen Tatour, poétesse et militante palestinienne, a déclaré que la grève générale mettait en évidence le fait que « les hôpitaux israéliens sont dirigés par un grand pourcentage de médecins palestiniens et que l’économie israélienne dépend des travailleurs palestiniens. » Dareen a rajouté que malgré la possibilité que de nombreux travailleurs palestiniens soient licenciés pour avoir rejoint la grève, « c’est tout ce que nous avons – des grèves, des protestations et des manifestations, et le plus important de tous, la volonté de faire face à l’occupation. »
Les actions combatives armées et non armées continuent de s’étendre et de s’intensifier dans toute la région occupée et dans la bande de Gaza, qui est en état de siège depuis des décennies, alors que l’État israélien s’efforce de contenir la fureur des masses à l’intérieur et à l’extérieur d’Israël. Leur seule réponse a été une vague de répression sauvage et un bain de sang, et pourtant toute cette destruction et cette mort n’ont pas endigué les vagues de résistance. Dans le monde entier, des milliers de personnes ont manifesté en solidarité avec les soulèvements palestiniens.
Alors que les médias sont prompts à lancer des appels à des « dialogues de paix », à une solution à deux États, ou à demander aux forces de défense israéliennes de réduire leurs tactiques brutales, la vérité est que rien ne peut résoudre ce conflit si ce n’est la révolution. Il est facile de pointer du doigt l’expulsion de familles palestiniennes ainsi que la violente répression policière aux Portes de Damas et à la mosquée al-Aqsa comme étant la source de ces soulèvements, mais ce ne sont que les plus récentes étincelles qui ont allumé le feu à travers le pays. Seule une lutte acharnée et militante contre le colonialisme israélien et les puissances impérialistes qui le soutiennent peut conduire le peuple palestinien vers sa libération méritée.
Voir (en anglais et portugais) :