Sous le quinquennat de Macron, une tendance de fond de la politique bourgeoise française s’est accentuée. Nous voulons parler du rapprochement ouvert entre les mouvements historiques de la droite française et le Rassemblement National.
Il y a 20 ans, en 2002, Chirac, candidat de droite, refusait de débattre avec le Front National, et était à deux doigts de dénoncer le fascisme. Déjà à l’époque, cette position était opportuniste, car Chirac avait comploté avec le FN à l’époque de ses aventures à la mairie de Paris. Aujourd’hui, le numéro 2 du parti « Les Républicains » (LR), Guillaume Peltier, affirme « Moi, je ne me lève pas le matin contre le Rassemblement National ».
A la fin du mois de Mai, Peltier a multiplié les interventions sympathisantes à l’égard du Rassemblement National. Après avoir sous entendu qu’il préférait Le Pen à Macron dans une interview pour Valeurs Actuelles, il a fait les louanges du maire de Béziers, Robert Ménard, connu pour ses nombreuses prises de position racistes et sa proximité du RN.
En addition, Peltier s’est montré favorable à des cours de justice qui suspendent l’État de droit (à but « anti-terroriste ») et à d’autres mesures qui vont à l’encontre du statu quo de la démocratie bourgeoise dans laquelle nous vivons. Elles s’apparentent à des décisions que peut prendre un gouvernement fasciste. La position de Peltier au sein du parti Les Républicains n’est pas encore hégémonique, puisqu’elle a été timidement condamnée par la frange modérée du parti.
Mais la plupart des « libéraux » sont déjà partis de LR depuis longtemps : Pécresse, Juppé, et même Christian Estrosi, qui n’est pas connu pour ses positions modérées en tant que maire de Nice, ont quitté le parti. Depuis plusieurs années, de multiples signaux, événements et déclarations actent d’un rapprochement d’une frange grandissante de la droite conservatrice française avec le Rassemblement National et le fascisme. En 2017, Nicolas Dupont-Aignant, qui faisait la course en solitaire loin de la majorité Les Républicains, avait rallié Le Pen au 2ème tour des présidentielles. En 2019, la « Convention de la droite » était organisée par Marion Maréchal Le Pen et voyait défiler des personnalités de la droite et de l’extrême-droite. La même année, Thierry Mariani, politicien de droite depuis 40 ans, quittait LR pour être membre de la liste du RN aux élections européennes. Aujourd’hui, c’est le numéro 2 du parti qui semble acter la transformation de son organisation en relais du RN.
Car l’espace politique est désormais bouché pour la droite traditionnelle. Une candidature aux présidentielles de Xavier Bertrand, qui a quitté LR en 2017, est jugée trop proche du gouvernement de Macron par la ligne dure. Et le gouvernement de Macron, justement, a continué et réalisé les différentes réformes que la droite voulait développer depuis les quinquennats de Chirac puis de Sarkozy : retraites, fiscalité, justice… Il suffit de regarder le gouvernement actuel. Castex, Le Maire, Darmanin… tous viennent de la droite « de gouvernement ». Alors que reste-t-il à cette fraction de la bourgeoisie ? Le ralliement ouvert ou camouflé à la frange la plus réactionnaire : aux fascistes.
C’est cela auquel nous sommes en train d’assister : la ruée vers les positions les plus réactionnaires entraîne inlassablement une partie de plus en plus importante de la bourgeoisie vers le fascisme. Cette situation n’arrive pas par hasard : la crise générale que nous traversons, intensifiée par la crise sanitaire et économique, encourage des bureaucrates comme Peltier à développer de telles positions. La droite française historique a vu ce qu’il est arrivé au Parti Socialiste à « gauche » : pour se sauver, elle est de plus en plus prête à revendiquer ouvertement le fascisme.