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Comme chaque année, le mois de juin s’illustre comme moment de commémoration et de visibilité des personnes LGBTI (Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Transgenres et Intersexes) et de leurs luttes. C’est durant ce mois qu’ont lieu de multiples évènements à travers le monde, comme les célèbres « Prides » ou « Marches des Fiertés » (anciennement « Gay Pride »), des rappels de l’histoire des mouvements de libération LGBTI, des souvenirs des évènements joyeux, comme tragiques.
C’est aussi le mois, où, sortant de leur indifférence habituelle et assumée, les grands groupes commerciaux et capitalistes, tentent chaque année, et de façon plus ou moins subtile, de profiter de l’image de ces luttes pour redorer la leur, se donner une façade « progressiste », tout en ostracisant les aspects politiques et populaires de ces combats, les remplaçant par une tonne d’esthétisation et de discours plats, d’une tolérance molle, afin de peut-être, apaiser certaines personnes dont la colère commençait à s’articuler.
Ces mêmes grands groupes et milliardaires, qui se fichent autant du prolétariat hétérosexuel que LGBTI et qui se sont profondément enrichis durant la crise mondiale du Covid-19 dont nous émergeons à peine (source : Inégalités. Pendant la crise du Covid-19, les milliardaires américains se sont encore enrichis — Fast Company dans Courrier international, 24/07/2020), tandis que, chez nous, dans nos villes, nos quartiers et partout en France, la gestion de la crise sanitaire, empreinte de la logique libérale et « lgbtphobe » du gouvernement, a encore plus mis en danger et précarisé les personnes LGBTI, en particulier les jeunes.
Les associations d’aides, livrées à elles-mêmes par nos institutions, ont dû gérer seules et avec très peu de moyens, la montée en flèche des violences à l’égard des jeunes LGBTI au sein des domiciles familiaux durant la crise (Source France 24), tandis qu’en face, le ministère de l’Intérieur se félicitait de la soi-disant baisse des actes homophobes, chiffres biaisés car ils ne prenaient justement pas en compte les violences intrafamiliales vécues pendant les confinements, mais aussi les violences médicales et d’accès aux soins que les personnes LGBTI ont endurées durant la pandémie. Ces discriminations médico-sociales, se sont traduites par : un plus fort isolement des personnes LGBTI âgées ; des traitements et opérations retardés ou mal organisés, notamment pour les personnes trans, une appréhension à aller se faire soigner ou dépister par peur de l’homophobie ou de la transphobie bien connue de toute une partie du corps médical, etc. (source : LGBT Foundation – Coronavirus impact).
Une fois de plus, les associations se retrouvent seules et démunies face au problème, avec parfois même un frein imposé par l’État réactionnaire, comme ce fut le cas pour cette association AIDES, de Lorient, qui a vu son initiative de proposer des tests de dépistage du Covid aux personnes LGBTI se faire refuser catégoriquement et sans discussion par l’État.
Le problème de fond de ces violences, ne fut pas le virus ou la pandémie en elle-même, mais bel et bien un problème et un enjeu économique et idéologique de la part des institutions. Sa gestion catastrophique de la crise, régie par une réaction et un capitalisme fou, a affecté durement et en premier lieu les milieux populaires, dont les personnes LGBTI.
Cette réaction s’est aussi illustrée cette année, directement dans l’hémicycle, avec les débats sur la PMA (Procréation Médicalement Assistée).
Les politiciens, sous la pression de leurs idées et des habituels ennemis de classe qu’est l’extrême droite et ses adeptes, ont revu à la baisse bon nombre de points du texte de loi (source : TV5 Monde — PMA pour toutes : la France dit oui, ou presque), tout en rejetant la PMA aux couples de femmes dont l’une est trans, accompagnés des rires mesquins d’une bonne partie de l’assemblée (source : Tribune de Libération : En couple avec une femme trans, je suis exclue de la PMA pour toutes. 04/08/2020).
Une fois de plus, ces derniers mois nous prouvent que les luttes LGBTI sont indissociables de la lutte des classes et contre ce système économique qui ne sert que l’intérêt d’une poignée de personnes. Une fois de plus, cela nous prouve qu’il nous faut un système capable d’apporter sans condition, des soins et l’assurance d’une vie décente à l’ensemble de la population. Le mois des fiertés ne doit pas être celui du marketing arc-en-ciel et de la représentation hypocrite et caricaturale des personnes homosexuelles, trans ou intersexes. Il doit être un mois d’organisation, d’éducation, d’actions, de politique et de colère, qui perdure tout le reste de l’année.