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Après plusieurs mois de délibération, la décision a été annoncée formellement le 1er juillet : la Turquie se retire de la Convention d’Istanbul. Cette convention avait été signée en 2011 par de nombreux pays d’Europe. Elle concerne la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. C’est le président turc fasciste, Recep Tayyip Erdogan, qui a décidé de ce retrait avec son parti, l’AKP (Parti de la justice et du développement, le parti au pouvoir). Concrètement, ce texte obligeait les États à établir des lois pour réprimer la violence domestique et d’autres abus contre les femmes, comme le viol conjugal, la mutilation génitale féminine, etc. Erdogan jugeait que ces dispositions « attaquaient les structures familiales protégeant la société ». Une autre manière de dire que pour protéger une vision traditionaliste de la famille, il faut autoriser les violences conjugales les plus détestables.
Face à cette décision, des milliers de personnes, très largement des femmes, ont manifesté à Istanbul en entonnant des slogans comme « On ne nous fera pas taire, on ne nous fera pas peur, on ne nous fera pas plier ». Comme souvent en Turquie, la manifestation était très largement encadrée par la police, et exposait celles et ceux qui y participaient à des représailles. Malgré cela, la mobilisation a quand même eu lieu.
Que nous apprend cette situation en Turquie ? Dans ce pays où 300 féminicides sont commis chaque année, c’est-à-dire où 300 femmes sont tuées parce qu’elles sont des femmes, la situation s’aggrave. En France, ce sont environ 150 femmes qui sont tuées chaque année pour les mêmes raisons. Dans tous les pays du monde aujourd’hui, le patriarcat écrase les femmes, notamment les femmes du prolétariat et du peuple, et les conduit à connaître de la violence patriarcale tout au long de leur vie pouvant aller jusqu’à la mort. Comme la Turquie nous le prouve, la bourgeoisie de chaque pays ne défend pas les droits des femmes, elle les piétine à la première occasion.
En effet, les femmes, qui sont pourtant la moitié de l’humanité et de la classe, font toujours partie des premières attaquées par les réactionnaires. Leurs droits démocratiques sont purement et simplement bafoués. Ces droits, ce sont les libertés supposément conquises par les régimes bourgeois (en France par la Révolution française par exemple). Prenons un exemple des attaques qui sont faites aux droits des femmes. Le droit à disposer de soi et de son corps est considéré comme une liberté fondamentale. C’est l’une des plus vieilles libertés réclamées par les bourgeois, elle figure d’ailleurs dans les droits de l’Homme. Pourtant, combien d’exemples trouve-t-on aujourd’hui où ce droit est piétiné en pratique par les mêmes bourgeois qui le réclament à cors et à cris en théorie ? Les archi-réactionnaires comme Erdogan en Turquie, Modi en Inde, etc. sont des exemples. Dans leurs pays, ils soutiennent les pires violences patriarcales. En France, la persistance de l’impunité dans les cas de viols conjugaux est un autre exemple, parmi de nombreux autres. Au Pérou, lors de la présidence du fasciste Fujimori, dans les années 90, ce sont 300 000 femmes et 25 000 hommes indigènes qui ont subi des stérilisations forcées. Cela avait pour but d’écraser la révolution dans le pays, que les indigènes étaient accusés de soutenir en masse. Les femmes étaient alors visées prioritairement : elles pouvaient mettre au monde de nouvelles et nouveaux révolutionnaires. On voit bien avec ces quelques exemples que les femmes sont en première ligne des poussées réactionnaires de la bourgeoisie, qui peut même aller jusqu’à recourir à des pratiques génocidaires (stérilisations forcées) dans sa répression violente.
Ainsi, ces mêmes droits et libertés que les régimes bourgeois sont censés garantir, ils ne les respectent pas et créent même les outils pour les défaire dès qu’ils en ont besoin. Comment faire pour s’opposer à cela ? Il ne s’agit pas de défendre les conventions et les traités, comme la Convention d’Istanbul. En effet, malgré la signature de ce texte par exemple, les féminicides ont quand même augmenté dans les années 2015-2020 en Turquie. Il n’y a pas de salut à chercher de ce côté là. Non, face à l’attaque réactionnaire sur les droits des femmes, face à la défense libérale impuissante des textes sur les droits de l’homme, nous devons affirmer les droits démocratiques des peuples. Il ne peut pas exister de libération des peuples de l’oppression sans liberté pour les femmes, à commencer par la liberté évidente de ne pas être violentée car l’on est une femme. Cette lutte, qui s’est exprimée à Istanbul en juillet 2021 et résonne partout dans le monde, c’est la lutte du prolétariat et des peuples du monde entier pour leur libération.