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Depuis la mi-juillet, un scandale international agite les médias : il s’agit du « Projet Pegasus ». Derrière ce nom se cache un logiciel espion, développé par une entreprise privée israélienne et contracté par plusieurs gouvernements afin d’infecter des numéros de téléphone de journalistes, avocats, opposants politiques, etc. Plusieurs États, comme le Maroc ou la Hongrie sont impliqués dans cette affaire.
Son existence a été révélée au grand public après une enquête coordonnée par plusieurs médias. Ce scoop a ramené sur le devant de la scène les débats sur la surveillance numérique et les dérives répressives de ces nouvelles technologies. Alors que des formes « sécurisées » de communication se sont multipliées et sont devenues grand public ces dernières années, ce qui démontre la volonté légitime d’un grand nombre de protéger leurs données, ce scandale rappelle que les États parviennent à surveiller au-delà des protections numériques.
En effet, la surveillance et la répression font partie du fonctionnement normal des États, il n’est donc pas étonnant de voir la bourgeoisie hongroise, marocaine et autres chercher à s’équiper pour tracer cette nouvelle forme de communication rebelle qui grandit dans le numérique. Pour autant, il est intéressant de noter que de grands États impérialistes, comme la France, ne sont pas mentionnés dans cette enquête. Comment l’expliquer ? Est-ce que la surveillance n’intéresse pas les services français ?
En réalité, c’est plutôt le contraire. Car ce sujet est pris au sérieux depuis des années par la bourgeoisie des principaux États impérialistes, comme la France, les USA, l’Allemagne, la Russie ou la Chine. Leur dispositif de surveillance est développé en interne, ils n’ont donc pas besoin de contracter une entreprise israélienne pour faire le sale boulot. Tout porte à croire que la surveillance dans ces États est d’ailleurs plus développée que ce que Pegasus peut procurer.
Pourquoi surveiller en masse ? La bourgeoisie justifie cette politique par l’intérêt de la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, et généralement la sécurité de l’État. Au fond, cette surveillance des États, qui vient s’ajouter à la collecte et l’utilisation massive des données privées par les grands monopoles du numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft…), est une mesure préventive de répression à toute remise en cause de l’ordre bourgeois. L’organisation des Gilets jaunes ou d’autres mouvements sociaux français ou internationaux via des réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp…) prouvent le danger qui peut exister si une plateforme est laissée sans surveillance.
Mais l’expression, l’organisation et la révolte des masses parviennent toujours à dépasser la surveillance et la censure. À travers des subterfuges, les masses ont prouvé, depuis 10 ans où cette communication numérique est devenue très importante, leur capacité à mettre en échec la répression des États bourgeois, par le caractère massif de leur mobilisation et leurs astuces pour contourner la surveillance. Sans nul doute, le scandale « Pegasus », en révélant l’ampleur mondiale de ce phénomène, conduira un nombre croissant d’entre nous à adopter de bonnes pratiques dans notre utilisation des communications en ligne.