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L’Organisation Internationale du Travail (OIT), la branche de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dédiée aux questions de l’emploi dans le monde, a annoncé cet été que les femmes avaient été plus touchées que les hommes par les licenciements et les réductions d’heures depuis le début de la pandémie de COVID dans le monde.
En effet, c’est 4,2 % de l’emploi féminin dans le monde qui a été tout bonnement supprimé en 2020, contre 3 % pour les hommes. Surtout, là où le nombre est revenu cette année à son niveau de 2019 pour les hommes, ce ne sera pas le cas pour les femmes. A travers le monde, ce sont 13 millions de femmes qui sont jetées dans le chômage durable, leurs emplois purement et simplement détruits. L’équivalent de la population de la Guinée ou de la Belgique. C’est sur le continent américain que cette destruction des emplois féminins est la plus élevée, avec 9,4 % de femmes en moins sur le marché du travail par rapport à la situation pré-pandémie. La situation touche le monde entier, mais est particulièrement désastreuse dans les pays opprimés, où les États n’ont pas eu la possibilité de « soutenir l’économie » depuis le début de la pandémie.
Au delà de la perte sèche d’emplois, ce sont aussi les femmes qui ont été les plus touchées par les pertes de salaire, les réductions forcées d’heures… En somme, la crise économique commencée fin 2019 a conduit à un énorme renforcement de l’exploitation des femmes à travers le monde entier. C’est la conclusion glaçante que l’on peut faire face à ce rapport de l’OIT.
Qu’est-ce que cela veut dire pour les femmes des masses et du prolétariat à travers le monde ?
Premièrement, les conséquences directes de cette situation sont le renforcement de la misère des femmes les plus pauvres, et de leur position de main d’œuvre corvéable pour les bourgeois. Les prolétaires au chômage sont forcées d’accepter n’importe quel poste afin d’obtenir un salaire et de survivre. Deuxièmement, c’est l’accentuation du travail impayé des femmes. Dans tous les pays, les femmes sont reléguées aux tâches domestiques dans le cadre du patriarcat. Ainsi, cette destruction d’emplois est tout à fait arrangeante pour ceux qui défendent des mots d’ordre réactionnaires comme la relégation des femmes à la gestion du foyer. Cette situation touche avant tout les femmes du prolétariat partout dans le monde, et des masses opprimées, comme les paysannes. En effet, nombreuses d’entre elles en Asie, Afrique, Amérique du Sud etc. étaient semi-prolétaires : elles s’employaient pour un salaire à la ville une partie de l’année, et revenaient travailler au champ lors des saisons de semence et de récolte. Avec la destruction des emplois, cette situation devient impossible ou précaire, et c’est la misère qui guette. Que ce soit lors des guerres ou des crises financières et économiques, la dynamique du capitalisme en crise entraîne toujours avec lui une augmentation de l’oppression faite aux femmes. Ainsi, lors du krach de 2008-2009 aux États-Unis, les femmes prolétaires célibataires avaient fait partie des plus touchées par la crise du logement. Nous voyons le même genre de phénomènes aujourd’hui partout dans le monde.
Alors que les droits des femmes sont attaqués dans de nombreux pays, la pandémie sert donc de prétexte à l’exploitation renforcée des femmes des masses populaires dans le monde entier. La crise économique qui touche le capitalisme-impérialisme partout conduit à des attaques répétées sur tous les aspects de la vie des femmes : leur accès au travail, à l’indépendance, à leurs droits politiques démocratiques, à la protection contre les violences etc. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir tous ces sujets être liés lors des manifestations de masses de femmes. Par exemple, lors de la marche des femmes au Pakistan en 2021, le slogan #PatriarchykaPandemic, en français « Une Pandémie de Patriarcat » a été mis en avant par les manifestantes. Face au patriarcat, cet ennemi mortel, c’est la lutte unie des masses pour leur libération qui est le seul remède.