Le premier quinquennat de Macron, commencé en 2017, touche à sa fin. Depuis la fin de l’été, tout ce qui est annoncé par le président, ce sont bien plus des promesses de campagne, s’il est réélu, que des mesures claires. Mais pendant tout son mandat, Macron a conduit de très nombreuses réformes, c’était même son mot d’ordre ! Oui, mais des réformes pour qui ? Pour le prolétariat et la majorité de la population qui vit en France, ou pour les amis bourgeois de Macron ? Dans cet article, nous allons faire le bilan de ces réformes et exposer leur nature anti-populaire, qui a contribué à faire grossir la détestation de Macron et de sa politique chez énormément de membres du prolétariat.
2017-2018 : une année en continuité avec Hollande
Macron, une fois élu au printemps 2017, installe immédiatement un Premier ministre de droite et une assemblée nationale « renouvelée » avec des chefs d’entreprise, des membres de la « société civile », des « experts »… Mais il ne faut pas oublier que ce « nouveau monde » (c’était le slogan macroniste) est en droite lignée avec le gouvernement du Parti socialiste qui est venu juste avant. Macron avait été ministre de François Hollande, et c’était déjà lui qui était à l’inspiration des réformes sur le Code du travail en 2016.
Lorsqu’il est arrivé à la tête de l’État, Macron a très vite lancé des réformes de ce genre : une nouvelle attaque sur le Code du travail, qui visait à « donner de la visibilité aux entreprises » (il faut lire « rassurer les patrons ») et une ouverture de la SNCF à la concurrence privée pour « améliorer le service » (il faut lire « privatiser les profits et casser le statut cheminot »). De nombreuses contestations syndicales et autres ont eu lieu contre ces mesures, mais le gouvernement a utilisé la police contre ces mouvements. Les médias comme BFMTV, enthousiasmés par la victoire du candidat Macron, ont poussé les points de vue du gouvernement dans l’opinion, en défendant les réformes et en diabolisant leurs opposants, notamment les cheminots. Même « l’opposition », comme Le Pen ou Mélenchon, se tait devant ces réformes, qui avaient déjà été annoncées dans le programme présidentiel de Macron. La suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) est également annoncée. C’est un beau cadeau aux bourgeois, pour récompenser les nombreux riches soutiens du candidat Macron dans sa campagne électorale. Les taxes sur les entreprises diminuent elles aussi. En 2019, la loi PACTE sur la croissance des entreprises donne encore des avantages aux business.
À la suite de ce qui se déroulait avant son accession à la présidence, Macron décide d’appliquer son programme à propos de l’État d’urgence, qui avait été mis en place en 2015 après les attentats. Cette disposition exceptionnelle garantissait des pouvoirs étendus à l’État, à la police, aux forces de sécurité, etc. C’est à partir de ce moment là que nous avons commencé à être fouillés partout à l’entrée des magasins par exemple. Macron avait promis de mettre fin à l’État d’urgence. Effectivement, il l’a fait, mais en intégrant dans la loi de nombreuses mesures de l’État d’urgence. Ce qui était auparavant exceptionnel est, sous Macron, devenu la norme. Par exemple, la surveillance individuelle des individus, la facilitation des perquisitions et des enquêtes ont été conservées. Tout ceci renforce l’appareil de répression de l’État.
2018-2019 : la répression féroce des Gilets jaunes
Macron avançait de manière déterminée dans toutes ses réformes. On lui donne même le surnom ridicule de « Jupiter », au-dessus de tous, au-dessus de la lutte de classes. « Malheureusement » pour lui, la lutte l’a rattrapé, et son gouvernement a subi un grand retour à la réalité. Nous sommes à l’automne 2018, et les taxes sur le carburant mises en place par le gouvernement entraînent un mouvement de contestation : les Gilets jaunes. Ceux-ci bloquent les autoroutes, et en un week-end seulement, deviennent un mouvement de contestation générale contre les bas salaires, le coût de la vie, le gouvernement de Macron, et généralement contre la politique bourgeoise. Le gouvernement, effrayé par la crise, recule sur la réforme. Voilà une preuve que la révolte peut conduire à la victoire.
Face aux Gilets jaunes, Macron décide de lâcher du lest, mais ses petites annonces, soi-disant populaires (augmentation de la prime d’activité pour les salariés au SMIC par exemple) ne répondent pas aux attentes, et la contestation repart de plus belle en janvier et février 2019, alors que tous les médias prédisaient que le mouvement se calmerait avec les fêtes de fin d’année.
Finalement, le gouvernement change de cap et renforce ses attaques contre le peuple en révolte : des centaines d’arrestations et d’incarcérations ont lieu sur ordre direct du ministère de l’Intérieur. Au printemps 2019, une loi « anti-casseurs » est proposée et vient renforcer l’appareil répressif de l’État. Globalement, c’est sous le quinquennat Macron que cette répression s’est largement accentuée.
C’est cette année-là que le Service National Universel (SNU), un programme qui succède au service militaire, est mis en place par le gouvernement. Son objectif est d’enrégimenter la jeunesse française et de mettre en avant la « Nation » dans la vie des jeunes. C’était déjà une promesse de campagne de Macron.
À la fin de l’année 2019, le gouvernement relance deux nouvelles attaques sur le prolétariat et ses conditions de vie : une réforme de l’assurance chômage, qui touche surtout celles et ceux qui n’ont pas d’emploi stable toute l’année, et une réforme des retraites, qui vise en partie à augmenter l’âge de départ à la retraite. Un mouvement de grève s’organise, qui dure tout le mois de décembre et jusqu’au début de l’année 2020. Avec l’émergence de la crise du COVID, le gouvernement recule. Aujourd’hui en 2021, ces deux réformes sont encore poussées par le gouvernement, et Macron, après avoir fait miroiter qu’elle aurait lieu en 2021, a fait annoncer à ses ministres que la réforme des retraites serait repoussée à un éventuel deuxième mandat.
2020-2021 : même dans la crise sanitaire, des réformes contre les plus vulnérables
Comme on l’a déjà rappelé, au beau milieu de la crise du COVID, le gouvernement a rappelé le 1er juillet 2021 sa volonté de faire passer la loi sur l’assurance chômage. Ainsi, Macron n’interrompt pas ses attaques même au cœur de la crise sanitaire.
Si l’on prend les confinements, de nombreux exemples de violences policières ont lieu. Le mouvement Black Lives Matter trouve une expression en France en 2020 dans une opposition générale à ces violences. En parallèle, le gouvernement durcit son discours, et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, défend avec ardeur la police.
Entre 2020 et 2021, deux lois sont proposées et passées qui visent à augmenter les pouvoirs de l’État dans la restriction des libertés publiques : la loi dite « contre le séparatisme » et la loi « sécurité globale ». Ces deux textes renforcent fortement les pouvoirs de l’État dans la répression. La surveillance s’en trouve largement augmentée, tandis que les libertés sont muselées. Même des institutions bourgeoises étrangères et internationales comme des associations, le Conseil de l’Europe ou l’Organisation des Nations Unies (ONU) critiquent ces mesures de l’État français. Des manifestations ont eu lieu contre ces réformes dès leur annonce. Profitant de l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement a bien souvent tenté d’interdire les rassemblements, les mouvements de grève et la contestation.
Face à la crise du COVID, le gouvernement annonce un plan de relance en septembre 2020. Qu’est-ce que ce plan ? C’est une mascarade destinée aux grandes entreprises et orientée sur « l’investissement », c’est-à-dire le sauvetage du capitalisme français par l’État. À l’inverse, pour l’immense majorité de la population, les salaires réels n’ont pas augmenté pendant la période 2020-2021, ils ont même eu tendance à baisser dans les secteurs en crise, où des entreprises ont fermé. Avec la crise, c’est l’inflation, c’est-à-dire l’augmentation des prix, qui pointe son nez. Il est clair que pour le gouvernement de Macron, la « relance de la France » en 2021 ne passe pas par le prolétariat, mais par la bourgeoisie.
Que doit-on en conclure ?
5 ans de Macron, 5 ans de réformes contre le prolétariat et le peuple, 5 ans d’augmentation de la répression, de stagnation du pouvoir d’achat, 5 ans de lutte avec de nombreux mouvements de masse… Voilà ce que nous avons vu dans cet article.
Mais que doit-on en conclure ? Si nous avions eu quelqu’un d’autre à la place de Macron, la situation aurait-elle été différente ? La réponse est non. Comme nous l’avons montré plus haut, Macron s’est placé en continuité avec ceux qui l’ont précédé, malgré ses distances avec la politique et le parti de François Hollande. Il a continué leurs réformes (lois sur le Code du travail de Hollande, vieux projet de la droite française sur les retraites…) et augmenté la répression de l’État, ce qui était aussi le cas dans les quinquennats précédents. Il a aidé à restructurer l’État face à la crise.
Macron n’est pas différent des autres, il est tout simplement le meilleur gestionnaire actuel de l’État bourgeois pour les impérialistes français. C’est leur meilleur gestionnaire car c’est celui qui met en place le plus sûrement leurs réformes : le soi-disant « État providence » social et égalitaire est un mythe ; à sa place, ce que nous avons clairement vu pendant ces 5 ans, c’est un État répressif, qui emprisonne, éborgne, surveille, qui veut nous exploiter plus longtemps, dans de pires conditions, avec de pires salaires. Ces 5 ans de Macron, c’est la preuve que cet État ne peut rien pour les larges masses, qu’il est en crise et mène aux politiques les plus réactionnaires. La campagne électorale qui s’annonce confirme déjà ce constat.