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D’où vient l’État ?
L’État est une composante importante de nos sociétés actuelles. Partout où l’on regarde : la police, l’éducation, les routes, les médias… on trouve sa trace. Mais d’où vient l’État ? Il est apparu avec les premières civilisations antiques en Mésopotamie (actuel Irak), en Égypte, en Inde, en Chine, etc. Cela correspondait au passage à une société divisée entre les classes sociales. Certaines populations sont mises en esclavage et leurs propriétaires doivent organiser la société de façon à garder leur pouvoir. Il fallait que cette situation devienne légitime, c’est ainsi que l’État est né. Il servait à organiser la répression de ceux qui se révoltaient, il inscrivait dans ses lois la domination d’une classe sur une autre. Il a produit toute une culture et toute une philosophie qui servait à justifier l’exploitation. Les représentants philosophiques des exploiteurs étaient, parmi tant d’autres : Aristote en Grèce, Confucius en Chine, etc. Ils proclamaient que les esclaves méritaient d’être des esclaves, car c’était dans la nature des choses ou, car c’était une volonté divine.
Mais l’État esclavagiste n’a pas survécu éternellement. Avec les révoltes des esclaves, le développement des moyens de production, les conditions étaient mûres pour qu’un autre État le remplace, l’État féodal. Au Moyen Âge en Europe ce sont les nobles, propriétaires terriens, les seigneurs, les princes… qui dominent les paysans et les serfs. C’est encore un État de classe, rien n’a changé de ce point de vue : les paysans qui se soulevaient contre l’aristocratie étaient réprimés, l’idéologie des classes dominées était façonnée de façon à accepter leur exploitation, comme le montre le rôle essentiel de l’Église à cette époque.
Dans cette société se développe la bourgeoisie. C’est la partie de la population qui vit et travaille dans les villes, où elle détient des ateliers, des magasins ou des bureaux. Elle s’enrichit dans les villes en commençant à employer des ouvriers grâce aux avancées technologiques. Elle prend de plus en plus de poids et arrive même à contrôler des villes voire des provinces dans la dernière partie du Moyen Âge. L’aristocratie la bridait, l’empêchait de se développer plus encore. Elle devait briser les règles de l’époque féodale. Elle a réussi cela par des révolutions, en France en 1789, en Angleterre au milieu du XVIIIe siècle, et dans le reste de l’Europe au XIXe siècle. Elle instaure alors son pouvoir, ses règles, la fin des privilèges, l’égalité en principe de tout le monde devant la loi, la fin des corporations et bien d’autres choses. Tout ne s’est pas fait en un jour avec la prise de la Bastille : le régime bourgeois ne s’est installé définitivement en France qu’en 1870, mais jusqu’à aujourd’hui la nature de l’État n’a pas changé. La bourgeoisie domine le prolétariat. Pourtant l’État bourgeois nie être un État de classe en expliquant qu’il juge tout le monde de manière égale. En réalité, il protège la propriété privée, le pouvoir des capitalistes, et c’est précisément de là que vient la soumission de tous les ouvriers.
En résumé, l’État, c’est un groupe d’individus qui gouvernent, commandent pour une classe et qui gardent le pouvoir avec un appareil de coercition, de violence.
La forme de l’État
Il existe des États monarchiques ou républicains, des États plus ou moins démocratiques, mais est-ce que cela change réellement leur nature ? Dans l’Antiquité, à Rome par exemple, il y a eu la monarchie, le pouvoir d’un seul. Il y eut aussi la République, le pouvoir organisé autour des élections. Pas le pouvoir de tous les hommes et les femmes, mais seulement tous les hommes propriétaires d’esclaves. Dans les deux cas, les esclaves n’étaient qu’une chose qu’on pouvait posséder et dont on pouvait se débarrasser. Les femmes et les étrangers étaient exclus de la politique. La forme de l’État peut donc changer, mais dans le fond, l’État reste le moyen de domination d’une classe sur une autre. Aujourd’hui, on trouve des républiques (France, Allemagne, etc.), des monarchies (Royaume-Uni), des régimes plus ou moins autoritaires… Est-ce que tous ces États sont fondamentalement différents ? Non, toutes ces formes d’État reposent sur la domination sans partage des capitalistes sur les ouvriers et paysans, partout dans le monde : c’est ce qu’on appelle l’État bourgeois.
Au sein des classes dominantes, il y a des contradictions, des oppositions. Cela se manifeste par l’existence de plusieurs partis politiques qui représentent chacun des fractions de la bourgeoisie. C’est le Parti socialiste, Les Républicains, le Front national, Les Verts, En Marche… Leur point commun c’est qu’ils veulent tous conserver le fond, la société bourgeoise. Ce qui les différencie, c’est la façon de le faire. Et ils s’accrocheront tous à cette société. Quand les prolétaires partout dans le monde se sont levés et ont fait la révolution, ils se sont fait sauvagement réprimer, même par les gouvernements les plus à gauche. Par exemple, la révolution allemande qui a eu lieu en 1918-1919 a été violemment écrasée par les socialistes. La classe dominante s’accroche toujours à son pouvoir et ne le lâchera jamais. C’est pourquoi pour transformer la société, on ne peut le faire par les élections, car on reste dans un système dont les règles sont fixées par la classe dominante. C’est dans la lutte de classes la plus élevée qu’est possible le changement : dans la révolution, la guerre classe contre classe, la guerre populaire.
Quelle est l’alternative à l’État bourgeois ?
L’État bourgeois a l’habitude de mener la guerre : invasions, bombardements, occupations… comme la France le montre régulièrement en Afrique. Face à lui, il ne nous faut pas une guerre sale, une guerre pour les seuls intérêts de quelques-uns. Il nous faut une révolution. C’est une guerre populaire, faite par et pour les opprimées contre la bourgeoisie et ses alliés. Elle est populaire, car elle est dirigée par le prolétariat. La révolution est dans l’intérêt de l’immense majorité de la population aujourd’hui en France et dans tous les pays. Et elle sera prolongée, car on ne peut pas espérer prendre le pouvoir en un éclair ou même en quelques années. Aujourd’hui, les forces du prolétariat et des masses peuvent avoir l’air faibles à première vue. Mais si les masses se lèvent pour la révolution, personne ne peut les stopper, pas même la répression de l’État bourgeois. Par exemple, lors du mouvement des Gilets jaunes, on a pu voir comment l’État a été débordé par l’explosivité des manifestations. Dans un mouvement coordonné et organisé, la bourgeoisie et ses mercenaires (police, armée…) ne peuvent pas gagner sur le long terme.
Aujourd’hui, de telles révolutions ont lieu dans différentes parties du monde. En Inde, les communistes mènent une guerre populaire depuis quelques décennies et contrôlent des zones de plusieurs millions d’habitants. Le peuple est avec eux, car ils sont guidés par l’objectif de servir le peuple. Ils chassent les exploiteurs, les propriétaires terriens, ils organisent la production pour les masses dans un nouvel État qui n’est pas fait pour la bourgeoisie. L’État indien a lancé depuis des années une politique génocidaire à leur égard, baptisée « Green Hunt ». Mais la guérilla est toujours active et vivante. Un autre exemple est celui des Philippines. Là-bas, le peuple se révolte et s’organise dans la New People’s Army, la Nouvelle Armée Populaire. Ces guerres ont pour particularité d’être majoritairement paysannes. Dans un pays comme la France, la révolution ne peut pas être une copie de ces exemples, mais les leçons de leurs luttes sont importantes partout dans le monde.
Le marxisme, c’est la science de la révolution. Pour abolir l’exploitation de l’homme par l’homme, pour mettre fin à l’oppression des peuples du monde, pour détruire l’État bourgeois actuel, c’est cette révolution, cette guerre populaire prolongée qu’il faut mener. Une fois le pouvoir pris dans tout l’État, la lutte ne sera pas terminée. La propriété des capitalistes deviendra la propriété collective des moyens de production et de distribution. Plus personne ne sera forcé de se vendre sur un marché, plus personne ne sera forcé de se faire exploiter, car le travail sera réparti pour en donner à chacun. e et que toutes et tous nous ayons de quoi mener une vie accomplie. L’économie pourra enfin être au service des besoins du peuple et non plus des profits.
Progressivement, la révolution doit résoudre les grandes contradictions de la société : entre les classes évidemment, celles qui divisent notre classe (le racisme par exemple), celle entre la révolution et la contre-révolution, pour agir contre la bourgeoisie qui veut reprendre le pouvoir ; celle entre le travail manuel et le travail intellectuel qui nous divise ; celle entre les villes et les campagnes, car aujourd’hui Paris et les grandes villes concentrent tout et les campagnes se désertifient… Tout cela ne peut être fait que parce que le pouvoir a été pris par le prolétariat et ses alliés, l’immense majorité de la population.
Cet État n’aura pas perdu son caractère de classe, ce sera un État prolétarien. Il y aura toujours une répression des contre-révolutionnaires. Mais c’est déjà un État différent, car il s’appuie pour la première fois de l’Histoire humaine sur la majorité et pas sur une minorité d’exploiteurs. Petit à petit, dans la révolution, l’État commence à s’éteindre, car ses attributions sont réparties dans toute la société, et que l’administration est simplifiée. Lorsque le monde entier entre dans le communisme, l’État disparaît, car il n’y a plus aucune classe au-dessus des autres. Ce sera la fin du rôle historique de l’État.