Tout le monde l’a vue au moins une fois sur un écran, à la télé ou sur internet. Greta Thunberg est une écologiste suédoise qui milite depuis l’été 2018 contre l’inaction des puissants de ce monde face au changement climatique. Elle a été l’initiatrice de la « grève scolaire pour le climat », s’inspirant de la mobilisation scolaire qui s’était mise en place aux États-Unis à la suite de la fusillade de Parkland en Floride, commençant seule devant le Parlement suédois munie de sa pancarte. Rapidement, elle fut rejointe par plus en plus d’élèves suédois trouvant un écho en Suède, puis à l’international après son discours à la COP24 en décembre 2018.
Une jeune fille de 15 ans, s’adressant frontalement sans ménage aux capitalistes derrière tant de caméras, critiquant radicalement leur système, cela ne pouvait qu’atteindre de larges pans de la jeunesse dans le monde entier alors que nous vivons une grave crise environnementale, fruit du capitalisme qui entraîne inéluctablement de nombreuses crises. « S’il n’y a pas de solutions au sein de notre système, alors il faut sans doute changer de système. Nous ne sommes pas venus ici pour demander à nos leaders de prendre soin de la planète. Vous nous avez ignorés dans le passé et vous nous ignorerez encore. Nous n’avons plus d’excuses et nous n’avons plus de temps. Nous sommes venus ici pour vous faire savoir que le changement arrive, que vous le vouliez ou non. Le vrai pouvoir appartient aux gens. ». 2019 a été marqué par de multiples mobilisations internationales suivant la grève scolaire pour le climat, dont plusieurs ont totalisé 1 à 7 millions de grévistes de par le monde.
« I am Greta » est un film-documentaire réalisé par Nathan Grossman sur la jeune militante retraçant ses débuts d’activisme en 2018 jusqu’en septembre 2019, au moment où elle s’était rendue à New York en traversant l’Atlantique en voilier, pour prononcer un autre de ses célèbres discours, le « Comment osez-vous ? ». Le film est sorti fin 2020 dans plusieurs pays d’Europe mais est sorti seulement le 29 septembre 2021 en France.
C’est un bon film pour comprendre comment cet « effet Greta Thunberg » a eu lieu. En France, cette nouvelle vague écologiste plus radicale a surtout était portée par Extinction Rebellion et Youth For Climate qui en plus des mobilisations internationales pour le climat, ont multiplié les actions locales en 2019 : diverses occupations comme celle du centre commercial Italie Deux, le blocage du pont de Sully abondamment gazé par la police qui fit le tour du monde, des blocages d’entrepôts Amazon, Youth For Climate pendant le mouvement contre la réforme des retraites qui pénétra dans le siège de BlackRock avec des syndicalistes, etc., et Exctinction Rebellion qui s’est joint à certaines manifestations des Gilets jaunes. Car en France, 2019 fut marqué par le mouvement politique ouvrier intense qu’était les Gilets jaunes. Un mouvement dont le gouvernement français avait tenté de dépeindre comme anti-écolo en utilisant l’argument fallacieux du fétichisme de la bagnole des Gilets jaunes. Pendant la mascarade du « Grand débat national », l’écologie était un thème de prédilection pour tenter d’étouffer les revendications politiques globales des Gilets jaunes à propos d’une réelle démocratie, ce qui a abouti à la mise en place d’une Convention Citoyenne pour le Climat regroupant 150 citoyen.ne.s tiré.e.s au sort. Ces derniers ont travaillé pendant des mois pour mettre en place 149 propositions, qui ont été attaquées par les lobbys capitalistes et ont été dénaturées, ce qui a prouvé que la bourgeoisie n’est ni intéressée au pouvoir de la classe ouvrière, ni à résoudre réellement la crise environnementale, ce qui sera une des missions historiques de la classe ouvrière internationale en poste dans la production et dont l’existence ne dépend d’aucune exploitation, dont l’existence n’est synonyme d’aucune accumulation privée de capitaux, qui permettra une économie planifiée par les travailleurs et non une économie de concurrence entre différents rentiers multimilliardaires.
D’ailleurs dans le film, on voit Macron accueillir Greta à l’Élysée suite à une mobilisation à Paris. En septembre 2019, Greta et 15 autres jeunes porteront plainte contre notamment la France auprès du Comité des droits de l’enfant des Nations unies pour inaction face à la crise climatique, ce à quoi Macron répondra qu’il ne faut pas avoir d’idées trop radicales qui antagoniseraient la société. Voilà la peur de la bourgeoisie exprimée : que la conscience de classe des masses, en particulier du prolétariat, se renforce et que sa lutte se développe jusqu’à l’expropriation de la bourgeoisie et l’émergence d’une nouvelle société.
Voilà qui est Greta Thunberg, une personne qui a cristallisé en concentré cette contradiction entre capitalisme et gestion rationnelle des ressources naturelles. D’un côté, nous avons une partie de la bourgeoisie cherchant à instrumentaliser ce nouveau souffle écologiste afin qu’il reste dans le cadre acceptable pour elle des différents sommets internationaux et au maximum de la « désobéissance civile », pour se donner un vernis progressiste, de l’autre, nous avons une partie de la bourgeoisie ouvertement réactionnaire, qui s’est acharnée sur Greta Thunberg la traitant de tous les noms. Ce que nous enseigne tout cela, c’est à quel point les masses peuvent se saisir des problèmes qui les concernent, que ce sont les masses qui font l’Histoire. Ces dernières années, nous avons vu plusieurs mouvements de masses se diffuser à l’international comme le mouvement Black Lives Matter sur les questions de violences policières et de racisme, pendant les Gilets jaunes en France, dans de nombreux pays les masses en lutte ont également porté les gilets jaunes, la conscience de l’oppression patriarcale a pris une tournure sans précédent ces dernières années comme nous l’a montré le mouvement #MeToo, actuellement dans de nombreux pays la lutte contre la gestion sanitaire des différents gouvernements capitalistes continue, les masses dans les pays du tiers-monde se révoltent de plus en plus contre leurs dirigeants complètement corrompus à la solde des puissances impérialistes… Partout, les masses luttent et veulent lutter, repensent le monde à leur image et veulent le concrétiser. Le prolétariat international réclame ses organisations de combat partout dans le monde et réclame son unité par-delà les frontières. À nous révolutionnaires de concrétiser tout cela.