Nous proposons une traduction non-officielle du communiqué du Parti Communiste des Philippines sur l’assassinat par l’armée réactionnaire des Philippines du camarade Oris (Ka Oris) le 29 octobre 2021.
Le Comité central du Parti communiste des Philippines (CPP) et le Commandement opérationnel national de la Nouvelle armée populaire (NPA) rendent le plus grand hommage et le plus ferme salut rouge à Ka Oris (camarade Jorge Madlos), ancien porte-parole de la NPA. Ka Oris, ainsi que son aide-médecin, Ka Pika, ont été assassinés de sang-froid le 29 octobre 2021 alors qu’ils étaient en route pour faire son examen médical régulier et pour se faire soigner. Ka Oris était âgé de 74 ans.
Le Parti tout entier, toutes les forces révolutionnaires et les amis du mouvement révolutionnaire sont profondément attristés par la mort de Ka Oris. Le Parti, la Nouvelle armée populaire et l’ensemble du mouvement révolutionnaire ont perdu un cadre et un dirigeant important. Mais l’ennemi n’a rien à célébrer avec son meurtre. Bien avant d’être tué, Ka Oris avait déjà inspiré, formé et développé des milliers de successeurs. Son martyre inspire davantage la génération actuelle et les générations suivantes à poursuivre la révolution démocratique du peuple par une guerre populaire prolongée.
Le Comité central présente ses plus sincères condoléances à Ka Maria Malaya, épouse de Ka Oris, à leurs enfants, ainsi qu’à sa famille et aux ami.e.s de Ka Pika. Le peuple philippin est profondément attristé par leur mort. Les larges masses, en particulier les innombrables paysans et Lumads que Ka Oris a personnellement rencontrés au cours de plus de cinq décennies de service révolutionnaire, ressentent un profond sentiment de perte avec la mort de Ka Oris, mais en même temps, sont enragés par la façon dont il a été tué par les fascistes lâches et déshonorants.
Nous condamnons dans les termes les plus forts les Forces Armées des Philippines (AFP), en particulier la 4ème Division d’Infanterie, pour avoir perpétré le meurtre de Ka Oris et Ka Pika et les mensonges ultérieurs propagés par les officiers militaires pour couvrir leur crime. Ka Oris et son assistant étaient à bord d’une moto et traversaient la route depuis le centre de la ville d’Impasug-ong, dans la province de Bukidnon, en direction de la route nationale, lorsqu’ils sont tombés dans une embuscade tendue par des soldats de la 403e brigade d’infanterie.
L’AFP auraient pu facilement les arrêter car ils n’étaient pas armés et n’étaient pas en mesure de livrer bataille. Au lieu de cela, les fascistes les ont achevés par balles dans une démonstration éhontée de leur lâcheté. Il n’y a absolument aucun honneur à assassiner un ennemi sans défense. L’affirmation selon laquelle Ka Oris a été tué lors d’une rencontre armée avec une unité de la NPA est un mensonge gargantuesque étayé par un bombardement aérien de plusieurs millions de dollars dans une montagne voisine, mis en scène pour créer l’impression d’une bataille intense.
Nous savons que le complot visant à tuer Ka Oris a été personnellement dirigé par le tyran lui-même. Sans aucun doute, l’ordre final de tuer Ka Oris a été donné par nul autre que Rodrigo Duterte. Duterte est obsédé par le meurtre des dirigeants du Parti et de la NPA, croyant à tort qu’il pourrait mettre fin à la révolution en tuant ses dirigeants. Au contraire, le sang de Ka Oris nourrira davantage le sol d’où germent et prennent racine les patriotes, les démocrates et les révolutionnaires.
Ka Oris est mort en héros, assassiné par les fascistes alors qu’il se battait pour la cause de la libération nationale et sociale. Jusqu’à son dernier souffle, Ka Oris a été un véritable cadre et combattant communiste. Pendant plus de cinq décennies, il a consacré sa vie entièrement et inébranlablement à la cause de tous les peuples opprimés et exploités pour les libérer du joug de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique.
En tant que jeune étudiant activiste au début des années 1970, il était motivé par la cause de la démocratie et de l’action sociale, travaillant pour sortir les gens de la pauvreté et de la faim. Il a aidé à organiser ses camarades étudiants sur le campus Musuan de l’Université centrale de Mindanao à Maramag, Bukidnon. Il était en cinquième année d’études d’ingénierie agricole lorsque la loi martiale a été déclarée en 1972, ce qui a cristallisé sa décision de rejoindre la révolution armée.
Il a rejoint la Nouvelle armée populaire dans sa jeunesse et a fait partie de l’une des premières escouades de combattants rouges qui ont fait des percées à Mindanao, en particulier dans le nord de l’île. Il a joué un rôle important dans la croissance de la NPA au cours des années 1970 et 1980. De quelques escouades, la NPA est passée à plusieurs compagnies en menant des actions de masse, des actions militaires et en menant des luttes antiféodales. La NPA s’est battue pour les intérêts des masses paysannes et du peuple Lumad (minorités ethniques) et s’est défendue contre les agents armés de l’État et des grandes sociétés capitalistes d’exploitation forestière et minière et des plantations qui s’emparaient des fermes et des terres ancestrales.
Ka Oris a mis en pratique la ligne du Parti, à savoir la révolution démocratique du peuple par une guerre populaire prolongée, et a constaté par lui-même sa justesse. Le Parti et la NPA se sont enracinés profondément dans la campagne. De nombreuses organisations révolutionnaires de masse ont vu le jour et ont servi de base à la création d’organes de pouvoir politique qui ont gouverné et administré les affaires économiques, politiques, éducatives, culturelles et militaires au niveau du village et au-delà. Malgré les menaces de répression fasciste, des milliers et des milliers de personnes ont rejoint le Parti pour aider à mener la guerre populaire.
Ka Oris a été capturé en 1987 après l’échec des pourparlers de paix avec le gouvernement de Corazon Aquino. Il a été emprisonné pendant cinq ans. Pendant cette période, la NPA à Mindanao a connu l’apogée des erreurs de régularisation prématurée et d’insurrectionnalisme au cours desquelles les combattants rouges de la NPA étaient trop concentrés dans des bataillons disproportionnés par rapport à son étendue horizontale et au détriment du maintien et de l’expansion de la base de masse. En fin de compte, le soutien de masse s’est contracté et s’est avéré insuffisant pour maintenir les victoires militaires au cours de la dernière partie des années 1980 jusqu’en 1990.
Ka Oris a été l’un des piliers les plus solides du deuxième grand mouvement de rectification que le Comité central a déclaré en 1992 pour réaffirmer les principes idéologiques marxistes-léninistes-maoïstes fondamentaux du Parti et sa ligne stratégique de révolution démocratique populaire par une guerre populaire prolongée. Il s’est opposé fermement aux révisionnistes et aux opportunistes de « gauche », parmi lesquels des anciens cadres de la Commission Mindanao qui ont fini par trahir la cause révolutionnaire. Il disait toujours que ce n’était pas l’ennemi qui avait presque décimé la NPA à Mindanao dans les années 1980 et au début des années 1990, mais les propres faiblesses et mauvaises décisions de la NPA.
Au cours des deux dernières décennies, Ka Oris et d’autres camarades ont dirigé le Parti, la NPA et les forces révolutionnaires dans la région du nord-est de Mindanao. La guerre populaire allait faire rage dans les cinq régions de l’île de Mindanao, la NPA menant la ligne de guérilla intensive et extensive sur une base de masse toujours plus large et plus profonde.
En 2015, il a été nommé l’un des principaux commandants du commandement opérationnel national de la NPA en reconnaissance de son expérience avancée de la guerre populaire sur l’île. En 2016, Ka Oris a joué un rôle important en réunissant une centaine de cadres de tous les comités régionaux du Parti à travers les Philippines pour convoquer le 2e congrès historique du CPP. Au cours du congrès, Ka Oris a été élu membre du Comité central, du Bureau politique et du Comité exécutif, et a été chargé de faire partie des cadres dirigeants de la Commission militaire et de la Commission Mindanao. Il a également été désigné comme consultant du NDFP dans les négociations de paix.
En tant que dirigeant du parti, Ka Oris a étudié et appliqué fermement le marxisme-léninisme-maoïsme. Il passait du temps à lire et relire les écrits militaires classiques, notamment ceux des grands dirigeants communistes tels que Mao Zedong, Ho Chi Minh et Vo Nguyen Giap. Il étudiait méticuleusement l’histoire et les expériences réussies de guerre populaire dans les pays semi-coloniaux et semi-féodaux. Il a toujours été inspiré par les luttes épiques des classes opprimées et exploitées à travers l’histoire.
Il a consacré du temps et des efforts à former les jeunes cadres et les combattants rouges à l’art et à la science de la guérilla. Il a rédigé des manuels et des cours de formation pour les officiers et les soldats de la NPA enrichis par les expériences passées et nouvelles de la guérilla. Il mettait un point d’honneur à réunir les cadres du Parti dans des réunions, des consultations et des conférences, grandes ou petites, où il écoutait attentivement, discutait et débattait avec ses camarades. Il a parcouru de longues distances d’un front de guérilla à l’autre, pour observer directement le travail des comités du Parti et des unités de la NPA. Au cours des dernières années, il a pris des risques pour parcourir l’archipel afin d’inspirer et de transmettre ses connaissances sur la guerre populaire. Il disait toujours qu’être capable de rassembler des cadres et d’évaluer leur travail révolutionnaire au milieu d’opérations militaires intenses est un exploit en soi.
Ka Oris était un fervent défenseur de l’environnement. L’une des premières manifestations qu’il a organisées en tant qu’activiste était une action de manifestation contre une entreprise d’exploitation forestière. Pendant plusieurs décennies, il a dirigé des unités de la NPA qui ont lutté contre les grandes entreprises bourgeoises compradores qui ravageaient l’environnement. Il s’est fait un devoir de publier une déclaration chaque année à l’occasion de la Jour de la Terre, en particulier dans le contexte de l’aggravation de la crise environnementale provoquée par l’anarchie capitaliste dans la production et ses effets destructeurs et son impact sur l’écologie mondiale. Il a défendu les actions de la NPA visant à rendre inutiles les machines et les outils avec lesquels les compagnies forestières et minières exploitent et détruisent la terre et les gens.
Ka Oris a toujours joué un rôle public de premier plan. Il a été désigné comme l’un des représentants du Front démocratique national (FDN)-Mindanao lors des négociations de paix avec le gouvernement de Corazon Aquino en 1986-1987. Il a été porte-parole du NDFP-Mindanao, puis de la Nouvelle armée populaire. Il a pris le nom « Oris » de son oncle et père adoptif, Mauricio Ravelo, qui l’a élevé depuis l’âge de 3 ans. Il se souvient que sa première interview en tant que Ka Oris a été accordée par un journaliste de Bombo Radyo en 1978.
Après avoir été porte-parole, Ka Oris a eu de nombreuses rencontres avec des journalistes. Il s’est fait beaucoup d’amis parmi les reporters et les écrivains, non seulement parce qu’il accordait des interviews chaque fois que cela était possible, mais surtout parce qu’il était toujours cordial avec les journalistes, même avec ceux qui faisaient connaître leur animosité envers la cause révolutionnaire. Il soutenait ardemment la lutte pour la liberté de la presse. Grâce à ses efforts, de nombreux journalistes ont pu constater à quel point le mouvement révolutionnaire était différent de l’image de « terroristes » que les vrais terroristes – les réactionnaires fascistes – ne cessaient de dépeindre. Il a lancé des journalistes dans des discussions dans le but de toucher le public et de clarifier les points de vue du mouvement révolutionnaire. Les journalistes qui ont eu l’occasion de participer aux conférences de presse organisées par Ka Oris peuvent témoigner de son charisme et de son humilité.
En effet, malgré sa stature publique et organisationnelle, Ka Oris est resté un humble révolutionnaire qui a fui la vie facile et a choisi la vie difficile et ardue d’un cadre du Parti et d’un combattant de la guérilla. Il a réussi à gérer sa vessie endommagée de façon permanente (à la suite d’une infection non traitée en prison) en maintenant un style de vie méticuleusement propre et spartiate. Il s’est moqué des affirmations répétées de l’armée selon lesquelles il était malade et souffrant. Il est resté généralement en bonne santé et capable de marcher pendant des jours et des nuits, même récemment. Les jeunes combattants rouges et les révolutionnaires sont toujours inspirés par Ka Oris, qui, malgré son état de santé et son âge avancé, a continué à emprunter la voie difficile de la guerre populaire.
Ka Oris était un père de famille par excellence, profondément dévoué à sa femme, Ka Maria Malaya, et à leurs deux enfants. Comme de nombreux révolutionnaires, ils ont enduré de longues périodes de séparation. Il avait le plus grand respect pour Ka Maria, qui était elle-même une cadre supérieure du Parti.
Il traitait ses camarades avec une affection chaleureuse, surtout les plus jeunes. Il avait un amour et une préoccupation sans bornes pour ses camarades et les masses. Il mettait un point d’honneur à ce que tout le monde soit bien traité. Il avait un sens de l’humour ironique qui le rendait facile à vivre. Ka Oris était un camarade aimé des combattants rouges, des masses paysannes, des Lumads et des ouvriers, ainsi que de divers secteurs des villes. Pour beaucoup, il était une figure paternelle aimante qui se préoccupait des petits et grands soucis des camarades.
L’amour de Ka Oris pour les larges masses de travailleurs et de paysans ne se compare qu’avec son haine des grands propriétaires terriens, des grands bourgeois compradores, des compagnies minières, des plantations, des capitalistes bureaucrates, des tyrans et des dictateurs, et des terroristes fascistes qui perpétuent le système d’oppression et d’exploitation. Ils ont utilisé toutes leurs richesses et leurs ressources pour diaboliser et noircir l’image de Ka Oris. Les fascistes lâches et déshonorants se surpassent en célébrant leur meurtre de Ka Oris. Ils se trompent seulement eux-mêmes en pensant que le meurtre de Ka Oris mettra fin à la révolution. Comme Ka Oris lui-même l’a dit, la révolution continuera parce qu’elle est juste.
En lui ôtant la vie, les fascistes n’ont réussi qu’à immortaliser Ka Oris. Il vit désormais pour toujours dans le cœur et l’esprit du peuple philippin comme l’un de ses héros et icônes. Son esprit indomptable de résistance révolutionnaire continue d’imprégner la nouvelle génération de cadres du Parti et de jeunes combattants rouges. Il servira d’inspiration aux générations futures qui poursuivront la lutte pour une véritable liberté nationale et une libération sociale, la terre pour les sans-terre et l’industrialisation nationale, ainsi que pour l’émancipation du peuple de toutes les formes d’oppression et d’exploitation.
Vive la mémoire de Ka Oris !
Portons haut le flambeau du marxisme-léninisme-maoïsme !
Faisons avancer la cause de la révolution démocratique populaire !
Poursuivons la guerre populaire jusqu’à la victoire totale !
Vive la Nouvelle Armée Populaire !
Vive le Parti communiste des Philippines !
Vive le peuple philippin !