Un gigantesque mouvement paysan secoue le Pérou

Le Pérou connait depuis plus d’un mois une importante vague de soulèvement des paysans en lutte contre les monopoles miniers. Des grèves aux sabotages, la lutte s’est étendue à tout le pays et a pris une proportion telle que le gouvernement a décrété une intervention militaire.

Le Pérou dispose d’importants gisements d’or, d’argent et de cuivre qui sont exploités par des compagnies minières. Les bénéfices générés quittent le Pérou en même temps que les richesses naturelles, pour aller vers les centres impérialistes. Au passage, une classe de bureaucrates à la tête de l’Etat péruvien s’enrichit de ces transactions au détriment du peuple. Les paysans sont chassés des terres par les compagnies minières qui les embauchent en suite pour un salaire de misère, et rendent les terres stériles à cause de la pollution, forçant les petits exploitants à vendre leur lopin de terre pour partir.

Les paysans péruviens sont donc passés de la colère aux actes et ont ciblé les locaux administratifs, les installations minières d’Apumayo, et les véhicules de la compagnie en déclanchant un incendie. Le même jour, les paysans ont ciblé la compagnie minière de Breapampa dans la même région d’Ayacucho, et le monopole minier d’Antamina, la plus grande mine du Pérou et une des dix plus grande au monde, qui appartient à un consortium australien. Antamina a appelé le gouvernement pour qu’il rétablisse l’ordre et a suspendu ses opérations. La compagnie parle de « reprendre le dialogue » à la condition que « l’ordre revienne » et que le gouvernement intervienne, ce qui signifie en fait revenir en position de force et imposer sa volonté aux paysans et ouvriers employés par la compagnie. Un blocus de cinquante kilomètres a été installé par les paysans à l’aide de terre, de branches et de cailloux pour empêcher les véhicules de la compagnie de passer.

La Fédération Awajún, peuple tribal ignoré par l’Etat péruvien, a appelé à soutenir la grève. Paysans et indigènes ont occupé une station pétrolière armés de lances depuis le 4 octobre dans la région amazonienne de Loreto au nord du pays. Ils exigent que le gouvernement remplisse ses promesses de décontamination des zones où ils vivent et qui sont touchées par une marée noire depuis le 10 mai dernier. Pour le moment, ces promesses sont restées lettres mortes, tout comme la construction d’infrastructures (inexistantes dans la région) pour l’accès aux soins et à l’éducation.

Les latifundios [NDLR : grandes propriétés terriennes aux mains d’une poignée de richissimes familles] ont aussi été attaqués, notamment les exploitations de canne à sucre, utilisées pour produire de l’ethanol. La combustion de canne provoque des fumées qui intoxiquent les habitants, des familles entières respirent ces fumées et n’ont aucun moyen de s’en prémunir et personne ne prend en compte leurs revendications. Les propriétaires ont assuré à la police de tout leur soutien dans l’entreprise menée pour mater les revendications populaires, afin de continuer à faire fortune en payant des salaires dérisoires et en intoxiquant le voisinnage.

Le gouvernement a décrété l’intervention des forces armées pour une durée d’un mois dans tout le pays à compter du 29 novembre. L’armée y agit en soutien de la police pour réprimer les révoltes qu’ils appellent « crime organisé ». Ils ciblent en réalité, sans le nommern le Parti Communiste du Pérou qui mène une Guerre Populaire et qui se réorganise après la capture puis l’assassinat du Président Gonzalo (dirigeant révolutionnaire péruvien arrêté en 1992 et mort en détention en 2021). Cette grande vague qui balaye le pays est un signal envoyé à tous ceux qui pensent que la Guerre Populaire peut être arrêtée. Ni les dizaines de milliers d’indigènes massacrés dans les Andes, ni les 350 000 stérilisations forcées sur les femmes pauvres du Pérou, ni les mensonges des traitres du MOVADEF (Movimiento por Amnistía y Derechos Fundamentales – Mouvement pour l’amnistie et les droits fondamentaux) qui ont quitté le Parti Communiste pour se ranger derrière le gouvernement génocidaire, ne peuvent empêcher les masses de faire ce qu’elles font dès lors qu’elles sont guidées par une théorie révolutionnaire : mener la révolution. Les masses ont ainsi entrepris de démasquer et balayer les exploiteurs, les monopoles et toute leur machinerie d’Etat afin d’instaurer une nouvelle société véritablement démocratique, qui n’existe que pour répondre aux besoins du peuple, et non pour une poignée de millionnaires et leurs pantins corrompus.

Ce puissant mouvement de masse, combatif et étendu à tout le pays fait écho à l’action réalisée au tout début du mois d’octobre par le Parti Communiste du Pérou. Le drapeau du parti a été planté dans le quartier de La Esperanza à Trujillo avec un écriteau disant:

« Avertissement

Si vous continuez à menacer les masses du Parti vous serez anéantis.

Le Parti a mille yeux, mille oreilles.

Vive le Parti Communiste du Pérou !«