Dans sa traversée d’ouest en est du Burkina Faso, l’armée française a rencontré une grande résistance. D’abord à Bobo Dioulasso (ouest), puis à Ouagadougou, des manifestations avaient bloqué le convoi militaire français. Ce convoi est en direction du Niger et vise à ravitailler l’armée française dans ses interventions en Afrique de l’Ouest. La police burkinabé avait déjà réprimé ces manifestations avec des gaz lacrymogènes, selon les organisateurs.
Vendredi 19 novembre, à Kaya, dans le Centre-Nord du pays, une grand manifestation a réuni plusieurs milliers de personnes. Leur revendication était clairement la lutte contre l’impérialisme français dans leur pays, et pour le départ du convoi. La ville était largement mobilisée, et le convoi a été bloqué pour toute la journée. Samedi, un enfant de 13 ans, Aliou, a abattu un drone avec un lance-pierre lors de la manifestation. Il a été porté en héros par la foule et déclaré le « nouveau David », en référence au mythe biblique où David se débarrasse du géant Goliath avec un lance-pierres.
Que fait l’armée française au Sahel ? Pourquoi les masses burkinabées se révoltent-elles contre elle ? Si l’on en croit tous les politiciens français, la France est au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Côte d’Ivoire… pour des raisons humanitaires. La France viendrait « sauver » le Sahel du péril djihadiste. Pourtant c’est bien l’inverse qui se passe !
Chaque jour, dans la région, des nouvelles d’attaques et de massacres sont rapportées dans les villes et les villages. Des tueries et nettoyages ethniques ont lieu, avec l’accord de la France. Et l’armée française pille et tue, dans l’impunité totale. Dans les villages, la proximité de l’armée française ne signifie pas sécurité. Au contraire, celles et ceux qui les habitent savent que la mort, le pillage et les crimes ne sont jamais bien loin de l’armée française. L’intervention française dans la région n’est pas une aide pour les peuples locaux : c’est une force d’occupation qui maintient au pouvoir dans ces pays des forces loyales à la France, et en garantit une meilleure exploitation.
Ainsi, la révolte à laquelle nous assistons au Burkina Faso est d’autant plus logique. Ce n’est pas un épisode isolé, ce n’est pas une mobilisation marginale. Partout dans la région, de Côte d’Ivoire au Mali, les masses de ces pays se soulèvent contre la présence impérialiste. Nous l’avons vu lors des mobilisations au Mali ou au Sénégal. Le problème vient bel et bien de l’impérialisme français, qui n’est là que pour sucer le sang des terres et des masses d’Afrique. L’exemple d’Aliou et de la détermination des masses du Burkina Faso montre qu’il est possible de l’abattre.