À priori, ce titre pourrait paraître étrange: quel lien y aurait-il entre la naissance d’une étoile, à des milliers d’années lumières d’ici, et la réalité concrète de la lutte des classes dont nous voyons les manifestations tout les jours, que ce soit au boulot, dans la rue ou à la télé ?
La lutte des classes, c’est la lutte entre les deux classes principales de la société capitaliste: nous, le prolétariat, qui produit les richesses, et la bourgeoisie, qui s’enrichit par l’exploitation de notre classe. Nous ne menons pas les mêmes vies que nos patrons, nous n’avons pas les mêmes intérêts qu’eux. Nous, nous avons tout intérêt à lutter pour gagner plus, avoir de meilleures conditions de travail, être mieux protégé s; tandis qu’eux ont tout intérêt à lutter pour continuer à toucher autant d’argent, si ce n’est plus, donc contre nous.
On dit qu’il y a une contradiction entre le patron et l’employé. Dans le cas du prolétariat et de la bourgeoisie, cette contradiction est même antagonique, c’est à dire que les intérêts de notre classe et de celle qui nous exploite sont totalement opposés. La contradiction ne peut être résolue sans qu’une classe ne s’impose sur l’autre.
En réalité, des contradictions on en retrouve partout, c’est pourquoi on parle d’universalité de la contradiction. C’est par elles que les choses ne sont pas fixes et sont toujours en mouvement, animées par la lutte entre les aspects de leurs contradictions. Pour nous apercevoir de cette universalité, nous n’avons qu’à lever les yeux et nous intéresser au cosmos. Comment les étoiles naissent-elles ?
Une étoile se forme au sein d’une nébuleuse, un gros nuage cosmique de gaz froid. Sous l’effet de la gravité, de l’attraction des parties internes du nuages entre elles, une partie de ce gigantesque gaz se comprime. En accumulant de la masse, il attire de plus en plus de particules. En se comprimant, il se réchauffe (la chaleur provient du mouvement de ce qui compose le gaz) et donc émet de la lumière. Le nuage finit par se diviser, et les sous-nuages formés se compriment encore plus.
Au bout d’un moment (on parle d’une échelle de temps de l’ordre du million d’années) les nuages formés vont prendre une forme sphérique sous l’effet de la gravité, et être suffisamment chauds et denses: les atomes qui constituent le centre de l’étoile sont tellement rapprochés qu’ils fusionnent, ce qui produit de l’énergie et alimente l’étoile, qui entre dans un état d’équilibre.
Ce qui permet de maintenir cet équilibre, c’est la lutte entre deux phénomènes qui entrent en contradiction: la force de gravitation, qui tend à comprimer l’étoile et donc augmenter sa température, et la pression du gaz qui compose l’étoile, issu des réactions de fusion se déroulant en son cœur, qui tend à l’étendre et donc diminuer sa température. Pour que l’étoile puisse exister, les deux forces, les deux aspects de la contraction, doivent être présents. Sans la gravité, le gaz ne peut pas se comprimer, se réchauffer et donc exercer une pression. Sans pression, pas d’étoile, puisque toute la matière tendrait à se concentrer. Les deux forces ne peuvent exister isolément l’une de l’autre pour que l’étoile puisse subsister. Elles coexistent dans une unité contradictoire.
Mais même les plus grosses étoiles finissent par mourir, l’apparente stabilité de l’étoile, manifestation de la contradiction entre la fusion se déroulant en son cœur et la force de gravité, cache en fait un mouvement de lutte. Pour se maintenir en vie, comme nous venons de le voir, l’étoile doit utiliser la matière en son cœur, de l’hydrogène, comme « combustible » pour la fusion. Mais cet hydrogène n’est pas infini, et lorsque le combustible est épuisé, la fusion n’est plus possible. Le cœur de l’étoile produit moins de rayonnement et d’énergie, donc la pression engendrée par ces phénomènes n’est plus suffisante pour maintenir l’étoile: l’accumulation quantitative, le combustible fusionné petit à petit, mène au bond qualitatif, l’étoile s’effondre sur elle même sous l’effet de la gravité. Le noyau se contracte et forme un nouvel objet céleste, appelé naine blanche, tandis que sa surface est éjectée sous la forme d’un nuage de gaz, formant une nébuleuse planétaire, source de futurs objets cosmiques. La rupture de la contradiction qui maintenait l’étoile a fini par donner une nouvelle situation avec ses propres contradictions. Le nouveau remplace l’ancien, et il en va ainsi dans toutes les transformations de la matière. L’univers est en perpétuelle évolution, et le mouvement dans chaque phénomène est engendré par des contradictions.
La vie d’une étoile, tout comme celle des travailleurs n’est qu’une vie de lutte. La lutte entre gravité et fusion dans un cas, entre la classe qui produit et celle qui possède dans l’autre cas. Au même titre que la force de gravité finit par faire s’effondrer un objet aussi imposant qu’une étoile, notre classe, le prolétariat, finira par briser la contradiction et balayer l’impérialisme. En tant que révolutionnaires, nous voulons transformer le monde. Pour cela, il est essentiel de le comprendre. Nos armes à nous pour cela sont la science et la philosophie qui nous permettent de comprendre correctement la matière et sa loi principale, la loi de la contradiction.