La Corse entre en éruption

En Corse, la jeunesse gronde et la cause nationaliste fait son retour sur le devant de la scène, confrontant la France et son pouvoir colonial qui pensait pourtant avoir triomphé des revendications indépendantistes après avoir obtenu la reddition du FLNC (Front de Libération National Corse). Le combat des jeunes Corses, en une semaine de violence soutenue par la grande majorité de la population insulaire, a mené au retour dans l’espace public des débats sur l’autonomie et du rapprochement des prisonniers politiques.

Ce n’est plus uniquement pour Yvan Colonna que les insulaires se soulèvent, mais pour les centaines de blessés, pour tous les arrêtés gardés à vue et écroués, pour toutes ces années où le gouvernement central a assuré et ré-assuré la vie en démocratie alors même que les revendications des élus nationalistes corses, élus avec plus de 70 % des voix, sont moquées ou ignorées par l’Etat impérialiste. Ce même Etat qui se dit Etat de droit car ne disposant (soi-disant) pas de détenus politiques mais qui refuse d’appliquer le droit commun aux détenus corses emprisonnés dans le contexte d’actes politiques, faisant d’eux des détenus extraordinaires, et donc politiques.

L’Etat français n’obtiendra pas l’apaisement avec un nouveau préfet issu de l’empire colonial ni en levant le statut de détenu particulièrement signalé (DPS) d’Yvan Colonna, de Pierre Alessandri ou d’Alain Ferrandi, levée que les Corses demandaient depuis le début de leur détention mais que l’Etat français n’a décidé dentendre qu’après l’agression d’Yvan. Agression qui, rappelons-le, a duré une dizaine de minutes, sous le regard complaisant des caméras de surveillance du centre de détention d’Arles, qui a vu le détenu responsable de l’agression prévenir lui-même les gardiens de ce qu’il venait de se passer une fois sa sinistre besogne accomplie … mais qui, soyons-en certains, serait restée sans réponse de l’Etat sans le soulèvement des masses vives insulaires demandant justice.

En une semaine, la police coloniale a ainsi causé une trentaine de blessés déclarés : 14 à Aiacciu, 3 à Bastia, un nombre inconnu à Corti dont 2 mineurs gravement atteints. Parmi eux figure Jean Claude Benedetti visé par un tir de LBD à la tête et passé à tabac au sol à coups de pieds au visage et à la gorge par les policiers français. Jean Claude Benedetti est le neveu de Félix Benedetti, leader nationaliste et fondateur de Core In Fronte, mouvance indépendantiste corse de gauche.

Les Corses ont répondu en repoussant les forces de l’ordre comme l’a fait le syndicat de la STC en interdisant la descente d’un Corsica Ferry des policiers envoyés du continent en renfort, en enfonçant les lignes de CRS par des charges, des bombes agricoles, des cocktails molotovs et des bouteilles faisant 23 blessés parmi les compagnies anti-émeute.

Les préfectures et tribunaux de Corti, Aiacciu et Bastia ont été attaqués, les hôtels de police sont visés par des incendies, les banques sont détruites à l’aide de véhicules de chantier, des résidences secondaires sont incendiées. La colère est immense.

« Etat Français Assassin ! »

Assassin d’Yvan Colonna, de la République de Corse, de la culture et de la langue insulaires que l’Etat français veut faire disparaitre, assassin de cette jeunesse que l’Etat français pousse toujours plus hors de l’île pour pouvoir travailler dignement.

Ce qu’il se passe en ce moment en Corse, c’est une démonstration par la jeunesse insulaire de la manière dont le prolétariat exprime sa rage et relève la tête face à l’Etat bourgeois et ses nombreux agents.

Nos pensées vont aux camarades Corses blessés, dont les 2 jeunes mineurs atteints de traumatisme crânien, envoyés à l’hôpital par les CRS après des tirs de LBD à la tête, et pour finir à la famille Benedetti.

È viva Corsica.