Ca y est ! Les présidentielles sont terminées et, sans surprise, Macron est réélu pour un deuxième mandat. Le rejet de sa personne et du second tour Macron-Le Pen attendu depuis 2017 ont été sans précédent. 16,6 millions d’électrices et d’électeurs ont rejeté le second tour sous la forme de l’abstention, du vote blanc ou du vote nul. Par rapport à il y a 5 ans, Macron a perdu 2 millions de voix au second tour, mais il a solidifié l’adhésion d’une large partie de la petite bourgeoisie à son projet (tout comme Le Pen dans une moindre mesure), ce qui lui permet des succès électoraux.
La réélection de Macron ne signifie pas une continuité absolue entre la période 2017-2022 et le quinquennat qui s’ouvre. En effet, Macron est un président de la crise : sorti du chapeau de la bourgeoisie après le mouvement de la Loi Travail et l’effondrement de Fillon, il a mené l’impérialisme français sur les sentiers de la guerre, des réformes anti-populaires, de l’inflation, du COVID, des lois sécuritaires et répressives face aux Gilets Jaunes, aux mouvements syndicaux opposés à sa réforme des retraites, aux masses en général etc. Il a, en 5 ans, détruit les deux partis historiques de la Vème République : la gauche et la droite. Il les a remplacés par un bloc qui n’a que lui pour cohérence. L’alliance de « partis » et micro-organisations sous l’égide de la « majorité présidentielle » sera soit consolidée sous sa direction unique à long terme, soit utilisée par tous les opportunistes pour le remplacer. Les 5 ans à venir ne seront pas simplement la suite du quinquennat précédent : ils seront un approfondissement de la crise.
Malgré les 41,5 % de Marine le Pen au second tour, l’impérialisme français a bel et bien encore besoin de Macron, son meilleur gestionnaire à l’heure actuelle. Il ne faut pas se leurrer : cette réélection face à Le Pen n’est pas une victoire contre le fascisme, loin s’en faut. Macron, c’est la hausse de la militarisation de l’État bourgeois et le renforcement des réactionnaires de tous les côtés : la nomination de Darmanin au ministère de l’Intérieur en est l’exemple le plus probant. Alors qu’il avait dit, en 2017, que plus personne n’aurait « de raison de voter pour l’extrême-droite » en 2022, on constate que les idées les plus réactionnaires se sont installées. La bourgeoisie française a encore besoin de Macron, 5 ans de plus, pour continuer la thérapie de choc, tenter de se frayer un chemin en Europe et paver la voie au fascisme.
Et quant à nous, de quoi avons-nous besoin ? Certainement pas de Macron, président des bourgeois, idole des petits bourgeois. Certainement pas de Le Pen non plus, l’héritière de Saint-Cloud qui a servi d’épouvantail à Macron depuis 2017. A gauche, l’alliance nouée veut nous séduire dans une nouvelle campagne électorale, celle des législatives. C’est un leurre : les appareils politiciens de la gauche se garantissent des sièges à l’Assemblée sur notre dos alors qu’ils savent pertinemment que leur réformisme couplé à un président Macron ne changera rien à la situation concrète. Il faut une fois encore boycotter cette mascarade. Non, notre salut ne viendra pas des élections, tout comme il n’est pas venu à ces présidentielles. Les années passent, et notre seule arme, la plus fiable, reste la lutte de classes, dont l’issue est le renversement de tout le système pourri dont Macron est à nouveau le représentant.