Turquie, 2022. Devant une boulangerie premier prix, des dizaines de personnes se massent en file d’attente pour obtenir du pain. La différence avec le pain traditionnel n’est que de quelques centimes, mais le coût de la vie a augmenté de plus de 50 % à Istanbul. Pour ces gens, c’est le seul moyen d’obtenir à manger. En Ukraine, avec la guerre, des files similaires existent. Et au Liban, au Niger, au Mali, au Chad ou au Burkina Faso, on se prive déjà de pain au blé à cause de l’augmentation rapide des prix. En France, des étudiant.e.s attendent aussi en ligne devant les banques alimentaires et les associations alertent sur le nombre de personnes pauvres. Les prix de toutes les denrées ont grimpé et nos courses coûtent plus cher que l’année passée.
Qui est le coupable de cette situation ? L’inflation, voilà la réponse régulièrement mise en avant par les politiques, les médias et les spécialistes. On peut la définir très simplement comme la montée générale des prix. Elle a toujours fait partie du paysage de l’économie capitaliste, mais dans les pays impérialistes comme la France, elle avait cessé de nous inquiéter depuis 30 ans. Mais voilà, cette année, avec la crise économique, son taux dépasse les 5 % en France, près de 10 % en Belgique, ou encore 8 % en Espagne. C’est le retour de la menace de l’inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat. Il n’y a donc pas de surprise que ce même pouvoir d’achat soit la préoccupation principale en France. Voilà pourquoi, dans ce numéro, nous allons expliquer pourquoi l’inflation touche les masses du monde entier à cause de la crise générale de l’impérialisme.
Mais en accusant l’inflation, on ne fait que la moitié du travail ! La hausse des prix, ce n’est pas une fatalité qui existe car il ne peut pas en être autrement : c’est un instrument économique de la bourgeoisie dans le marché pour maintenir ses profits et ne pas augmenter les salaires réels. Ce sont les larges masses qui encaissent le coût de l’inflation : à chaque fois que l’on achète son paquet de pâtes, son riz ou ses légumes ; pas la bourgeoisie. Là où nos petits livrets d’épargne (si on en a!) ne prennent que 0,5 % par an, les prix grimpent de 10 fois plus. Le SMIC se répand et les salaires qui étaient juste au dessus deviennent compressés par la montée des prix. Pour la bourgeoisie en revanche, les retours sur investissement de leurs portefeuilles financiers ne connaissent pas la crise.
En France, les hausses de prix ont déjà entraîné des manifestations et sont à l’origine d’une grande partie de la grogne récente. De nombreuses grèves ont lieu dans le pays pour demander des hausses de salaire. Dans cette lutte, qui n’est rien d’autre qu’une lutte de classes, il est évident que les prolétaires de tous les pays ne peuvent compter que sur eux-mêmes et aller de l’avant en exigeant que leur travail leur permette de vivre dignement. Cette revendication basique a entraîné les gens par milliers dans la voie révolutionnaire par le passé, il est temps de recommencer !