En économie, l’inflation est un sujet éminemment politique, et les théories se bousculent pour l’expliquer et la combattre. Qu’est-ce que l’inflation ? C’est la hausse générale des prix, c’est-à-dire une baisse de la valeur de l’argent. En deux mots : votre billet de 20€ permet d’acheter moins de choses aujourd’hui par rapport à hier.
D’où vient l’inflation ? La production ou la consommation ?
Dans les théories en vogue en économie bourgeoise, l’inflation est causée par les gouvernements qui « impriment » de la monnaie et inondent le marché avec, sans que de la valeur nouvelle soit crée. Pour expliquer l’inflation, on se concentre aussi sur la psychologie : on parle de « spirale inflationniste » ou de « panique monétaire » pour expliquer des montées « irrationnelles » de prix à cause des préférences des usagers.
Mais c’est prendre le problème à l’envers que de chercher la raison de l’inflation dans la monnaie elle-même. Ce n’est pas au moment de la consommation que l’inflation se joue, mais lors de la production.
L’inflation n’est donc pas un phénomène qui touche seulement l’argent, c’est une donnée de l’économie capitaliste actuelle. Dans cette économie, l’argent est une marchandise comme les autres, qui dispose de la spécificité de s’échanger contre toutes les autres. Elle est donc liée à toute la production. L’inflation représente donc la réaction à la production de valeur (qui aboutit aux salaires, donc au pouvoir d’achat d’un côté, et au profit de l’autre) et aux réserves de monnaie dans l’économie.
Prenons un exemple : nous vivons dans des économies très endettées. L’augmentation continuelle de la dette signifie que les banques qui prêtent créent de la monnaie pour permettre l’endettement. Si l’inflation était seulement une réaction monétaire à la quantité de monnaie, alors cela causerait immédiatement de l’inflation. Or, dans les années 90, l’inflation était très basse alors que la création monétaire augmentait et la dette aussi, en France comme aux États-Unis par exemple. Cela ne veut pas dire que la création monétaire n’a pas d’impact, mais que si elle n’est pas liée à un changement dans la production, alors elle ne permet pas d’expliquer le niveau d’inflation.
L’inflation est un symbole de la crise de l’impérialisme
Dans l’économie de l’impérialisme actuel, les chaînes de production sont longues et complexes. Tous les pays sont intégrés à des réseaux logistiques, et la circulation des marchandises (et donc de la monnaie) dépend d’optimisations constantes de la productivité sur des chaînes internationales. Par exemple, la valeur d’un t-shirt est optimisée en sélectionnant le pays où le coton permet le plus de profit, en le faisant tisser dans le pays où la main d’œuvre permet le plus de profit, avant de le faire transporter par bateau via le chemin qui permet le plus de profit… etc. Les variations dans la productivité entraînent des variations dans les salaires et le profit à tous les niveaux de la chaîne : combiné avec ce que nous avons dit plus haut sur le rôle de la monnaie, cela peut causer une augmentation de l’inflation.
La crise que nous connaissons est marquée par la crise économique des vieilles puissances impérialistes, incapables de maintenir leurs profits sans exploiter davantage. Tout cela dans un contexte de crise internationale (COVID) qui a stoppé le commerce et conduit à des « plans de sauvetage » coûtant des milliers de milliards de dollars, d’euros, de yen, de yuan… La suraccumulation de capital ces dernières années, et inversement la crise globale des chaînes de production et les pénuries (de composants électroniques par exemple), ou encore l’impact de l’invasion de l’Ukraine sur la production, ne peuvent que causer de l’inflation, pas seulement dans un ou deux pays, mais mondialement. Cette fois-ci, les pays impérialistes n’en sont pas protégés : c’est leur crise qu’ils paient eux-mêmes.
L’inflation est un symbole de la lutte de classes dans l’impérialisme, elle fait baisser notre pouvoir d’achat (donc nos salaires réels), maintient artificiellement la valeur du capital sous les autres formes que l’argent (actifs en bourse, stocks), et permet de justifier toutes les politiques économiques bourgeoises. Par exemple, c’est largement car l’inflation « doit » être maintenue à 2 % dans la théorie économique bourgeoise actuelle que les banques centrales, comme la Banque Centrale Européenne, agissent comme elles le font.
Sous le socialisme, l’inflation est éliminée par le contrôle des prix basé sur la planification de la production. Dans les expériences historiques du socialisme, en Russie ou en Chine, les nouveaux systèmes monétaires permettaient au pouvoir d’achat d’augmenter plutôt que de diminuer à cause d’une inflation incontrôlée. Le risque d’une dilapidation de la valeur de l’argent était totalement éliminé. A notre époque, où les prix sont si volatiles et où notre pouvoir d’achat fond, le socialisme est la seule solution durable pour résoudre le problème de l’inflation.