L’inflation que l’État français connaît actuellement est un phénomène mondial. L’impérialisme étant le stade suprême du capitalisme, arrivé à son point maximal de développement, il est mondial, et il en va de même pour les conséquences de ses contradictions. Ce fait est encore plus criant dans les pays opprimés par l’impérialisme, où l’inflation crée une situation dramatique pour les masses populaires.
Depuis la pandémie de la COVID-19, et le début de la guerre en Ukraine, le taux d’inflation n’a fait que grimper au cours des derniers mois, nous faisant passer d’un taux de 6,4 % en décembre 2021 à 9,2 % le mois dernier. Un taux d’inflation aussi élevé ne peut signifier qu’une précarisation accélérée des pays les plus pauvres. Ici comme ailleurs, l’inflation mondiale provoque une hausse générale du prix des denrées, en particulier alimentaires. Pour les masses populaires vivant dans des pays très dépendants des importations, cette situation issue de la crise de l’impérialisme ne peut être qu’une catastrophe.
Avec l’actuelle inflation, cette relation de dépendance a montrée son aboutissement logique : l’appauvrissement croissant, et la famine, d’une grande majorité de la population mondiale. La guerre en Ukraine, conséquence de l’état de concurrence perpétuelle dans lequel nous vivons, a fortement perturbée les exportations d’hydrocarbures provenant de Russie, ainsi que celles de blés, de fers et d’aciers provenant d’Ukraine, ressources dont ont particulièrement besoin les pays opprimés. A cela s’ajoute la pandémie, qui a paralysée de nombreux secteurs de l’économie capitaliste mondiale. En Afrique, comme en Asie ou en Amérique du Sud, le Tiers-Monde est secoué par de grandes manifestations des masses populaires contre la crise générale de l’impérialisme. En Iran, les masses sortent dans la rue depuis plusieurs semaines pour manifester contre la hausse des prix de l’alimentation. Certains aliments ont vu leur prix augmenter de 300 %, suivant la hausse générale dans tout le Moyen-Orient. La survie devient un combat de tous les instants. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les masses iraniennes protestent contre la gestion économique de leur État. Déjà en 2019, 1 500 personnes avaient été tuées lors de manifestations contre la hausse des prix du carburants, et le pays s’embourbe dans les sanctions, et les dettes, depuis déjà une décennie.
Au Sri Lanka, une grande crise politique a agitée le pays ces derniers mois, et ce pour les mêmes raisons. L’inflation sri-lankaise est brutale, le pays ne pouvant se passer de devises étrangères (monnaie) et d’importations provenant des pays étrangers. En crise majeure depuis l’année dernière, le mois de mars fut celui de l’embrasement dans le pays. La pénurie des produits de première nécessité est devenue générale, touchant aussi bien les produits médicaux que les produits alimentaires, ou d’hygiène. Excédées, les masses sri lankaises ne se sont pas laissées faire, et ont multipliées les coups de force contre le gouvernement du clan Rajapaksa, dénoncé comme incompétent. Bien que les premières manifestations aient été pacifiques, la réponse du gouvernement a été immédiatement violente, donnant l’autorisation à la police de tirer à balles réelles, tuant 5 personnes et faisant des centaines de blessés. Cela a pris la forme d’une véritable révolte contre le pouvoir en juillet, provoquant la fuite du président suite à de grandes émeutes.
En Mongolie, la situation est la même. Le pays ne peut survivre sans son intégration au marché mondial, et sans ses relations avec le social-impérialisme chinois. La Mongolie dépend, comme beaucoup de pays dominés, de ses ressources minières, qu’elle vend aux pays impérialistes, tandis qu’elle ne peut se passer d’acheter des produits manufacturés à ces mêmes pays (voitures, nourriture, produits chimiques, tabac, etc.). Là encore, la crise économique, durcie par la pandémie et par la guerre en Ukraine, a fait plonger le peuple mongol dans l’inflation, provoquant de grandes manifestations anti-gouvernementales.
La situation est la même en Argentine, ou encore au Soudan, face au nouveau gouvernement d’Abdel Fattah al-Burhane. Le Soudan, en tant qu’un des pays les plus pauvres du monde, se retrouve également dans une situation critique.
Cette série d’évènements montre toute la nature criminelle de l’impérialisme. Les pays opprimés ont, sous l’impérialisme, une grande dépendance en général vis-à-vis des pays les plus puissants (Etats-Unis, Chine, Allemagne, France, Russie, etc.). Cette dépendance s’explique par la grande concentration de richesses dans les pays impérialistes. Les pays impérialistes concentrent les plus grandes entreprises, contrôlent les marchés les plus vastes, et les plus rentables, ne laissant aux pays les plus pauvres que des places de seconde zone. De ce fait, le système capitaliste mondial se base sur une spécialisation à l’échelle globale du travail, où chaque pays se spécialise dans un type de production précis. C’est cette spécialisation qui place les pays les plus pauvres dans un cercle vicieux. Là où les pays impérialistes vont tirer leurs richesses de l’exportation de produits avec une forte valeur ajoutée (comme par exemple des machines ou des biens manufacturés complexes), les pays opprimés vont être limités à l’export de matières premières et de produits agricoles, donc des produits de faible valeur. Cette situation provoque un déséquilibre financier qui rend les importations plus chères que les exportations, coinçant les pays du Sud dans une situation de pauvreté permanente, mais qui profite à l’impérialisme, puisqu’il renforce une dépendance aux exportations étrangères.
Le problème est aussi interne. L’impérialisme bloque aussi le développement des pays opprimés par des voies politiques. Il maintient la domination d’une bourgeoisie compradore, c’est-à-dire une bourgeoisie qui tire toute sa domination du pays par sa soumission à un impérialisme extérieur. La direction de la bourgeoisie compradore empêche tout développement possible d’un pays dominé, car elle ne permet aucune souveraineté économique et politique. Dans les pays dominés, les tares de l’impérialisme sont deux fois plus visibles, et c’est une chose que l’inflation d’aujourd’hui nous prouve tous les jours.
Les masses populaires des pays opprimés font ce constat de plus en plus précisément. Le point commun de toutes les manifestations dont nous avons pu parler est qu’elles ne se limite jamais à une simple protestation contre l’inflation. L’inflation n’est qu’un reflet d’une politique plus large, et c’est une chose que les masses actuellement en lutte dans les périphéries de l’impérialisme ont su comprendre rapidement. En Iran comme au Soudan, en passant par le Sri Lanka, la population est révoltée contre des régimes corrompus, incompétents, basant leur domination sur leur allégeance à l’impérialisme au mépris des conditions de vie de leur peuple. Au Sri Lanka, les masses ont pu obtenir la démission de Rajapaksa, mais elles continuent de souffrir de l’absence de carburant et de la raréfaction des produits de première nécessité. En Iran, le peuple réclame le départ des mollahs du pouvoir, là où au Soudan, il réclame le départ de la junte militaire, complice du social-impérialisme chinois et de l’impérialisme russe. En Argentine, c’est la mainmise américaine sur les affaires du continent sud-américain qui exaspère la population. Les masses sont de plus en plus conscientes du problème bien plus profond qui aggrave davantage leurs conditions de vie, qui leur empêche de se nourrir convenablement, de se soigner et de vivre dans la dignité.
Nous le savons, les pays opprimés sont à l’avant-garde de la lutte contre l’impérialisme. Ce sont ces pays qui endurent les aspects les plus pervers et les plus révoltants de ce système, et leur soulèvement en dit long sur la nature de notre époque. Nous devons nous garder du défaitisme et du pessimisme. Le vieil ordre dans lequel nous vivons est entrain de changer. Dans le feu des contradictions de l’impérialisme, qui ne peut nous mener qu’à la guerre et à la famine, les peuples du monde entier sont en train de chercher une porte de sortie, et acquièrent une conscience d’eux-mêmes de plus en plus affûtée.
Il est notre priorité en tant que communistes de reformer un front mondial des peuples révolutionnaires, afin de lier les intérêts du prolétariat des pays opprimés et ceux des pays impérialistes. Sans cette solidarité internationale, rien n’est possible. Notre époque avance vers l’éclatement des contradictions du capitalisme, ainsi que vers l’unité du prolétariat international.
Saisissons notre chance : feu sur l’impérialisme et ses valets ! Joignons-nous au combat des masses du Tiers-Monde !