Le secteur de l’énergie est en grève, le gouvernement tremble !

Depuis quelques semaines, les raffineries sont rentrées dans l’actualité. Tout le monde a vu des images de tensions et des files d’attentes dans les stations essences. Ce que nous retenons encore plus sont les piquets de grève déterminés devant les raffineries, qui ne sont pas sans rappeler les grèves massives qu’a connu le Royaume-Uni récemment. Dans cette situation de désorganisation du mouvement social, le gouvernement tente bien sûr de tirer son épingle du jeu en remettant la faute sur les grévistes de Total et d’Exxon Mobil, dans une vaine tentative d’opposer les grévistes au peuple, et prétendant par la même d’agir pour ce dernier. Aujourd’hui toutes les raffineries de Total Énergies sont en grève, comme de nombreux autres secteurs de l’énergie partout en France, et la grève menace de s’élargir au secteur du rail, autre point stratégique de la lutte des classes.

Après les annonces du gouvernement et de la première ministre Elisabeth Borne, les premières réquisitions sont tombées à la raffinerie Exxon de Gravenchon-Port-Jérôme. Cette réquisition a eu pour seule conséquence d’élargir la grève, car la classe sait rendre coup pour coup. Cette lutte et la réaction gouvernementale doivent être étudiées et nous devons y intervenir, car la pétrochimie est un des piliers de l’impérialisme français, avec le rail, et l’énergie en général. Comme tous ces secteurs, la pétrochimie est attaquée de manière extrêmement violente. Or la CGT, et particulièrement sa frange « dure », est particulièrement implantée dans de grands secteurs qui étaient « protégés », où il fallait absolument maintenir la paix sociale. Mais nous changeons de période, la situation mondiale s’accélère et les multiples luttes des raffineurs depuis la loi Travail en 2016 en sont la preuve. Le développement et l’intensification de la lutte des classes dans le secteur pétrolier, qui est au cœur de la grande crise de l’impérialisme, est un élément clef pour l’avenir.

Comme le dit un délégué CGT de la raffinerie de Grandpuits, Adrien Cornet : « je suis ici pour ne pas être au SMIC, dans la précarité ». Il est vrai que les salaires sont au-dessus du SMIC ; comme d’ailleurs dans de nombreuses entreprises au système en 5*8 avec une pénibilité forte, mais loin des 5 000 euros fantasmés et mis en avant de façon mensongère par les médias bourgeois. Avec leurs salaires « corrects », (ou tout du moins au-dessus du SMIC, environ 2200 euros), et ce de moins en moins avec l’inflation galopante, lors des luttes, les travailleurs de la SNCF, d’EDF, des raffineries, sont souvent perçus comme des « privilégiés », même si leurs conquis sociaux fondent comme neige au soleil. Pour autant, dans une situation tendue à propos des salaires, cette lutte exemplaire fait de plus en plus l’unanimité dans le prolétariat et les masses laborieuses, qui, sans organisation, sans direction politique, doit s’en sortir au jour le jour, avec les problèmes d’essence et la pression du patron. Bien qu’une partie de la population française soit opposé à cette grève, cette partie est de moins en moins importante au fils des années, dû au fait de la précarisation grandissante d’une majorité de français et de françaises et de la conscience de classe qui tend à se redévelopper de plus en plus intensément.

Nous pouvons déjà tirer deux enseignements majeurs de cette lutte : d’abord, l’immense combativité d’une partie de la classe et du prolétariat, prête à s’attirer les foudres de l’Etat bourgeois, le même Etat qui a convoqué ses services spéciaux de la DGSI pour interpeller des électriciens chez eux comme des terroristes, pour des faits de grève et de contestation. Lorsque l’Etat a menacé de réquisitionner, la grève s’est étendue ! Dans les masses, une part importante des travailleurs et des travailleuses, par haine de classe, par haine du gouvernement Macron et de la bourgeoisie, soutient la juste lutte des travailleurs des raffineries, même si le quotidien en devient invivable avec des heures à attendre, des bagarres aux stations-services, etc.

Le second enseignement, c’est que nous devons aussi critiquer la ligne de la CGT, qui ne cherche pas à s’unir aux masses autant qu’elle le devrait et à unir tous les secteurs combattifs des travailleurs. Nous pouvons être syndiqués, « faute de mieux », et pour agir localement et s’unir avec les travailleurs présents et ainsi matérialiser un réel rapport de force face aux patrons. Toutefois, il faut prendre conscience que nous ne pourrons pas « déborder la CGT sur sa gauche », comme le prétendent à tort les trotskystes, par peur de la Révolution, qui se fera nécessairement les armes à la main, et loin des scrutins de vote présidentiels. La ligne de la CGT au niveau national est verrouillée, par ses permanents issus des secteurs protégés, qui tiennent une ligne sociale-chauvine, une ligne sociale-démocrate par le légalisme, par les liens avec l’Etat bourgeois. La ligne avancée par le syndicat au niveau national n’est pas claire. Dans les faits, les masses sont à l’offensive puisque toute la production est bloquée ; toutefois, la CGT se défend de ne faire « que des blocages symboliques », de ne « pas avoir le choix », « d’attendre les négociations », au lieu d’assumer que ce que les ouvriers veulent, ils doivent le prendre par la force. Nous devons donc nous unir avec les bases syndicales combattives et critiquer les directions. Il ne faut pas tomber dans le piège du rejet total de la CGT ou des syndicats de travailleurs, qui servirait objectivement la bourgeoisie.

Le déclassement des travailleurs de l’aristocratie ouvrière, les puissantes luttes qui en sont le fruit, la fierté du travail et la conscience de classe de ces travailleurs peuvent, bien sûr, être le terreau propice à tous les discours sociaux-chauvins, nostalgique de la France puissante et impérialiste, et même perméable au nationalisme ; c’est d’ailleurs le discours d’un certain nombre de militants CGT de l’Energie, de la Pétrochimie… Mais la lutte des raffineurs et les luttes des anciens services dit « publics » qui étaient des luttes corporatistes de défense des avantages gagnés dans le cadre de l’impérialisme deviennent un front des luttes contre le déclassement général, contre la baisse du niveau de vie de la classe ouvrière en France, de la lutte contre la vie chère, contre la politique capitaliste de la bourgeoisie. Ceci est le principal. Nous devons donc évidemment soutenir, du plus fort que nous pouvons, la lutte des travailleurs du pétrole, des ouvriers et des travailleurs qui se battent pour conserver leur niveau de vie. Nous devons rappeler qu’une grève générale des routiers, des cheminots, dans les supermarchés, causerait aussi de gros dommages quotidiens au reste de la population ; et que la solidarité de classe est notre arme, que, même au-dessus du SMIC, un ouvrier qui lutte est bien entendue du bon côté de la barricade ; enfin, que chaque lutte massive peut être une étincelle qui met le feu à toute la plaine. Nous devons, nous, assumer que la classe ouvrière doit prendre par la force ce qui lui revient de droit. Nous sommes contre une division de la classe entre les smicards et les autres. Nous ne cherchons pas à tirer la situation économique et à la niveler vers le bas. Nous voulons au contraire tirer vers le haut, mobiliser politiser et organiser notre classe et le prolétariat pour que cesse le vol de notre travail et récupérer le contrôle sur nos usines et nos lieux de production. En bref, quand la réaction cherche à briser la classe, que la social-démocratie et les opportunistes veut la contrôler pour son profit électoraliste personnel, nous cherchons à unir notre classe, le prolétariat de France pour balayer le système capitalisme bourgeois et instaurer une société ou les travailleurs et travailleuses sont au pouvoir. Il est temps d’exproprier les expropriateurs !