France : la droite et l’extrême-droite renouvellent leurs appareils

« Il faut que tout change pour que rien ne change ! ». Ce fameux dicton conservateur, paradoxal, décrit bien ce qu’il se passe en se moment du côté de la droite de la politique bourgeoise.

Au Rassemblement National (FN/RN), le congrès a sacré Jordan Bardella, le jeune loup lié corps et âme à la famille Le Pen et de plus en plus présent sur les plateaux télés. Son aura de « jeune cadre » en costume ne peut pas masquer ses proximités avec le groupe des anciens du GUD, le groupe fasciste, ainsi que ses soutiens au député Grégoire de Fournas, expulsé de l’Assemblée Nationale 15 jours pour son racisme, un de ses proches. Oui mais voilà, Bardella, ce n’est pas Le Pen ! Une simple histoire de nom, un tour de passe-passe qui ne change rien à la ligne politique, et voilà le RN présentable et débarrassé de l’embarrassant nom « Le Pen » ! Marine Le Pen se concentrera désormais sur la politique, la stratégie, et Bardella quant à lui prend l’appareil du parti, afin de parader dans les médias, voilà l’idée. Déjà, les partisans de la ligne soi-disant « sociale » du RN se font évincer par la nouvelle direction.

Quant aux Républicains (LR), ils ont, hasard du calendrier, leur congrès en décembre. Lors de celui-ci, une nouvelle direction doit être élue, à laquelle plusieurs candidats sont en lice. Eric Ciotti, élu très à droite du sud, qui avait soutenu à demi-mot Zemmour, semble parmi les plus populaires des 3 candidats. Un sondage le figaro le donne à 59 % de « bonnes opinions » parmi les sympathisants LR, contre 45 % pour son concurrent Bruno Retailleau. Pourquoi cela est-il important ? Car Ciotti, s’il est élu, a déjà annoncé qu’il soutiendrait Laurent Wauquiez pour 2027. Wauquiez est depuis longtemps la « droite de la droite », un élu corrompu (dîners à 100 000€ d’argent public), qui prépare depuis 15 ans le « carrefour des droites », où l’union pourrait se faire avec le RN. Avec un Ciotti proche de Zemmour et un Wauquiez partisan d’un durcissement encore plus fort des Républicains, quelle sera la différence entre LR et le RN d’ici quelques années ? Et le Figaro révèle que la majorité des sympathisants LR et RN seraient favorables à une telle alliance !

Ce mouvement à droite, amorcé depuis des années, que Zemmour n’a pas réussi à réaliser tout seul (malgré des ralliements de cadres du RN et de LR à Reconquête), est un mouvement de fond. Il montre que la politique bourgeoise ne peut pas se renouveler : Macron a mangé LR, maintenant LR cherche à manger le RN, le RN à manger LR, et Macron à finir son assiette avec la frange « centriste » de la droite traditionnelle. L’effondrement de LR aux dernières élections n’est pas une victoire populaire, même si la tête de Valérie Pécresse après sa défaite cuisante nous a bien fait rire ! C’est le remplacement (temporaire ou durable) d’un appareil de la bourgeoisie par un autre. Le rôle d’une telle union des droites serait d’aller challenger le successeur de Macron (et Macron lui-même en arrière plan). Mais comme le pantin Zemmour l’a montré, il est bien dur, dans un régime où la figure du président a tant de poids, d’émerger comme figure incontestée à droite. Ironie du sort : une telle figure existe bel et bien pour le moment pour la bourgeoisie française, et son nom est Emmanuel Macron.

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