« On marche pour un, on marche pour tous ! », un des slogans entendus samedi 3 décembre dans le quartier de Maurepas à Rennes. Comme chaque année début décembre s’est tenue la marche commémorative pour Babacar Gueye, assassiné par la police dans la nuit du 2 au 3 décembre 2015, ainsi que pour les autres victimes de violences policières. A l’origine de ce rassemblement on trouve Awa Gueye, la sœur de Babacar, et les familles des nombreuses victimes de la police. Chaque année alors que la liste des victimes s’allonge, le silence face aux demandes des familles se fait plus retentissant, on n’entend plus alors que les slogans : « JUSTICE POUR BABACAR! » ; « FLICS, VIOLEURS, ASSASSINS! »
Comment un homme peut-il être tué par la police quand ce sont les pompiers qui sont appelés au secours ? Comment une société peut-elle exister quand on en tue ses membres les plus fragiles et vulnérables ?
Babacar était sénégalais et il n’avait pas ses papiers. Des personnes sans papiers qui meurent en se jetant par la fenêtre pour fuir la police, qui n’en a jamais entendu parler? Les policiers, Babacar les connaissait, car dans ce monde où la police peut tuer en toute impunité, les sans-papiers sont aussi traqués.
Cette nuit du 2 au 3 décembre 2015, Babacar angoissait. Il angoissait et ce sont les policiers qu’il a vus. Comment aurait-il pu se calmer?
Ils lui ont tiré dessus au taser, mais le taser n’a pas marché. Il lui ont crié de lâcher son petit couteau de table qu’il utilisait peu de temps avant pour se scarifier l’abdomen. Mais encore fallait-il qu’il comprenne ce qui était en train de se passer.
Il faisait nuit et ils étaient 8, 4 de la BAC et 4 de la police nationale. Ils ne l’ont pas aidé et ils l’ont tué. Les pompiers ne sont pas intervenus, ils n’en ont pas eu le temps car il avait déjà reçu une puis quatre balles dans le corps. Deux mortelles.
Une fois de plus, les policiers ont fait corps. Ils ont plaidé la légitime défense, leur seule défense face à ce crime ignoble. Comment en aurait-il pu être autrement dans cette longue série de crimes racistes et psychophobes?
Puis ils ont porté plainte contre lui pour tentative de meurtre. Des histoires horribles comme celle de Babacar, il y a en a des dizaines.
Babacar agonisait dans la cage d’escalier et ils l’ont menotté. Laissé sur le sol un temps qu’on ne connaît pas. Une demi-heure, une heure, peut-être deux. Nous ne savons pas car nous n’y étions pas, mais leurs histoires on les connaît, et on n’y croit pas.
Il était seul et il avait peur, personne de ceux qu’il aimait n’était là pour l’accompagner dans son dernier souffle.
C’était à Maurepas à Rennes à 4h du matin, quand tout le monde était endormi.