Le Ministère de la Justice a annoncé, le 26 décembre (beau cadeau de Noël!) qu’il y avait 72 836 personnes en prison. C’est le record pour la France, toute années confondues. Même à la Libération, quand les collabos ont été arrêtés, on parvenait à peine à 60 000.
Comment en est-on arrivé là ? Depuis 1980, dans le cadre de la crise de l’impérialisme, la France s’est mise à emprisonner toujours plus. Le nombre de prisonniers a plus que doublé, il était à peine la moitié il y a 40 ans, alors que la population française depuis n’a augmenté que de 10 millions.
Le pire, c’est si l’on rajoute les autres formes de contrôle judiciaire : les CRA (Centre de Rétention Administratives), qui voient passer 50 000 étrangers arrêtés pour un oui ou pour un nom (le contrôle de flics « malheureux » en rentrant du travail) alors qu’il n’y a que 2 000 places ; les personnes condamnées « hors des murs » avec des technologies qui n’existaient pas auparavant : bracelets électroniques etc. En tout et pour tout, majeurs et mineurs, on monte à 280 000 personnes par an, soit 10 fois les nombres d’il y a 40 ans. 1/4 de ces gens ne sont même pas condamnés.
En tout et pour tout, 0,5 % de la population française est, à tout moment, sous une peine d’emprisonnement plus ou moins appliquée par la justice. On est loin du laxisme ! Et sur des chiffres jamais vus ! La France peut admirer les États-Unis, et leur système de prisons esclavagistes, qui concentre 20 % des prisonniers du monde. Eux aussi voient une augmentation notable à partir de 1980.
Alors à qui la faute ? Est-ce que Darmanin qui disait que la société « s’ensauvageait » avait raison ? Loin de là ! C’est le discours de la bourgeoisie, qui permet de nier l’évidence : l’État français, pour maintenir sa domination, pour diviser le peuple, pour traiter les questions sociales, préfère réprimer, judiciariser, condamner à tour de bras. Il préfère enfermer, de plus en plus, briser des vies, alors que la justice bourgeoise reste aussi injuste pour la majorité du peuple et laisse passer des crimes infâmes. Ce triste record de prisonnier en dit beaucoup sur la bourgeoisie et son système en crise.