L’Inde est un des pays où le mouvement communiste est le plus vivace, et où la lutte des classes prend une forme des plus combattantes. Depuis l’indépendance du pays de l’Empire britannique, celui-ci reste bloqué dans un mode de production arriéré, donnant une grande importance aux propriétaires terriens et aux anciennes coutumes, dont nous avons l’habitude d’entendre parler tant elle prend une manifestation violente pour les paysans et ouvriers du pays, mais aussi en particulier pour les femmes indiennes et la minorité musulmane. Le pays subi l’influence des puissances étrangères par le biais de grands groupes, alliés aux castes dirigeantes et aux propriétaires terriens, c’est en cela que l’on affirme que l’Inde est aujourd’hui un pays opprimé par l’impérialisme, avec la complicité de ses dirigeants successifs.
Le mouvement révolutionnaire indien naît dans le Nord-Est et l’est du pays, avec le soulèvement paysan de Naxalbari, dans le Bengale occidental, en 1967. La même année, en octobre, deux sympathisants communistes sont tués par des propriétaires terriens, dans le district de Srikakulam, sur la côte est. Cet acte criminel provoque alors un nouveau soulèvement des masses paysannes locales. Les crimes dirigés contre le peuple sont trop nombreux, la situation d’oppression est trop grande, les masses indiennes révoltées ne vont donc pas se contenter de protester, mais vont engager une lutte prolongée pour leur émancipation complète : la grande révolte de Naxalbari a lancé en Inde une Guerre du peuple qui se poursuit toujours aujourd’hui, dirigée contre les propriétaires terriens et les intérêts impérialistes étrangers, avec une ambition, que le peuple dirige tout.
La direction de cette révolution en cours est assumée par le Parti Communiste d’Inde (maoïste) et sa branche armée, la PLGA (Armée Populaire de Guérilla et de Libération). Il mène ce que l’on appelle une Guerre populaire prolongée (GPP), aux principes militaires simples, formulés par le président Mao : Attaquer l’État là ou il est faible et où les masses opprimées vivent (ici dans les campagnes), y établir un contre-pouvoir assumé par les masses, et s’étendre jusqu’à égaler les forces de l’ennemi, puis attaquer les centres des positions adverses (ici les grandes villes) lorsque l’on est militairement plus forts. En Inde, le plan du Parti Communiste consiste à s’assurer le contrôle d’un grand axe allant du nord-est du pays, au sud-ouest, où vivent l’essentiel des populations de paysans pauvres, pour ensuite s’étendre : c’est ce que l’on appelle le « Corridor rouge », qui est depuis plus de 50 ans le centre des opérations de guérilla des révolutionnaires.
En plus des populations paysannes et travailleuses, le mouvement révolutionnaire s’attache à organiser l’ensemble des couches opprimées et marginalisées, comme les « dalits » (intouchables), ou appartenant à de basses castes. Le système de castes indien, bien qu’officiellement abolit, perdure, et dicte le destin de millions de personnes condamnées à une position préjudiciable dans la société indienne, dont les intouchables (des « hors castes ») sont les plus méprisés, cantonnés à des travaux « impurs », dont le nettoyage des excréments. La question des minorités religieuses et particulièrement des populations musulmanes est aussi particulièrement mise en avant, victimes de véritables pogroms et autres violences racistes régulières, encouragées par le parti suprémaciste indu au pouvoir. Dernièrement, le Parti communiste dénonçait l’interdiction fasciste du « Front populaire d’Inde » (organisation musulmane) et de 8 de ses organisations affiliées.
Pour contrer les oppositions en général et la Guerre populaire en particulier, l’État ultra-réactionnaire indien a mis en place une série de plans génocidaires, qui visent les opposants et les masses, avec des moyens toujours plus grands, et l’aide financière et militaire des puissances impérialistes. La « Plus grande démocratie du monde » persécute les militants politiques, les emprisonne dans des simulacres de justice, assassine les révolutionnaires. En plus des armes, les réactionnaires utilisent des « programmes médicaux » ou des camps de réfugiés qui camouflent des stérilisations forcées des femmes (4 millions de personnes ont été stérilisées entre 2013 et 2014 en Inde, dont 3,9 millions de femmes). Après l’opération « Green Hunt » (2009), désignant les communistes comme plus grande menace pour la sécurité du pays et officialisant la création de milices armées de contre-insurrection, le gouvernement lance en 2021 l’opération « Prahar-3 », basée sur une modernisation de l’armement.
Si la Guerre populaire a connu de nombreux revers tactiques et de lourdes pertes dans ces opérations criminelles, elle a toujours su s’en relever et se redéployer. Dernièrement, notamment dans sa campagne à destination des nationalités opprimées, les révolutionnaires ont développé la lutte aux côtés du Mouvement Pathalgadis, lancé par des tribus autochtones du district de Khunti, au nord-est de l’Inde, pour le droit de s’auto-gouverner sur leurs terres et appelant au boycott des élections générales. Plus généralement, les populations minoritaires considérées comme « autochtones » en Inde (les adivasis) sont aussi un vivier d’organisation et de combat pour la guérilla, représentant moins de 10 % de la population indienne, vivant surtout dans les zones centrales du pays. Dans les années 2010, ce serait environ 350 000 Adivasis de l’État de Chhattisgarh (zone centrale, où la guérilla est très développée) qui ont vécu les pillages et incendies de villages, avant d’être déportés dans les camps de concentration des militaires indiens et des paramilitaires de la Salwa Judum (milice interinstitutionnelle). Le combat pour les droits des populations autochtones rejoint ici le combat pour la terre, l’État avançant armé dans la spoliation des ressources, main dans la main avec les grands groupes. La Guerre populaire est ici une réponse concrète : une affirmation du droit à la vie face à la barbarie impérialiste.
Salutations du Brésil! cette carte est-elle actuelle ? quelles sont les régions contrôlées par les maoïstes d’août?